Mitraillettes, coups bas et Parrains : les meilleurs films

Je m'apprête à tourner un court-métrage pour le lycée. Le gros de l'histoire, c'est un mafieux qui essaie de soutirer des infos à une poule.

Je voudrais pendant l'été me goinfrer de films de mafieux, et j'en cherche, obscurs ou pas, "vieux" ou non. J'ai déjà vu la majorité des GROS classiques post-60s, je crois (Parrain, Scorsese, De Palma, Tarantino, etc.). J'attends vos conseils avisés avec impatience (Ziggy?).

(j'ai essayé de chercher dans les forums de cinéma, mais il n'y a rien dans ceux que j'ai trouvés. Si vous en connaissez de bons...)

(nanars bienvenus )

(m'enfin pas que des nanars non plus, hein!)

C'est un genre de film que j'aime bien, j'sais pô pourquoi.
Tu veux le faire sérieusement, au premier degré — c'pas une parodie ? Avec une vraie « noirceur », une vraie ponctuation ordurière, un vrai accent traînant ? Parce que dans ce cas, pas évident d'éviter les poncifs du genre (mais ça on s'en fout), ni de ne pas les traiter grossièrement (plus embêtant).
Dans le genre, c'est vrai que t'as cité la plupart des inévitables au yeux de ma toute petite culture
Après y'a Il Était Une Fois en Amérique (Sergio Leone – bien que pas dans mes préférés), Donnie Brasco... Pis je pense à Mafia Blues, qui est une parodie parfois lourdingue mais rigolo, et à ma connaissance unique dans son genre ; Lord of War, qui est franchement sympa, mais un peu loin du film mafieux type (forme de banditisme trop moderne)…

La série les Sopranos.

Citation :

Tu veux le faire sérieusement, au premier degré — c'pas une parodie ? Avec une vraie « noirceur », une vraie ponctuation ordurière, un vrai accent traînant ?

Les deux, en fait. Dans la forme, je vois quelque chose de très stylé, à la Coppolla (ah ah, c'est pas sérieux de dire ça : "Je veux faire un film comme Coppolla" ), et dans l'histoire, les dialogues, quelque chose de beaucoup moins sérieux, truffé de références et de blagues en bois. Les personnages seraient des gros loosers, type frères Coen, moches et gras, méchants et cons.

Citation :

Parce que dans ce cas, pas évident d'éviter les poncifs du genre (mais ça on s'en fout), ni de ne pas les traiter grossièrement (plus embêtant).

Les poncifs, j'aurais tendance à les chercher, justement. Puisque c'est quand même un genre ou les trois quarts des films sont emplis de poncifs. Pour ce qui est de les traiter grossièrement, je vais y faire gaffe effectivement. J'ai un peu peur de faire un truc trop gras, en fait.

Citation :

Après y'a Il Était Une Fois en Amérique (Sergio Leone – bien que pas dans mes préférés), Donnie Brasco... Pis je pense à Mafia Blues, qui est une parodie parfois lourdingue mais rigolo, et à ma connaissance unique dans son genre ; Lord of War, qui est franchement sympa, mais un peu loin du film mafieux type (forme de banditisme trop moderne)…

J'ai déjà vu tout ça, sauf Mafia Blues. Les deux sont regardables, ou seulement le premier?

Et Lord of Wars, c'est sympa mais ça casse pas trois pattes à un canard. Ca m'a un peu barbé, à vrai dire. Par contre, j'ai beaucoup aimé Il était une fois en Amérique et Donnie Brasco.

Citation :

La série les Sopranos.

Super, non? Mon père a prêté la saison 1, j'attends qu'elle revienne.

en vrac :

- Les Affranchis
- la trilogie Pusher
- Les Infiltrés et l'original The Infernal Affairs
- les Election 1 et 2 de Johnny To
- le Scarface d'Howard Hawks (1932)
- King Of New York d'Abel Ferrara avec Christopher Walken
- Mean Streets

et puis en France si on étend le sujet les films de Melville sont indispensables...

MC5 m'a tuer a écrit:

J'ai déjà vu tout ça, sauf Mafia Blues. Les deux sont regardables, ou seulement le premier?

Je sais pas, j'ai pas vu le deuxième. Mais forcément, j'aurais tendance à me méfier ; regarde déjà si le premier t'amuse un minimum

Citation :

- Les Affranchis
- la trilogie Pusher
- Les Infiltrés et l'original The Infernal Affairs
- les Election 1 et 2 de Johnny To
- le Scarface d'Howard Hawks (1932)
- King Of New York d'Abel Ferrara avec Christopher Walken
- Mean Streets

et puis en France si on étend le sujet les films de Melville sont indispensables...

