Les albums que vous haïssez de groupes que vous aimez

Si fallait pas mettre Pet Sounds pour deux chansons, tu mets pas Lola non plus pour Strangers, Lola, Apeman, etc.
Parachute tu l'aimeras pas, la guitare notamment te fera pousser des cris d'orfraie.
(sinon petite précision : le Cronin j'ai fini par l'aimer, hein, comme prévu, c'était inévitable, et son concert de Binic est dans mon top 5 de l'année, j'avais vraiment adoré)

MC5 m'a tuer a écrit:

Si fallait pas mettre Pet Sounds pour deux chansons, tu mets pas Lola non plus pour Strangers, Lola, Apeman, etc.

Cohérent.

Peter Mermoz Steinhauser a écrit:

MC5 m'a tuer a écrit:

Si fallait pas mettre Pet Sounds pour deux chansons, tu mets pas Lola non plus pour Strangers, Lola, Apeman, etc.

Cohérent.

This time tomorrow.... Ah...

Sinon, Trout Mask Replica... C'est carrément hors catégorie dans l'horreur.

En ce qui concerne les Stones, il n'est pas évident de décerner une palme.
Il est vrai qu'ils sont roublards: même dans leurs opus les moins pardonnables, ils glissent des trucs bizarres, louches, moches, mais pas banals, où s'entend un lointain écho de ce qu'on aime chez eux. C'est ainsi que même dans des machins à la Tatoo You ou le très incompris quoique moyennement concluant* Emotional Rescue, on se prend, à de certaines heures interlopes où la conscience morale baisse la garde, à s'intéresser ou se captiver l'ombre d'un instant.

En revanche, et si l'on met de côté tout ce qui s'est passé à partir d'Undercover (évidemment hors-concours), la palme de l'infect n'est pas évident à départager entre l'ennui insondable distillé par Goat Head Soup - allégorie du manque d'inspiration et de la vapeur de coke pour millionnaires en goguette jamaïcaine, et d'autre part Black and Blue, tellement laid que je n'ai jamais réussi à aller jusqu'au bout.



*On espère que les bons esprits et les lettrés vigilants qui nous lisent auront à cœur de se délecter de ce magnifique spécimen de litote.

Emotions est superbe.
Tout est bon, voire parfait, dans les Pretty Things au moins jusqu'à Parachute inclus (qui dénote des baisses de régime momentanées).



Quant à Troust Mask Replica, c'est une imparable collection de tubes pop tellement accrocheurs que ça en vire au putassier. (Des tubes pour une autre planète si l'on veut, mais tubes quand même.)

Yves Guillotines a écrit:

mais je ne les hais point (ce n'est pas une litote)

Profitons-en pour remettre quelques pendules à l'heure en toute cuistrerie.
Quand Chimène déclare à Rodrigue "Va, je ne te hais point" (Le Cid, III, 4, v.92 dans la version tragicomique de 1637), ce n'est pas non plus, contrairement à ce qu'un vain peuple d'enseignants pense et professe, une litote.

L'interprétation litotique consacrée par la tradition scolaire signifierait: "Va, je t'aime passionnément"; ce qui n'est certes pas inconcevable, et parait même conforme à la situation et au propos de la magnifique amante cornélienne.
Mais si l'on replace cette phrase dans son contexte conversationnel, on s'aperçoit qu'en réalité le propos porte sur autre chose:
"Va, je ne te hais point.
-Tu le dois.
-Je ne puis."
Le débat porte non sur l'établissement du fait passionnel, mais sur la modalité déontique qui échoit à Chimène: en tant que fille du Comte assassiné, la féodale loi du sang l'appelle à la vengeance, c'est Rodrigue même qui l'invite à lui rappeler ce devoir aristocratique sacré et offre à Mademoiselle de l'estourbir sur place et sans délai.
Autrement dit, quand Chimène déclare "je ne te hais point", c'est bel et bien un simple constat, l'énoncé d'un état de fait, en l'absence de tout sous-entendu à visée amplificatoire. Elle ne recherche pas à émouvoir son héroïque interlocuteur de façon pragmatique par une évocation d'autant plus vibrante qu'implicite de l'étendue de sa passion (ce qui serait une interprétation romantique toute anachronique du personnage). Au contraire, elle constate tout uniment l'impossibilité de haïr celui qu'elle devrait tenir pour son ennemi; et, en bonne héroïne cornélienne, elle le constate pour s'en désoler. (On remarque d'ailleurs que Rodrigue ne se fait pas faute de la rappeler à l'ordre.) Elle ne déclare pas son amour, elle souffre d'une disjonction intime entre les exigences de sa "gloire" et celles des passions (au sens XVIIèmiste de état affectifs ressentis) de son âme.

