Et les livres sans images, alors?

Citation :

Et puis... les bouquinistes vendent rarement des livres neufs.

Ok c'est cool.

Citation :

C'est sans doute une démarche vendeuse, d'ailleurs à ce que je sache les artistes, musiciens ou écrivains sont des êtres ordinaires qui ne vivent pas d'amour et d'eau fraiche, mais ce n'est pas non plus une démarche bien juteuse ni réellement hypocrite.

Si t'enlèves la moitié d'une phrase, tu peux la refaçonner assez facilement.
Parce que, pardon hein, mais y a une différence assez profonde entre présenter un "produit" sans artifice de com' (première partie de la phrase : "démarche vendeuse", pas répréhensible, effectivement) et débarquer avec une position de gros-rebelle-anti-société-pas-gentille et profiter justement de tout un appareillage médiatique pour vendre le sien (c'est la seconde moitié de la phrase, le "et hypocrite" - je te prierai de ne pas citer ça pour me dire que ça fait pas la moitié de ma phrase mais deux septièmes seulement). Je suis en train de lire des extraits de son bouquin : il déboîte avec brio (c'est assez marrant) le monde de la télé. OK, ils sont méchants, c'est vrai, et c'est fait avec humour. Mais s'ils sont tellement odieux, qu'est-ce qu'il va foutre sur les plateaux?!

De toute façon, mon premier propos à moi c'est que le fond de commerce de ce type, c'est la controverse. Il est comparable à Zemmour, en un sens. A la limite, qu'il soit bon écrivain ou pas, je dirais que j'en ai rien à carrer.

Pardon mais ton histoire de première moitié, de seconde moitié, de deux septièmes etc est un peu confuse.

Toujours est-il qu'il fut présent de temps en temps sur les plateaux télés c'est vrai, je ne sais pas si c'est autant le cas aujourd'hui qu'il y a quelques années.
Ayant été chez des maisons d'éditions assez renommées et passant pour être talentueux, à notre époque, je ne trouve pas ça très surprenant qu'il fusse présent dans certaines émissions.
Devenu maintenant indépendant, je ne vois pas pourquoi il renoncerait à utiliser son statut de semi-vedette pour pouvoir vendre son stock de livres plus rapidement et narguer son éditeur, à moins d'être un imbécile ou un saint, et je pense qu'il n'est ni l'un ni l'autre.
Sinon je ne sais pas quel est l'importance de l'émission où je l'avais vu la dernière fois, je ne connaissais pas le présentateur et j'avais regardé ça sur youtube.
Je ne sais pas si c'est un ami proche et influent de son père qui a mis la vidéo en ligne.
Après, le concept de mordre la main qui le nourrit (ou qui contribue un peu à le nourrir), ça ne me révolte pas non plus, tout le monde le fait.
Il ne m'avait pas semblé, lorsqu'il énumérait les vertus financières de l'auto-édition, adopter tant que ça la pose rebelle, tu n'as pas l'impression de forcer un peu le trait?
Je suis sûr que tu n'es pas sincère dans ta véhémence, ou alors... tout ça parce qu'il a dit que le rock'n roll était une musique pauvre?

MC5 m'a tuer a écrit:

qu'il soit bon écrivain ou pas, je dirais que j'en ai rien à carrer.

Ah bien...

Nabe déchaine les passions, on dirait. Remarque, c'est bien, ça donne un peu d'animation ! Le seul type des médias qui a déclaré soutenir et apprécier Nabe, c'est Frédéric Taddeï. Il est donc apparu dans "Ce soir ou jamais". Même s'il a fait de la télé, donne des interviews (...) ; je ne suis pas sûr que sur vingt ans il ait été sur-médiatisé.

Sinon MC5, pour moi, l'intérêt de la littérature c'est justement qu'un auteur (parfois) dont on ne partage pas forcément les opinions te fasse avec talent naviguer hors des sentiers battus, voire en eau trouble, non ? Et dans toute son œuvre, les médias ne doivent pas occuper toute la place non plus.

Citation :

tout ça parce qu'il a dit que le rock'n roll était une musique pauvre?

Ah ah ouais, c'est ça.

Citation :

Ah bien...

Je sais, c'est con, mais je trouve qu'il dépasse les bornes de la malhonnêteté. Et comme il n'est pas un écrivain suffisamment doué pour le faire sans qu'on puisse s'en foutre (d'autant plus que sa suffisance est aussi très présente dans ses écrits), je ne peux pas.

Omsk, je peux poster les extraits que j'ai lus, si tu veux.

MC5 m'a tuer a écrit:

Omsk, je peux poster les extraits que j'ai lus, si tu veux.

Pourquoi pas. Qu'on puisse encore polémiquer sur quelques pages.

http://fluoglacial.free.fr/index.php?2010/07/07/780-nabe-roman

Une critique et plein d'extraits, donc.

j'aime plutôt bien ces extraits

Idem j'ai trouvé plutôt bons ces quelques extraits, notamment ceux sur la jeunesse et l'esprit galvaudé Canal. Après, c'est un peu le Nabe qui descend de l'Olympe pour attribuer bons et mauvais points sans se remettre, lui, en question. Ceci dit, il est difficile de juger l'écrivain alors qu'aucun ici n'a lu un de ses livres en intégralité. Le personnage est plus facile à observer.

