Avis aux éclaireurs des salles obscures.

Je trouve pas le final de Seven douteux. On sait quand même qui a "perdu" et pourquoi et je vois pas Panic Room comme spécialement autodéfenseur. Par contre là ou Fincher a récemment pondu son néo-Forrest Gump moisi avec "Benjamin Button" (enfin je sais que c'est un avis très personnel) je trouve qu'Aronofsky ne fait qu'améliorer la qualité de son cinéma film après film, même s'il est clair que ce mec se prends pour tout sauf de la merde, et que sa camera en souffre parfois. En tout cas si son Robocop 2010 sort bel et bien, je serai le premier a me ruer en salle.

Évidemment, après, si on compare avec Satoshi Kon... (Paprika c'est quelque chose, Black Swan convoque toutefois plus volontiers Perfect Blue, pour préciser ma pensée)

Urizen a écrit:

Je trouve pas le final de Seven douteux. On sait quand même qui a "perdu" et pourquoi

Vu comme ça, çépafo. Disons qu'il y a une forme d'empathie tordue (et assez malsaine) à l'égard du personnage de Brad Pitt dans cette séquence qui me laisse un goût bizarre.

Pour Kon, vu que tu l'avais cité, j'ai repensé à Inception / Paprika (déviation, rebond, coq-à-l'âne, toussa toussa)...

Honnêtement, le film cumule les mauvais point : non seulement c'est completement cheap, ce qui n'est pas forcement gênant (des champs/contre-champs effroyablement poussifs), mais en plus l'amateurisme de la réalisation atteint des niveaux parfois gênants, et par dessus le marché, l'objet frise les deux heures, tout de même.

Une fois bien integrées ces quelques données, demeure une curiosité ma foi fort sympathique, on devine que le film a été tourné de manière chronologique (la narration se fluidifie a mesure que le cinéaste apprends a se servir de sa camera) et que le materiel n'a pas du coûter bien cher.

La B.O., on pouvait s'en douter, est absolument prodigieuse du début à la fin (ce qui contraste parfois un peu durement avec les images). Les appartions répétées de Mick Collins et Iggy sont presque toujours une semi-réussite, et le délire voodooisant n'est pas sans apporter un certain cachet à l'ensemble. Dans la dernière heure, les scènes marquantes se font plus nombreuses (le concert, la cellule de dégrisement), plus efficaces, plus réussies, et on arrive finalement assez facilement au bout de cet exercice qui partait pour être laborieux. Sans parler, bien sûr, de l'hallucinante distribution.

Je conseillerai pas la vision de ce metrage à n'importe qui, mieux vaut savoir a quoi s'attendre, savoir parfois faire preuve d'indulgence pour se laisser impregner par l'atmosphère toute particulière du film, sorte de road-trip halluciné baignant dans divers relents de voodooisme et dans une musique definitivement géniale.

Urizen a écrit:

l'amateurisme de la réalisation atteint des niveaux parfois gênants,

on devine que le film a été tourné de manière chronologique (la narration se fluidifie a mesure que le cinéaste apprends a se servir de sa camera)

nan, il n'a pas été tourné chronologiquement... et Rose était déjà un réalisateur pro (justement dans un genre particulièrement compassé/rigoureux si mercenaire et peu valorisé, le film d'entreprise) quand il a commencé à le tourner : c'est des choix punk

edit : 'ttention, je dis pas que je les approuve sans réserve, hein ! y'a des moments où son extrêmisme lo-fi, sa volonté d'étirer et distordre le temps, la stylisation de sa direction d'acteurs et de leur mise en scène pour les dépersonnaliser et en faire des archétypes creux au prix d'un jeu en bois, certaines monstrations qui font des personnages le décor et du décor le personnage, son insistance appuyée et ralentie sur certains clichés cinématographiques, s'ils peuvent se comprendre en eux-mêmes, en viennent à nuire excessivement à l'intelligibilité du propos principal, voire à aliéner le spectateur

ça ne me surprend pas que tu aies plus mordu à la BO, et pas digéré les images - moi aussi, j'ai été choqué au début du premier visionnement, bien qu'ayant été abreuvé de Vertov, de caméra à l'épaule ethnographique 50's et de création underground japonaise

reste l'important : tu as saisi le propos ? par le son, sinon par les images ? ie, pourquoi est-ce que des zouaves aussi divers que Mick Collins, Iggy, Nathaniel Mayer, Cub Koda, Tav Falco, Cordell Jackson, Otha Turner ont choisi de s'en faire les énonciateurs ?

ah voui, aussi : Rose est indeed un prêtre vaudou, régulièrement initié et tout et tout - la construction de son film est largement rituelle plutôt que narrative

Mmmmh, concernant les choix punks, autant sur certains point je veut bien le croire, autant il y a certains passages qui se contentent d'être foireux (genre la montée en bagnole, ou certaines scènes de dialogues), donc c'est peut-être voulu, mais est-ce toujours judicieux ?