Pour résumer, "Va, je ne te hais point", signifie que Chimène ne peut pas haïr Rodrigue - c'est tout.

En vous remerciant de votre aimable attention.

Je vais pouvoir me la péter au prochain repas de famille: au moment de la belote/coinche, y en a toujours un pour dire "Rodrigue, as-tu coeur?" / "Non, j'ai du carreau.".

MC5 m'a tuer a écrit:

Si fallait pas mettre Pet Sounds pour deux chansons, tu mets pas Lola non plus pour Strangers, Lola, Apeman, etc.
Parachute tu l'aimeras pas, la guitare notamment te fera pousser des cris d'orfraie.
(sinon petite précision : le Cronin j'ai fini par l'aimer, hein, comme prévu, c'était inévitable, et son concert de Binic est dans mon top 5 de l'année, j'avais vraiment adoré)

La logique est plutôt :

Si on met Pet Sounds malgré God Only Knows et Would'nt it be Nice qui valent chacune dix Lola, je vais pas me gêner pour mettre l'album des Kinks qui la contient.

Strangers, les vocalises de Ray Davies sont insupportables. Lorsque le piano apparaît, une dimension quasi-grotesque entre en scène avec lui, elle est désormais tout à fait complète une fois l'orgue arrivé. Pourquoi pas des chœurs pendant qu'on y est ? Cette chanson est une collection de clichés.

Apeman, Ray Davis s'étrangle en chantant, là encore on a droit à un vieux piano bien plan-plan. On peut apprécier la niaiserie des chansons pop des années 60, mais celles des années 70 est criarde et dénuée d'élégance.

Lola, tout le monde connaît cette chanson, j'ai vu des babas cool qui kiffaient trio etc. s'extasier dessus, et quelque part ça ne m'étonne pas. Lo-lo-lo-looo-la. Que c'est agaçant. Les gammes pseudo-country de la guitare grassouillette qui meuble ce qu'elle peut ne valent pas mieux que les chœurs façon foule : tout ça est pataud. Dans cette chanson on essaie de produire une sorte de contraste entre des couplets fins et des refrains puissants, résultat les refrains sont lourdingues et les couplets sont mièvres.

This Time Tomorrow, il manque un banjo là dessus, on a l'orgue, le piano, la guitare acoustique, des chœurs à rendre jaloux les enfoirés, des bruitages, mais il manque un banjo...

Sinon c'était très intéressant, cette explication du Cid.

En tout cas je n'ai pas hâte de rencontrer les extra-terrestres pour qui les «tubes pop pour une autre planète» de Trout Mask Replica ont été composés, je suis sûr qu'ils mangent des enfants, crus.

Béroalde De Fuzz a écrit:

Omsk a écrit:

Je vais me retrouver seul sur ce coup-là

Non non.

Hélas !

hug0 a écrit:

Un topic qui colle à l'actualité



Je sais pas si je le déteste, en tout cas j'arrive jamais au bout et j'ai plus envie d'en entendre parler, sinon le Smith Westerns, ouais sacrée déception mais on le voyait venir...

Désolé mais pour les Arctic Monkeys aussi, depuis Humburg même, à partir de ce disque c'est allé en gradation ascendante dans le mauvais goût. Des connaissances que je classerais dans la catégorie ont des goûts de chiottes si j'étais mesquin (et la prétérition* fait de moi quelqu'un de mesquin) commencent même à poster telle ou telle chanson de ce dernier disque avec des commentaires laudatifs sincères à l'appui.
C'est un signe de putréfaction manifeste, avant cela, ces charognards ne s'étaient probablement jamais intéressés à cette viande maintenant périmée.

* Est-ce une prétérition Béro ?

Béroalde De Fuzz a écrit:

quand Chimène déclare "je ne te hais point", c'est bel et bien un simple constat, l'énoncé d'un état de fait, en l'absence de tout sous-entendu à visée amplificatoire.

Magnifique, monsieur Béro. Pardonne mon engourdissement intellectuel mais quand elle cause des "feux si beaux qui troublent ma colère", elle exprime quand même clairement sa flamme, non ?

Guic' the old a écrit:

Sinon, Trout Mask Replica... C'est carrément hors catégorie dans l'horreur.

