Présentation des forumeurs

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C'était un espèce de « festival de la philo », à Lille, avec des conférences un peu partout, un peu sur tout, avec un thème général dont je me souviens plus. Bref, j'étais allé à un truc sur l'ontologie du rock. Pour laisser la parole à la défense, ça devait pas être son public habituel : une petite salle à la fnac, bien blindée et enrichie en lycéens et gros rockeurs 16 soupapes... donc a priori zéro notion de philo (c'est mon cas). Et je ne doute pas que c'était plein de bonnes intentions.

Malheureusement, dès le début j'avais cette impression « bon j'ai bac + 4² mais vous inquiétez pas je suis accessible quand même, la preuve : je veux bien vous expliquer mon truc comme si vous étiez un peu cons. » Il évitait soigneusement de jargonner (de prononcer n'importe quel mot faisant appel à des notions de philo), mais ça l'emmerdait, il avait du mal à composer avec et ça donnait des choses comme : « bon et je sais pas si vous avez déjà entendu parler du concept de nature chez Artistote mais...euh... ouais...bon... [passe à autre chose] » Voilà, on avait cette impression qu'il faisait de la pédagogie forcée, faut dire qu'il était pas aidé par son « intervieweur », qui enchaînait les questions complaisantes (faites sur mesure, inutiles). En plus il avait des goûts musicaux étranges (« alors bidule, vous êtes professeur de philosophie, mais vous êtes aussi un grand passionné de rock ^____^ , notamment spécialiste du rock psychédélique californien des années 70 et 80 » (???), who's next est le meilleur album des who, etc.) Et le public déjà identifié plus haut était assez chiant, entre les lycéens qui opinaient du chef frénétiquement à chaque syllabe du type et les blousons en cuir aromatisés à la bière qui ne pouvait pas s'empêcher d'exprimer bruyamment leurs état d'âme, jusqu'à couper la parole au type pour déclarer (en allant dans son sens (bien que beaucoup plus loin)) que never mind the bollocks est le meilleure album de tout les temps (genre « 10 OVERDUBS PUTAIN SI ÇA C'EST PAS DU ROCK »)... C'était assez pathétique... ils se tortillaient sur leur chaise, cherchaient à en placer une à chaque fois, on sentaient les mecs « bordel, le rock c'est ma religion », sans aucun recul — avec un dogmatisme assez laid.

Par ailleurs son « ontologie du rock», pour autant que j'ai pu en entendre (j'ai filé à l'anglaise au bout de 30 minutes), ne m'a pas convaincue... Si je me souviens bien, sa thèse centrale c'était : le rock se définit par l'enregistrement studio, c'est l'enregistrement studio qui constitue l'œuvre musicale rock et c'est là ça spécificité. Le rock serait l'oeuvre musicale conçue pour l'enregistrement. Hmm, inutile de vous citer des contre-exemples... ou alors j'ai rien compris Et puis du coup, il s'appuyait sur des albums très produits mais pas forcément les meilleurs, genre Sgt Pepper, Never Mind the Bollocks, Pet Sounds. Et aux vues des autres noms qui sont tombés, il semblerait qu'il était un aficionado du classic rock à papa, pas particulièrement passionnant donc.

Enfin bon au final, je pense que c'est surtout le cadre et les objectifs qui n'allaient po. Mais qu'on me fasse pas croire qu'on ne peut pas exprimer des choses relativement complexes sans tomber dans un jargon imbitable... Du coup, j'ai préféré les économistes qui causaient juste avant, et pourtant sur le papier, ben c'était pas les favoris (« Refondation des biens communs: autour du modèle de la pollinisation et des conditions de l'intelligence collective » ).
Désolé de cet affreux hors-sujet mais fallait que je me confie, ça fait quelques mois que ça me turlupine