Et les livres sans images, alors?

Et la Compagnie des Glaces, dans tout ça ?

Omsk a écrit:

Malgré un titre tape-à-l’œil (l'original étant "What's the matter with Kansas ?") et quelques coquilles un bouquin fort intéressant au demeurant. Traditionnellement parti de gauche (travailleurs, syndiqués...), les Démocrates changèrent de tactique dans les années 80 : électoralement (en ciblant les CSP blanches +) et pragmatiquement (en monnayant le soutient de gros donateurs) ; bref en abandonnant toute politique économique aux mains des marchés. Ce qu'illustre bien Frank, c'est comment les Républicains (parti historique des affaires) ont su séduire l'électorat populaire. Il prend notamment l'exemple de son Kansas natal, ancien bastion populiste gauchiste devenu farouchement conservateur.

La lutte est passée de l'économie au terrain de la guerre culturelle, des valeurs et de l'authenticité. Alors que les Républicains soutiennent déréglementation et délocalisation, ils s'assurent le soutien de leurs victimes en les exhortant à lutter contre l'avortement, l'évolutionnisme ou le mariage gay. Leurs ennemis : Hollywood, la justice, l'administration... Ainsi John Kerry en 2004 a perdu face à Bush, car on moquait sa culture française de dandy de la côte est (Bush représentant le sympathique cow-boy tellement américain / alors qu'il est issu d'une riche dynastie politicienne). Via une victimisation permanente (les ploucs dont tout le monde se fout) et un brin de conspirationnisme, la droite gagné le cœur des États-Unis.

Ben, je viens de le finir. D'accord avec ton avis, et la préface d'Halimi (résonances françaises) est plutôt pertinente. Merci du conseil.

Mais de rien, Peter. Ca fera 100 francs. Si ça t'intéresse (mais de l'autre bord politique), un essai bien troussé de Wolfe, où il raconte l'Amérique alternative des 50's et 60's (avec notamment l'acoquinement de la haute société new-yorkaise avec les Black Panthers).

Omsk a écrit:

(avec notamment l'acoquinement de la haute société new-yorkaise avec les Black Panthers).

De quoi alimenter la paranoïa des Républicains conservateurs ...

Pourtant loin de céder aux sirènes des prix et des rentrées littéraires, j'ai avec plaisir terminé ceci :



Certes, on atteint pas le nirvana littéraire et Carrère, bourgeois parisien, a tendance a inclure dans sa prose tout ou partie de ses brillants amis : écrivains, chercheurs... Néanmoins, le sujet est particulièrement intéressant et fouillé pour qu'on se laisse sans bévue prendre dans ses filets. Carrère entrecroise sa vie avec celle de Limonov, aventurier des temps modernes qu'il aurait sans doute aimé être. Un homme peu commun qui fut tour à tour : voyou, poète de l'underground soviétique, larbin pour milliardaire new-yorkais, journaliste, mercenaire pro-serbe, taulard et homme politique. Parallèlement à cela, il est aussi connu pour ses œuvres littéraires.

A travers lui, on plonge dans le XXème siècle et croise des personnages célèbres (Soljenitsyne, Dali, Warhol, Edern Hallier...) . Limonov est un ovni, nostalgique de la puissance de l'URSS, méprisant l'intelligentsia et les puissants ; et aspirant surtout à prendre leur place. C'est surtout un autodidacte, sans vraiment d'idéologie définie, qui se révèle au cours des pages plutôt attachant (car à la marge et iconoclaste), voulant se forger un premier rôle et qui, malgré une certaine notoriété, ne sera jamais qu'un éternel second couteau.

L'histoire d'un immigré lituanien croyant trouver la fortune aux States et se retrouvant employé aux abattoirs de Chicago (avant de sombrer totalement pour retrouver espoir sur la fin du roman). Un livre dont le style doit se rapprocher de Zola (que je n'ai pas lu) voire de London et d'Orwell. En effet, c'est une plongée dans le glauque, l'infâme, la tristesse de l'industrie agroalimentaire de l'époque (déjà pas réjouissante aujourd'hui, cauchemardesque au début du XXème) et de son environnement. Une fresque / épopée sociale à l'américaine.

en ce moment je lis Le Matin des Magiciens
c'est un livre dont le but et de faire ouvrir les yeux, il s'agit d'une sorte de catalogue de phénomènes que la science classique n'explique pas, et ce livre ne se fait pas pour autant le défendeur de la pseudo-science, mains interroge plutôt la science officielle sur son "manque d'ouverture" vis à vis de certaines choses sous prétexte de ne pas les comprendre

blau_up a écrit:

en ce moment je lis Le Matin des Magiciens
c'est un livre dont le but et de faire ouvrir les yeux, il s'agit d'une sorte de catalogue de phénomènes que la science classique n'explique pas, et ce livre ne se fait pas pour autant le défendeur de la pseudo-science, mains interroge plutôt la science officielle sur son "manque d'ouverture" vis à vis de certaines choses sous prétexte de ne pas les comprendre

ah ouais c'est genre "la grande soirée du paranormal" sur TF1 mais en bouquin ?

