Je te sens nostalgique ! mais je vais répondre sérieusement à ta remarque (que sans surprise je rejoins...).
J'ai l'impression que le rock n'a jamais été aussi peu populaire non ?
À part Tame Impala qui (dans les groupes contemporains de ces dix dernières années) "porte" aujourd'hui le genre musical et est capable de constituer une tête d'affiche dans un festival?
Peut être qu'on va tous penser à quelques noms genre King Gizzard, Idles, Shame etc. mais ça fait pas beaucoup dans la balance.
De mon coté à un niveau "underground" je constate que j'ai moins d'excitation pour les nouveautés, il y en a des excellentes mais il y a aussi beaucoup de redites... Des choses qui sonnent comme des disques qui auraient pu sortir il y a dix ans par exemple. Je trouve un petit manque de fraîcheur même s'il y a quelques sorties cool. Perso je me retrouve dans la situation dans laquelle j'étais il y a une dizaine d'années (la période intermédiaire entre la scène "landfill rock" des années 2000 et la scène garage des 2010) où "creuser" m'apporte plus que l'actualité... Je trouve que beaucoup de disques "indés" actuels manquent d'ambition et valorisent plus le processus que le résultat (en gros l'important c'est de participer plus que de faire un bon disque qui restera). Il y a bien sûr des exceptions. Par exemple j'ai été vraiment très agréablement surpris par l'album de Tapeworms qui sera probablement un de mes disques français préférés de 2020: de l'indé avec des influences super classiques (MBV, TFC, Stereolab) mais super bien produit et avec d'excellentes chansons. Et il y a les groupes qui ne déçoivent pas, Proper Ornaments pour moi par exemple: pas de mauvaise (ni de bonne) surprise, c'est toujours très quali et cool, une carrière à la Teenage Fanclub donc.
Globalement en tout cas je sens que la scène "garage" (avec des guillemets parce qu'il y n'a pas que du garage) des années 2010 est un peu essoufflée et que ceux qui prennent le relais restent trop dans la même logique pour faire une différence, enfin c'est mon ressenti ? Il faudrait un changement de paradigme pour vraiment retrouver de l'énergie et une émulation.
De fait la presse musicale rock est victime:
- du désamour pour le rock (et du manque de locomotive pour le genre)
- du vieillissement du public rock et du public des lecteurs
- de la crise de la presse écrite
Sur les blogs maintenant. Après l'euphorie des années 2000 et la "réappropriation" des moyens de communications par les fans, on a eu la professionnalisation de la communication/écrit sur internet. Au final les gros ont largement "verrouillé" à nouveau les possibilités pour les petits de se faire connaître... Internet était un eldorado pour les passionnés et les gens qui ne trouvaient pas de gens comme eux, c'est devenu une énorme machine à lisser les goûts et à survaloriser les stars. Tenir un blog musique est très ingrat: tu n'as presque aucun avantage à en tirer en 2020. Ce n'est pas valorisé d'écrire d'une part et d'autre part les gens découvrent de la musique souvent autrement (ce qui est en partie dommage). Aujourd'hui les "blogs" de 2020 ce sont surtout les chaînes youtube dédiées, les tik tokers et les playlists spotify. J'exagère à peine: un tik tok fait exploser les écoutes sur "dreams" de Fleetwood Mac, aujourd'hui si pitchfork fait une chronique sur Rumours est-ce que ça fait le même effet sur les écoutes ? Pas si sûr... Les chaînes youtube elles font monter la cote des disques.
C'est triste parce que je pense que l'écrit est très important, c'est un "témoignage" à chaud sur une époque, l'écrit reste et donne le mood d'une époque...
Après il y a toujours des blogs super, mais je comprends vraiment les gens qui s'arrêtent car ça peut être vraiment déprimant quand tu vois le "retour" sur ce que tu fais (ou plutôt l'absence de retour
). C'est vite tentant de faire des sujets plus "à like" que des sujets qui te tiennent à cœur...
Bref oui j'ai peur que ce soit un combat d'arrière garde mais je n'arrive pas à voir "le progrès" dans tout ça pour autant haha