Merci! J'en ai vu quelques-uns, mais la liste est parfaitement originale (je veux dire que parmi ce que j'ai lu, je n'ai pas encore croisé les trois quarts d'entre eux). Pusher, c'est quoi?

Qu'est-ce que tu veux dire par "si on étend le sujet"?

(parce que il y a un joli coffret de Melville qui traîne juste au-dessus de ma tête... )

Citation :

Je sais pas, j'ai pas vu le deuxième. Mais forcément, j'aurais tendance à me méfier ; regarde déjà si le premier t'amuse un minimum.

Ok, je vais essayer, merci. Il se trouve facilement dans les Easy Cash et autres revendeurs, en plus.

MC5 m'a tuer a écrit:

Pusher, c'est quoi?

Trilogie (danoise il me semblre). Hyper réaliste donc crue et sans limite. A voir absolument dans le style.

Sinon qui n'ont pas encore été cités (il me semble) et qui valent d'être vus:
- Le Prince de New-York de Sydney Lumet
- Donnie Brasco
- Miller's Crossing des frères Cohen
- American Gangster de Ridley Scott
- Les Promesses De L'ombre de Croenenberg
- Le Clan Des Siciliens de Henri Verneuil

Sinon côté japonais, vite fait, les films seventies de Kinji Fukazaku (Guerre Des Gangs à Okinawa, Okita Le Pourfendeur...) ou les films décalés de Takeshi Kitano (Kikujiro, Brothers, Sonatine...).

Ah oui y a dans le registre auteur/décalé y a l'excellent Ghost Dog de Jim Jarmush aussi!

MC5 m'a tuer a écrit:

Citation :

- Les Affranchis
- la trilogie Pusher
- Les Infiltrés et l'original The Infernal Affairs
- les Election 1 et 2 de Johnny To
- le Scarface d'Howard Hawks (1932)
- King Of New York d'Abel Ferrara avec Christopher Walken
- Mean Streets

et puis en France si on étend le sujet les films de Melville sont indispensables...

J'approuve ce qui a été cité (les autres, connais pô).
Pour Melville, j'ai envie de dire qu'il vaut mieux regarder des classiques américains plutôt qu'un truc hyper-emprunté comme Le deuxième souffle (ou alors ses films plus tardifs, plus... "japonisants"^^).

Et n'hésite pas à regarder le Scarface de De Palma, qui n'a pas grand chose à voir avec la "mythologie" fondée autour : c'est un grand récit tragique, une lente et vaste déchéance, un "film d'horreur" à sa façon, (quiconque "trippe" sur les mafieux après l'avoir vu n'a rien compris... ou fantasme ardemment de mourir vite après s'être consciencieusement détruit en même temps que TOUS ceux qui l'entourent) (drôle de "délire", à mon sens )

Par ailleurs, il faut le dire, Il était une fois l'Amérique (dans sa version de 4 heures, hein) est un pur chef d'oeuvre (mais on s'éloigne du film noir au sens strict).

Du côté de l'Asie, jette-toi sans hésiter sur certains films de Takeshi Kitano, qui s'est tout particulièrement penché sur les mafieux japonais (les tristement fameux yakuzas), en priorité :
- Sonatine (quasi-abstrait dans son déroulement, sur la logique de l'homme qui ne vit que par l'action et la violence, et se retrouve à tourner à vide...)
- et Aniki, mon frère, flamboyant, "opératique" (le fait qu'il ait du le réduire considérablement au montage a sans doute beaucoup joué là-dessus).

A voir et à lire, dans les relativement classiques :
- roman : La moisson rouge de Dashiell Hammett ("adapté" par les frères Coen dans Miller's crossing : le gusse pris entre 12 feux différents, qui préfère liguer tout le monde contre tout le monde, et passer entre les gouttes ) ;
- flim : L'ultime razzia de Kubrick, une sorte de concentré de film noir à la mécanique implacable, assez "inhumain" et méthodique au niveau du récit (...m'enfin : c'est du Kubrick, quoi^^) ;
- roman : Un privé à Babylone de Richard Brautigan, sorte de BD sans images, un polareu-noir où il ne se passe presque rien C'est très inspiré de Raymond Chandler, bien sûr (et là on est du point de vue du détective privé), mais le décalage complet pourrait te donner des pistes, un peu comme le Dashiell Hammett

Le pire, c'est que les polars, c'est pas trop mon truc

Si j'ai dit n'importe quoi ou s'il y a des fautes de frappe, je plaide non-coupable : il fait BEAUCOUP trop chaud.