Les images m'ont pas vraiment "choqué", moi c'est plutôt Troma, Corman et The Asylum mes passe-temps favoris donc je m'arrête pas a ça.

Pour le voodoo, mes connaissances sont sommaires (juste lu un bouquin, peut-être pas exempts d'âneries d'ailleurs) mais l'approche sérieuse de la chose est évidente et par conséquent, comme je le disais joue beaucoup en la faveur du film.

Ai-je compris le propos ? Je ne sais pas. J'y ai surtout vu un retour progressif à la racine, à l'origine, a la spiritualité première au travers le périple d'une fille à la recherche de son grand-père. En parallèle se tisse le lien étroit avec la musique, le jeune couple de Détroit s'éloignant peu a peu de la ville, de ses murs et de ses disquaires rock à la rencontre de la campagne, des paysans noirs et du blues. Bref, tout ce que j'ai saisi tournait autour du retour au sources.

Après, mon anglais est minable, donc je ne me suis basé que sur les images, ma vision est peut-être tronquée.

Ca me titille votre histoire... Urizen tu l'as trouvé où?

Comme John, ça me branche cette affaire, d'autant plus que je suis en train de finir Please kill me

Commandé sur le site : http://waynecountyramblin.com/ sur les conseils de Ratel, avec un mail de remerciement personnel de la part de Dan Rose à la clé .
Recu au bout de 2-3 semaines max.

Houps, je devrais pas éditer sauvagement pendant qu'on me répond

judicieux, du coup j'ai dit ce que j'en pensais in edit

les dialogues n'ont quasiment aucune importante

sur le propos, y'a beaucoup de ça, à part que la dimension importante est métaphorique, voire symboliste, et porte sur la nature de la culture américaine, notamment la musique, ses ruptures et son inavoué/refoulé, vu d'un blanc low-middle-class de Detroit qui, en simplifiant beaucoup, croit être un anglosaxon protestant pourchassant l'american dream, puisque c'est le discours dominant, jusqu'à ce qu'il découvre autre chose, et qu'il a toujours été autre. c'est donc une tentative de définition, par la destruction, de la culture américaine par-delà ces ruptures - suffisamment troublante, et troublée pour qu'y adhèrent une "lady" blanche sudiste de la génération de l'après-guerre, un noir yankee bien plus jeune, un paysan noir du tiers-monde mississipien, une icône provocatrice self-construite à l'identité trop complexe pour être résumable, etc.
ptet que j'ai imaginé plus que lu, mais ce film m'a énormément appris - c'est sans doute la première fois que je suis parvenu à me détacher un peu de mon regard européen et à voir "Detroit" de l'intérieur (ce qui, puisque je viens d'en avoir à nouveau une crise, m'a entre autres permis d'accéder enfin au gospel, sacré (sic) paradoxe)


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edit encore : à part ça, je maintiens mon offre (inc. pour Urizen) : je rachète le DVD au prix complet (inc s&h) à ceux qui regrettent leur achat

ratel a écrit:

les dialogues n'ont quasiment aucune importante

sur le propos, y'a beaucoup de ça, à part que la dimension importante est métaphorique, voire symboliste, et porte sur la nature de la culture américaine, notamment la musique, ses ruptures et son inavoué/refoulé

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"Les métaphores, je ne peut plus les supporter depuis que je suis en âge de les comprendre" J.R.R. Tolkien

Je crois qu'il manque un mot. "passé" peut-être ?

En tout cas on a bien vu le même film , c'est bel et bien ce que j'évoquais à l'instant a ma manière, peut-être sans avoir autant pointé/identifié l'aspect profondemment americain du propos. (edit : comprendre : j'ai bien saisi la dimension metaphorique, de toute façon tout vous pousse a tenter de la cerner, par contre j'en ai peut-être fait une lecture exageremment universelle, l'aspect "americain" etant probablement plus judicieux, plus précis, plus intime)

Les dialogues auraient pu m'apporter, j'ai mis beaucoup de temps a saisir le rôle du petit copain de la nana, j'ai du beaucoup supposer a son sujet, de ce qu'il disais.

Après disons que du coup Wayne County Ramblin', c'est un peu un remake de Predator, avec Mick Collins dans le rôle du Predator.

Urizen a écrit:

"Les métaphores, je ne peut plus les supporter depuis que je suis en âge de les comprendre" J.R.R. Tolkien

certes, certes - mais ici, y'en a encore beaucoup que je ne comprend pas (cette foutue poupée par exemple. super importante, cette poupée, et elle me passe encore complètement au-dessus de la tête, avec toute la couche sémantique dont elle est la clef)

passé... non, justement, je crois

Ah ah! ah ouais, foutue poupée, pas sûr que ce soit tout à fait une métaphore, peut-être est-ce plutôt limpide pour un pratiquant vaudou, et pas spécialement symbolique, auquel cas disons juste que c'est pour le moins cryptique pour un non-initié. Perso j'ai surtout vu ça comme l'expression physique d'une volonté surnaturelle, mais c'est peut-être trop pragmatique (si l'on peut dire ) comme approche.