Troust Mask Replica heurte la sensiblité auditive, certes. ça a probablement été fait pour ça ? C'est un peu comme un tableau cubiste, ça déstabilise et ça interroge le regard mais ça n'en est est pas moins une œuvre d'art. Je ne suis pas musicologue et je suis incapable d'analyser précisément ces morceaux mais c'est comme les œuvres d'avant-garde qui ne sont pas conçues pour faire beau dans le salon. Trout Mask Replica, c'est pas avec les oreilles que ça doit s'écouter !

De façon cohérente, je n'aime ni la musique bruitiste expérimentale, ni les trucs cubistes etc.

J'allais faire le parallèle, justement, parce que Zappa, qui a perverti Beefheart, était fan de musiques chiantes atonales et arythmiques, genre le free jazz, John Cage ou je sais pas quoi.

Mais bref, je ne suis sans doute pas à même d'apprécier ces choses, diront certains (souvent des fats) et je n'ai jamais compris l'intérêt du « c'est moche mais c'est voulu », ni adhéré aux conneries relativistes du genre « la beauté c'est subjectif ».
Mais... une question se pose : avec quoi diable écouter ce disque, si ce n'est avec les oreilles ?

Bon, je ne pensais ne pas trouver quoi que ce soit à répondre. Mais, en fait, si.







Un de mes musiciens préféré en mode "je ne chante plus, je ne compose plus, je fais de la redite, de la repompe, je me couvre de guyliner et je part en roue libre".

Le fait d'avoir tutoyé la grandeur (oui, je sais, vous ne vous rendez pas bien compte de ce que peuvent signifier Walls of Jericho, Keeper of the Seven Keys ou Heading for Tomorrow pour certains) donne t il le droit de faire de la merde après coup, ou doit il au contraire interdire toute chute trop vertigineuse ?

Wouho-Wouho-Wouho...

Tu peux copier/coller ton post dans le topic émois graphiques torves et visuels louches.

Yves Guillotines a écrit:

je n'ai jamais compris l'intérêt du « c'est moche mais c'est voulu », ni adhéré aux conneries relativistes du genre « la beauté c'est subjectif ».

T'es en forme ce matin dis donc.
J'en déduis que tout ce que tu entreprends est objectivement beau ?

C'est quoi ça, un argument ad hominem ?

J'espère que ce n'est pas le cas, parce que ça serait aussi déloyal que stupide.

"lol tu kritik, tu t'prend pour 1 chau ? tu fé d'la merde lol"

Enfin, mettons que j'ai mal compris.

Si ça peut répondre à ta question, que ça soit raté ou non, la laideur n'est jamais mon objectif.

ZiGGy a écrit:

 (oui, je sais, vous ne vous rendez pas bien compte de ce que peuvent signifier Walls of Jericho, Keeper of the Seven Keys ou Heading for Tomorrow pour certains)

Rho eh, tu nous prends pour quoi là? des mélomanes peut-être?

Yves Guillotines a écrit:

C'est quoi ça, un argument ad hominem ?

Ben ouais, mais c'est histoire que tu comprennes bien le ridicule de tes propos (ça va plus vite et ne méritait pas mieux d'façon)

Bon allez, je tente une relance plus constructive : qu'en est-il des différents niveaux de lecture ? Et les univers parallèles ? Hein ?

Yves Guillotines a écrit:

De façon cohérente, je n'aime ni la musique bruitiste expérimentale, ni les trucs cubistes etc.

J'allais faire le parallèle, justement, parce que Zappa, qui a perverti Beefheart, était fan de musiques chiantes atonales et arythmiques, genre le free jazz, John Cage ou je sais pas quoi.

Mais bref, je ne suis sans doute pas à même d'apprécier ces choses, diront certains (souvent des fats) et je n'ai jamais compris l'intérêt du « c'est moche mais c'est voulu », ni adhéré aux conneries relativistes du genre « la beauté c'est subjectif ».
Mais... une question se pose : avec quoi diable écouter ce disque, si ce n'est avec les oreilles ?

"C'est moche mais c'est voulu", ou "la beauté c'est subjectif" posent de nombreux problèmes.
"c'est voulu" : Non, mais ça a été pensé, oui. Il n'y a pas des volontés mais des concepts, c'est ce qui me paraît être l'origine même de toutes formes d'arts.
"C'est moche" : Est-ce que l'art doit être beau ou laid ? Là n'est pas la question. S'il devait se limiter à être beau, sous entendu "joli", il serait extrêmement pauvre. Il doit probablement plutôt interpeller et chacun est assez différent pour être interpellé de la manière qui lui convient, d'où le "c'est subjectif".