@ Ben :
- Merci! Je me demande si j'ai déjà vu ou pas American Gangster... C'est avec qui?
- Et Ghost Dog est super aussi, oui. Mais moins typé film de mafia, quand même.


@Dahu :
- Je note pour Melville.
- J'ai vu les deux Scarface. (suis pas d'accord à propos du "trip" sur les mafieux incompatible avec Scarface. Sans doute l'histoire vise-t-elle à nous en dégoûter, mais j'ai trouvé Pacino tellement fascinant que... ok, chuis con - bon, pas d'inquiétude, j'ai dépassé le stade du "Je veux être un putain de mafieux" y a... un an )
- D'accord avec toi pour Il était une fois en Amérique...
- Je note pour les chinois. Japonais, pardon.
- Et puis j'ai aussi vu L'ultime razzia et Miller's Crossing. (je remercie au passage mon père, qui a finalement acheté la majeure partie des classiques de films de mafia occidentaux... )
- Je suis pas non plus un fada de polars (j'en lis pas, en fait), mais les films de mafia, c'est une autre affaire... Le Parrain I et II ont été deux grandes claques.
- Merci aussi.

American Gangster → Vu, pas beaucoup de souvenirs, vague « correct », c'est tout. Je crois que Ridley Scott parvient à marquer uniquement quand il est suffisamment mauvais, heureusement ça arrive assez souvent. C'est avec Denzel Washington et Russell Cowe (wikipedia).
Promesses de l'Ombre → J'avais trouvé l'ensemble moyen voire fade, mais bon.
Les Infiltrés, Les Affranchis et Mean Streets, il me semble qu'ils sont de Scorsese.
Mais ouais, ils sont excellents tous les trois.

Sinon, on ne peut pas nier que le personnage de Montana soit brillant justement par ce côté complètement fantasmé, du gangster dans tout son arrogance guerrière et grossière, sa surpuissance outrancière et naïve (quota adjectif atteint). Et, le temps du film, je trouve ça plutôt agréable de rentrer dans le trip. Fin bref, d'accord avec MC5. Après faut pas dépasser le film, évidemment. À ce sujet, vous pouvez regarder Gomorra, adapté du fameux roman du même nom, et où l'on voit deux gamins se prendre précisément pour Tony Montana. C'est pas mal.

Et puis il faudrait que je vous retrouve un film Danois qu'y a eu, je crois, un bon succès d'estime et qui est réellement très efficace, bien glauque et « minable » : on ne retrouve absolument pas, — ni dans la splendeur, ni dans la misère, — le côté grandiloquent (fantasmé donc !), pourtant pas rare dans le genre. Film de gangster tendance film d'auteur, c'est pas banal mais pour le coup ça passe vraiment bien.
Edit : ah bah ouais, même que ça s'appelle Pusher, même

Bref, tout ça me fait penser que je n'ai toujours pas vu un seul Parrain (et que j'y connais keutsch en cinéma japonais, yakuza et cie).

le film danois c'est sans doute Pusher que je citais plus haut sinon j'appui éfgalement les films proposés par Ben (un peu vexé d'en avoir oublié quelques uns ).

pour Melville c'est juste que ses films qui ont trait au milieu du crime sont plutôt des films sur l'homme et la solitude mais ce sont des musts absolus.
comment ne pas aimer Le Samouraï et le Cercle Rouge ?
Il y a aussi Le Doulos que j'ai pas vus systématiquement cité par Tarantino comme une influence majeure.

moi j'dirais, privilégier le film noir !

Beaucoup de solides références citées par les companeros que luchan por la liberacion de los spiritos y de la castagneta. Je citerai également:

- quelques films avec James Cagney ("L'ennemi public", "L'enfer est à lui", plus gangster film que mafieux cependant)

- "Little Caesar" avec Edward G. Robinson

- "The Yards" de James Gray, sur le modèle tragédie des Atrides

-"The French connection"

-"Les sentiers de la perdition", avec Newman en parrain implacable

- "Bugsy", sur la création de Las Vegas, starring Warren Beatty

-"King of New York" de Ferrara, déja cité mais bon, casting princier (Walken, Fishburne, Caruso). J'aime aussi beaucoup "Nos funérailles" du même bonhomme.