Perso, après avoir vu le film... un certain nombre de fois, je me décide enfin à lire Shining en livre....

Eh ben déjà à peine à la page 100, on réalise à quel point Kubrick a pris un certaibn nombre de libertés avec le bouquin d'origine..

Guic' the old a écrit:

Perso, après avoir vu le film... un certain nombre de fois, je me décide enfin à lire Shining en livre....

Eh ben déjà à peine à la page 100, on réalise à quel point Kubrick a pris un certaibn nombre de libertés avec le bouquin d'origine..

King, satisfait du film en tant que spectateur, s'estimait trahit en tant qu'écrivain. Il le fut beaucoup moins lorsque sortit plus tard un téléfilm, jugé plus fidèle. La page wikipedia me semble assez bien foutue sur les différences livre / film (notamment la place de l'alcool).

PS : ça, c'est pas dégueu non plus.

Omsk a écrit:

Guic' the old a écrit:

Perso, après avoir vu le film... un certain nombre de fois, je me décide enfin à lire Shining en livre....

Eh ben déjà à peine à la page 100, on réalise à quel point Kubrick a pris un certaibn nombre de libertés avec le bouquin d'origine..

King, satisfait du film en tant que spectateur, s'estimait trahit en tant qu'écrivain. Il le fut beaucoup moins lorsque sortit plus tard un téléfilm, jugé plus fidèle. La page wikipedia me semble assez bien foutue sur les différences livre / film (notamment la place de l'alcool).

PS : ça, c'est pas dégueu non plus.

Ouais, ben d'ailleurs, quand on se tape le téléfilm, on se demande bien pourquoi il fait la fine bouche devant le Kubrick.

Après une adaptation ciné n'a pas nécessairement vocation a être la plus fidèle possible, même si c'est devenu le St Graal pour caresser les nerds dans le sens du poil, notamment au niveau des BD ( Sin City, Watchmen... ) Après, si c'est pour reprendre plan par plan une œuvre déjà existante, ça fini par devenir aussi inutile et absurde que "Psycho" version Gus Van Sant....

Ben le fait est que, pour beau qu'il soit, le film a un énorme défaut ... dans le jeu deNickolson, qui parait fou dès le premier plan du film, des son sourire pendant l'entretien d'embauche il fait flipper.

On le voit pas vraiment sombrer dans la folie, je trouve, juste... qu'elle se révele, mais autant la tension progresse dans le filmp, autant on dirait plus un switch on / off concernant Torrance et sa folie.

J'en dirais plus une fois le bouquin fini, mais déjà, là, page 150, c'est flagrant la différence de traitement. (En même temps, Kubrick a toujours été plus un façonneur d'ambiance et d'intrigues qu'un créateur de personnnages...)

teenagegraveman a écrit:

ah ouais c'est genre "la grande soirée du paranormal" sur TF1 mais en bouquin ?

fait par un scientifique et un journaliste/écrivain

un bon divertissement si on ne se montre pas trop exigeant (mais au moins l'idée de base est brillante)

J'arrive pas à juger si c'est ou pas du HS en fait, ça...

"Cherokee" est le troisième livre de Jean Echenoz que je lis, après "Les grandes blondes" et "Je m'en vais", et je ne me lasse pas de cet auteur, sans doute le meilleur écrivain français contemporain. C'est brillant sans être clinquant, décalé, remarquablement écrit, original, et le style du bonhomme est immédiatement reconnaissable: ludique, ironique, faussement mélancolique, truffé de comparaisons inattendues et de ruptures. Le nouveau roman est clairement passé par là.

Il s'est ces dernières années lancé dans ce qu'il appelle le roman biographique (les "vies imaginaires") avec trois ouvrages sur Ravel, le coureur Zatopek et l'inventeur Nikola Tesla. Je ne les ai pas lus, mais je ne doute pas de leur qualité.