C'est cet argument qui est - objectivement - ridicule, et celui qui l'utilise par la même occasion.

C'est du même niveau que « tu fais pas mieux, donc tu peux pas critiquer » : au ras des pâquerettes.

À 33 piges c'est quand-même critique...

sur la discussion concernant Beefheart, je vois que nombreux n'aiment pas Trout Mask Replica. Etant donné l'énoncé du sujet, cela signifie-t-il que c'est le seul Beefheart que vous n'aimez pas ?

(heureux de voir que nous sommes nombreux à aimer Lick My Decals Off Baby)

Peter Mermoz Steinhauser a écrit:

Béroalde De Fuzz a écrit:

quand Chimène déclare "je ne te hais point", c'est bel et bien un simple constat, l'énoncé d'un état de fait, en l'absence de tout sous-entendu à visée amplificatoire.

 Pardonne mon engourdissement intellectuel mais quand elle cause des "feux si beaux qui troublent ma colère", elle exprime quand même clairement sa flamme, non ?

Rha ben oui, elle ne fait que ça, même. Mais pas dans "je ne te hais point" où il n'est question que des exigences de la gloire cornélienne et non de l'amour. Par rapport au vers que tu cites, "je ne te hais point" redonde non avec "feux si beaux" mais avec "qui troublent ma colère".

beat4less a écrit:

Yves Guillotines a écrit:

C'est quoi ça, un argument ad hominem ?

Ben ouais, mais c'est histoire que tu comprennes bien le ridicule de tes propos (ça va plus vite et ne méritait pas mieux d'façon)

Eh oh, Beat, faut pas déconner: tout le monde sait en effet que l'art contemporain et conceptuel, c'est de la nouille pour spéculateur financier. A quoi bon dire "la beauté, c'est subjectif", sinon pour vendre davantage de trucs ineptes en ne froissant personne et en multipliant les niches de clients potentiels?
Comme le rappelait Kant qui pour une fois avait oublié de faire son criticiste transcendantaliste, la beauté est un universel sans concept (et toc! prendez ça dans la fiole, l'art contemporain).
Entendu: l'art contemporain bizarroïde est souvent (souvent) l'asile de l'ignorance et de la prétention.

Le truc, c'est que Trout Mask Replica, objet polémique initial de nos dissensions, ce N'EST PAS de l'art conceptuel à la nawak, c'est juste un chouette disque de blues un peu tordu, soyons justes.

Yves Guillotines a écrit:

C'est cet argument qui est - objectivement - ridicule, et celui qui l'utilise par la même occasion.

C'est du même niveau que « tu fais pas mieux, donc tu peux pas critiquer » : au ras des pâquerettes.

À 33 piges c'est quand-même critique...

T'es taciturne quand ça t'arrange dis donc.
Désolé de te mettre le nez dans ta merde, mais tu peux aussi bien expliquer ce qui intrigue  

Béroalde De Fuzz a écrit:

beat4less a écrit:

Yves Guillotines a écrit:

C'est quoi ça, un argument ad hominem ?

Ben ouais, mais c'est histoire que tu comprennes bien le ridicule de tes propos (ça va plus vite et ne méritait pas mieux d'façon)

Eh oh, Beat, faut pas déconner: tout le monde sait en effet que l'art contemporain et conceptuel, c'est de la nouille pour spéculateur financier. A quoi bon dire "la beauté, c'est subjectif", sinon pour vendre davantage de trucs ineptes en ne froissant personne et en multipliant les niches de clients potentiels?
Comme le rappelait Kant qui pour une fois avait oublié de faire son criticiste transcendantaliste, la beauté est un universel sans concept (et toc! prendez ça dans la fiole, l'art contemporain).
Entendu: l'art contemporain bizarroïde est souvent (souvent) l'asile de l'ignorance et de la prétention.

Le truc, c'est que Trout Mask Replica, objet polémique initial de nos dissensions, ce N'EST PAS de l'art conceptuel à la nawak, c'est juste un chouette disque de blues un peu tordu, soyons justes.

Ben voilà (et je vois pas ce que l'art contemporain vient foutre dans cette discussion, on peut aussi parler de foot à ce moment là)

Plus pragmatiquement, si la beauté n'est pas objective, Plus belle la vie vaut Le Parrain.
(c'est schématique et je tiens pas à développer mais ce que je dis est objectivement vrai)
(de rien   )