- "Les incorruptibles" de De Palma, très blockbuster, mais avec des gros morceaux de Sean Connery en vieux flic irlandais.

-"Dernier recours" avec Bruce Willis et C. Walken

- "Les promesses de l'ombre" de Cronenberg

"Dernier recours" avec Bruce Willis et C. Walken

ah oui ! le remake mafieux signé Walter Hill de Pour Une Poignée de Dollars lui même remake du Garde Du Corps de Kurosawa. ça fait un bail que je l'ai pas vu !

Frankystooge a écrit:

pour Melville c'est juste que ses films qui ont trait au milieu du crime sont plutôt des films sur l'homme et la solitude mais ce sont des musts absolus.
comment ne pas aimer Le Samouraï et le Cercle Rouge ?
Il y a aussi Le Doulos que j'ai pas vus systématiquement cité par Tarantino comme une influence majeure.

HS spécial Melville
Le Samouraï et Le Cercle Rouge, justement ce sont ceux auxquels je pensais quand je parlais de ses films "japonisants" J'aime bien Le Cercle Rouge, mais j'ai du mal à ne pas en voir les défauts, ce "maniérisme" placardé tout du long, toujours un peu l'impression qu'il cherche à capter ce sens du rythme distendu propre aux Extrême-Orientaux, mais en collant trop à la lettre sans en avoir vraiment l'esprit.

Et ça vaut aussi pour son rapport au film noir américain (en pire), il court derrière, mais ça donne des trucs trop "factices" pour être honnêtes (à défaut de piger la stylisation typique de ce genre), c'est trop froid, trop calculé, trop maîtrisé, contrôlé, et parfois désespérant de sérieux (et donc un film comme Le deuxième souffle, ça me laisse de marbre, je ne rentre jamais dedans...)

Du coup, le film de Melville qui surclasse tout le reste de sa filmographie à mon sens (mauvaise foi ! j'ai pas tout vu^^), c'est L'armée des ombres, celui où précisément il envoie bouler le "film de genre", ou tout du moins où il s'en sert pour faire enfin quelque chose de plus personnel, plus humain, plus touchant, où ça "respire", où c'est beaucoup moins enfermé/engoncé/amidonné par les codes et la révérence envers ses maîtres (et aussi où ça suinte nettement moins la prétention... parce que Melville, dans le genre, ouch ).

Cool... J'attendais avec impatience la liste du cinéphile en chef. J'en ai vu aucun, sauf Les Incorruptibles.

Le "cinéphile en chef" est tout de même allé voir Kung Fu Panda 2, ou comment saborder soi-même un début de réputation flatteuse ("Je me les sers moi-même avec assez de verve" etc.). Quand je suis rentré dans le cinoche, il restait 480 places disponibles.

Melville est un de mes cinéastes français favoris et un des modèles d'un certain Scorcese (je recommande d'ailleurs l'excellent "Un voyage à travers le cinéma américain" avec l'ami Martin en professeur). Je suis d'accord avec Dahu sur le maniérisme, il y a un côté glaçant savamment calculé dans certains films, dont "Le samouraï". "L'armée des ombres" est un pur chef-d'oeuvre et peut-être le meilleur film made in hexagone sur la résistance. J'ai une tendresse particulière pour "Le doulos", où Bebel et Reggiani livrent une prestation remarquable. Reggiani, voilà un type sous-estimé, aussi bien en tant que chanteur qu'en tant qu'acteur.

Il faut aussi distinguer film sur la mafia (prépondérance du clan et de la famille, quotidien ritualisé, mécanisme du crime, type "Le parrain" ou "Les affranchis"), film de gangster (manichéisme, hubris, schéma ascension-chute type Scarface, célébration de l'individu) et film noir (dissémination du mal, pessimisme sur la nature humaine, corruption généralisée, faux-semblants, type "Le grand sommeil" avec Bogart).

Une remarque au passage: beaucoup furent surpris de voir Scorcese adapter "Le temps de l'innocence" de Wharton pour signer un film d'époque en costumes. Mais les thèmes sont les mêmes que dans le reste de sa filmo: organisation clanique, rapport conflictuel entre l'individu et le groupe, impossibilité d'exister par soi-même en dehors de la famille sous peine de se voir qualifier de mouton noir. Je recommande d'ailleurs ce film, brillant exercice cinématographique avec Day-Lewis et Pfeiffer.