Deux citations intéressantes:

"Je crois surtout à l'obstination dans l'écriture, et pas tellement à l'inspiration."

" J'écris pour moi en tant que lecteur. J'écris ce que je souhaiterais lire."

Ca me parle.

Ouaip. J'avais lu "Je m'en vais" quand c'était sorti. Un des rares auteurs contemporains que je lis (les yeux fermés ?). Un récit qui promène et abuse son lecteur, des silences racontés avec des comparaisons qui nous parlent, des portraits efficaces, réalisés, parfois, en pleine action. Bref, un auteur à suivre, en effet.

C'est accessible aux béotiens ou faut être agrégé?

John the revelator a écrit:

C'est accessible aux béotiens ou faut être agrégé?

Je l'ai lu sans être agrégée. Aussi ça ne se lit pas non plus comme un livre de Beigbeder

Mince, je n'ai pas lu de livres de Beckbédé... ça se lit comment? (De gauche à droite, de haut en bas, en tourantn les pages, ok) Si c'est comme le dernier bouquin conseillé par Béro, je crois que j'irais noyer mon illetrisme et mon inculture dans un verre d'absynthe. Tiens d'ailleurs, en parlant de ça, un ptit verre

John the revelator a écrit:

Mince, je n'ai pas lu de livres de Beckbédé... ça se lit comment? (De gauche à droite, de haut en bas, en tourantn les pages, ok)

Difficile à dire, je n'en ai jamais lu.

Ca se lit... Correctement. pour tous ceux publiés jusqu'en 2001
Jusqu'à la page 10 pour tous ceux publiés après (sauf le dernier)

Oui, j'ai eu nombre de lectures difficilement avouables en ces lieux.

Pour revenir à Echenoz, c'est vraiment du genre accessible: le genre de mec qui arrive à rendre la littérature ludique et la lecture "agréable" (même si j'abhorre cette expression). En prime la construction du récit est vraiment brillante.

J'ai déniché quelques extraits:

1. [...] un aéroport n'existe pas en soi. Ce n'est qu'un lieu de
   passage, un sas, une fragile façade au milieu d'une plaine, un belvédère
   ceint de pistes où bondissent des lapins à l'haleine chargée de
   kérosène, une plaque tournante infestée de courants d'air qui charrient
   une grande variété de corpuscules aux innombrables origines - grains de
   sable de tous les déserts, paillettes d'or et de mica de tous les
   fleuves, poussières volcaniques ou radioactives, pollens et virus,
   cendre de cigare et poudre de riz.
   
   (Je m'en vais, p.10, Les Éditions de Minuit, n°17, 1999)
   
2. Il est, chacun peut l'observer, des personnes au physique
   botanique. Il en est qui évoquent des feuillages, des arbres ou des
   fleurs [...] quant à lui, toujours mal habillé, rappelle ces végétaux
   anonymes et grisâtres qui poussent en ville, entre les pavés déchaussés
   d'une cour d'entrepôt désaffecté, au creux d'une lézarde corrompant une
   façade en ruine. Étiques, atones, discrets mais tenaces, ils ont, ils
   savent qu'ils n'ont qu'un petit rôle dans la vie mais ils savent le
   tenir.
   
   (Je m'en vais, p.28, Les Éditions de Minuit, n°17, 1999)
   
3. [La moitié féminine se divise] en deux populations : celles qui,
   juste après qu'on les quitte, et pas forcément pour toujours, se
   retournent quand on les regarde descendre l'escalier d'une bouche de
   métro, et celles qui, pour toujours ou pas, ne se retournent pas.
   
   (Je m'en vais, p.128, Les Éditions de Minuit, n°17, 1999)
   
4. Le corps se transforme en passant une frontière, on le sait
   aussi, le regard change de focale et d'objectif, la densité de l'air
   s'altère et les parfums, les bruits se découpent singulièrement jusqu'au
   soleil lui-même qui a une autre tête.
   
   (Je m'en vais, p.185, Les Éditions de Minuit, n°17, 1999)
   

Si je ne devais acheter qu'un livre de Echenoz, tu me conseillerais lequel?

Je viens de finir pour la deuxième fois 1984, une des rares œuvres dont je me suis souvenu jusqu'ici (pour tout dire, j'oublie en grande partie ce que je lis ou regarde quelques temps après). Non pas le meilleur bouquin d'Orwell (ils sont légion) mais décidément un sacré bon roman. Je file me changer les idées en attaquant le kafkaïen Procès.