Au fait je m'étonne qu'on ait jamais causé ici de Scott Pilgrim, qui a quand même quelques passages fort pertinents sur la musique, entre deux citations de jeux vidéos :

- This is not a race.
- The first album is much better than... the first album.
- (à la sortie d'un concert) You should see them live, they're much better live.

Etc, etc...

Urizen a écrit:

Séances fan-service :

Scott Pilgrim VS The World : Un film où l'on entends Franck Black et les Black Lips en fond sonore, déjà, on a pas le droit d'en dire du mal. Au delà de ça, le film se déroule agréablement, le contrat 100% geek est rempli (même si les références choisies sont parfois un peu grossières), la vie est un jeu vidéo ou tout est permis, Edgar Wright (l'inoubliable Shaun of The Dead et Hot Fuzz ) prends de sacrés libertés avec la BD, mais a part la fin qui part peut-être vraiment en cacahouètes et est un peu frustrante, demeure un gros patchwork très très fun.

Faudrais que je le revoi d'ailleurs, c'etait un commentaire a chaud ça, mais en tout cas il vieilli vraiment bien dans mon esprit.

Ah ouais, mea culpa.

J'ajouterai que je l'ai vu trois fois (pas vraiment par envie particuliere) et qu'il supporte tres bien l'experience. La qualité du montage aide beaucoup, c'est rythmé avec panache.

J'avais bien aimé le "manga", alors j'ai peur d'être déçu par l'adaptation...

Si je ne m'abuse c'est Canadien, j'aurai du mal a classer ça "manga" malgré le dessin assez typé. Par contre, ouais, y'a de fortes chances d'être déçu par certains aspects - surtout tout ce qui disparait entre temps- , pourtant je crois que le film à l'intelligence de ne pas trop calquer la BD, et de rechercher une identité propre, d'ailleurs le réal a bien resumé ça : "j'espère que les fans verront le film comme une version Bizarro de la BD."

En tout cas je trouve qu'il vaut vraiment le coup d'œil.

J'ai bien mis "manga" et pas manga... Si tu le relies pas à ce style, à quoi te font penser les yeux des personnages? le format de l'ouvrage? le choix de certaines vignettes? etc? Sérieusement, même si l'univers BD est riche et diversifié (et je le connais pas assez), Scott Pilgrim est plus proche de la planète manga, non?

John the revelator a écrit:

J'ai bien mis "manga" et pas manga...

"toi aussi ? t'en es ?"

beat4less a écrit:

John the revelator a écrit:

J'ai bien mis "manga" et pas manga...

"toi aussi ? t'en es ?"

Magnifique!
10/10 sur le barême de Sir Constance

moi aussi j'ai bien mis "manga" et pas manga

Malgré ce que tu dis, le découpage et la narration sont pas très raccord avec la BD jap, ça fait vraiment très melting pot de plein de chose, mais globalement ça se rapproche aussi beaucoup de la BD indé ricaine. Enfin mon objectif premier était pas de pinailler là-dessus hein! (si ?)

Urizen a écrit:

moi aussi j'ai bien mis "manga" et pas manga

On s'est compris, ptit breton

Urizen a écrit:

Enfin mon objectif premier était pas de pinailler là-dessus hein! (si ?)

On en connaît qui parlent espadrilles et valises à roulettes dans la section VIP, alors pourquoi ne pas pourrir le topic cinéma avec un discussion hermétique sur Scott Pilgrim?

Vraiment pas mal le dernier film des frères Cohen !


Avis aux connaisseurs, c'est bien ce film ?

pas vu : pas eu envie de voir

reportage télé avec script stéréotypé par un non-spécialiste, si ça donne quelque chose de bon, je suis surpris


Edit : les critiques sont bonnes, cependant :

Citation :

« Un documentaire qui
navigue habilement entre l’évocation des racines historiques et
sociales du Blues et leurs échos chez les bluesmen d’aujourd’hui. »


Télé Poche, 13 mars 2010





« Un voyage musical aussi sympathique qu’instructif. »


Télé 2 semaines, 13 mars 2010





« Un voyage sympathique et instructif qui laisse une belle place aux séquences musicales. »


Télé Loisirs, 13 mars 2010





« Un documentaire qui navigue habilement entre hier et aujourd’hui. »


Télé Star, 13 mars 2010





« En route pour une fabuleuse histoire de la musique! »


Urban TV, 13 mars 2010

En effet, ces critiques font peur...

En fait, je l'ai dégoté chez Gibert la semaine dernière, d'occaz après en a avoir lu la critique positive dans le dernier R'n F, étonnant non ?
Voulais avoir votre avis avant de le regarder avec mes yeux de néophyte.