vous écoutez quoi à l\'instant

beat4less a écrit:

T'es insensible à ça : "The Happening"?

1ère écoute: stoïcisme.
2ème écoute: bonne chanson, faut admettre.
Très bonne chanson.
Écoutes suivantes: soit, c'est assez la classe.

[Attention: propos d'un ignare profond ès indie rock, et que ravirait l'avis de connaisseurs avertis.]
Et un échafaudage théorique, un.
En fait, le problème avec les Pixies, du talent desquels on ne doute pas (et nul doute que, à dix huit ans de distance, l'écoute d'un de leur disques ne le confirme), c'est leur importance historique même.
Dans ce chouette truc "The Happening", j'arrive quand même pas à ne pas entendre toute la vague d'horreurs qui s'apprêtent à déferler, en gros de 88 à 98 sur la grosse majorité de la production rock: rythmiques guindées et horriblement pesantes, alternance mécanique de maçonnage saturé et de couplets narcotiques propices à la grungerie glauque du teenager postmoderne paumé dans son angoisse urbaine existentielle, et surtout, surtout, une musique blanchie, nettoyé de tout passé, où l'on n'entend plus trace de souingue, de grouve, de nervosité.
Concrètement, à travers ce titre, j'entends déjà sonner Nirvana, les premiers Radiohead, mais même Offspring, Nickelback, et toute la lourdeur des enregistrements 90's (oui désolé, cette énumération, c'est encore de la provoque gratuite, mais pur ressenti personnel). Comment me faire comprendre?... Vous savez bien, ce genre de groupes qu'on entend dans les génériques de séries américaines, du genre à jouer au club du Bronze dans Buffy contre les Vampires.
Les Pixies, et c'est certes leur gloire, ont marqué un nouvel alpha historique: ils ont inventé un poncif (marque du génie selon Baudelaire). Leur formule, popularisée si on ne s'abuse, par Cobain, grand épigone, est tellement forte qu'avec eux se lève une génération qui n'a pas eu besoin d'écouter le beat, le rockab', le blues, la soul, rien en fait. La barbarie, la déroute, la décadence en somme, les jeunes ne s'agenouillant plus trois fois par jour à l'écoute de Summertime Blues, Carol ou In the Midnight hour.

Bon, c'est une théorie simplificatrice, hein, bien sûr ils ne sont pas seuls à avoir créé un style, bien sûr ils ne viennent pas de nulle part et on entend du surf sur Bossanova... Une question d'ailleurs qui me taraude: quelle a été la formation musicale de Franck Black? Si quelqu'un pouvait me renseigner, franchement je suis curieux.


Pendant ce temps, Bossanova est à moitié passé, et à première vue désolé Beat, non apparemment pas poss'. (Tiens, la suite sonne mieux...?)
Merci quand même à Jack White et à ces chouettes poseurs de Strokes d'avoir nettoyé le terrain, et à Mick Collins, Margaret D. Roll ou John Spencer d'avoir maintenu le flambeau pendant que personne n'avait rien à cirer de leur musique durant des années.

Rhâââ, ça fait du bien de se décrasser le bulbe après une journée d'indie pour l'intérêt scientifique.

Et puisque depuis longtemps ZIGGy n'a pas posté de vidéo nawak, je case en toute impudence la reprise mythologique et lyrique de "Diamond and Rust" de Joan Baez, où l'organe cristallin du grand Rob en cuir (ou l'effet secondaire d'un membre perpétuellement coincé dans sa fermeture éclair, allez savoir) n'a pas de peine à surclasser et renvoyer illico aux oubliettes de l'histoire les vocalises maniérées de l'égérie pénible et confite de pharisianisme des folkeux intégristes.