Il n'y va pas de main morte avec les anglicismes, et ça ça suce gros comme on dit dans la west-coast.

Sinon bon... j'ai été un peu déçu, ça ne me donne pas envie de lâcher mon Barbey en tout cas.

Viens de finir ceci :



Von Salomon y conte son engagement à 16 ans dans les Freikorps sur les marges de l'empire allemand alors rogné de tous bords. Il y fait le jeu de la droite la plus conservatrice puisqu'il continue ses actions jusqu'en 1922, participant à la quasi guerre civile d'alors, allant via de multiples cellules secrètes jusqu'à l'assassinat de personnalités politiques de la république de Weimar. Actions qui lui voudront la prison pour 5 ans. Von Salomon, plus qu'un simple réactionnaire, est un sacré écrivain à la langue bien tournée.

"Mais en réalité, me disais-je, ces gens si assurés n'étaient-ils pas en quelque sorte enchaînés eux-aussi ? Sortiraient-ils jamais de leurs étroites limites ? Était-ce là la liberté dont j'avais rêvé ? Au fond tout ce que disaient ces gens n'était-il pas vu sous un faux angle, oui, déformé et étroit dans sa diversité même ? Lequel d'entre eux avait conscience du moment qui passait ? Lequel d'entre eux s'était construit sa vie, comme on pouvait la construire lorsqu'on était libre, véritablement libre ? Sous leur aspect repu on devinait un mécontentement apitoyant mais plein de suffisance. Tandis que mon mécontentement à moi me brûlait, me harcelait."

On retrouve même quelques points intéressants dans sa pensée : nihilisme anti-tout, mépris de la bourgeoisie, rejet d'une certaine démocratie. Et d'ailleurs, contrairement à d'autres, il ne sera jamais membre du parti nazi et restera toujours critique vis à vis de ses séides.

Citation :

J' étais un raté moderne. Un type qui a tout fait comme il faut. Pas d'ennuis avec les flics, à part quelques contraventions, un diplôme, pas de handicap, un physique ni gracieux ni disgracieux. Et pourtant j'y arrivais pas. On devrait filer une notice à la naissance : Comment se démerder dans un monde pourri et corrompu peuplé à 95 % d'abrutis complets'. Entretiens d'embauche absurdes, saouleries solitaires et étreintes minables, le quotidien risible d'un antihéros de la génération Y balloté entre l'échec et la résignation, qui finira par dégoter une carrière et un amour forcément imparfaits.

http://www.evene.fr/livres/livre/pierre-noirclerc-d-autres-prendront-nos-places-606891.php

Malgré un titre tape-à-l’œil (l'original étant "What's the matter with Kansas ?") et quelques coquilles un bouquin fort intéressant au demeurant. Traditionnellement parti de gauche (travailleurs, syndiqués...), les Démocrates changèrent de tactique dans les années 80 : électoralement (en ciblant les CSP blanches +) et pragmatiquement (en monnayant le soutient de gros donateurs) ; bref en abandonnant toute politique économique aux mains des marchés. Ce qu'illustre bien Frank, c'est comment les Républicains (parti historique des affaires) ont su séduire l'électorat populaire. Il prend notamment l'exemple de son Kansas natal, ancien bastion populiste gauchiste devenu farouchement conservateur.

La lutte est passée de l'économie au terrain de la guerre culturelle, des valeurs et de l'authenticité. Alors que les Républicains soutiennent déréglementation et délocalisation, ils s'assurent le soutien de leurs victimes en les exhortant à lutter contre l'avortement, l'évolutionnisme ou le mariage gay. Leurs ennemis : Hollywood, la justice, l'administration... Ainsi John Kerry en 2004 a perdu face à Bush, car on moquait sa culture française de dandy de la côte est (Bush représentant le sympathique cow-boy tellement américain / alors qu'il est issu d'une riche dynastie politicienne). Via une victimisation permanente (les ploucs dont tout le monde se fout) et un brin de conspirationnisme, la droite gagné le cœur des États-Unis.

Cool, il était aussi sur ma liste... je le louerai donc un de ces quatre.

Tout lien avec la politique française (ou européenne) étant purement fortuite.

Évidemment, je n'ai pas pu résister à l'envie d'en citer de brillants passages (trois par page) à des amis qui pourront désormais briller en société grâce à leurs connaissances en matière de classe vestimentaire truande (le pyjama en soie assorti à la tapisserie murale mais pas trop quand même/les grolles vernies en daim voire en peau de reptile/la parcimonie et la juste mesure concernant les bijoux, etc).

Attention monument littéraire !



Siméon, un survivant des camps, arrive dans un village niché au fond d'une vallée perdue. Il compte y coucher sur le papier les cauchemars auxquels il a survécu. Hélas pour lui (et, sadiquement, tant mieux pour nous), il va s'enferrer dans une communauté rurale complètement abrutie et dégénérée. On y croise des personnages tirés de décors moyenâgeux peints par Bosch : tenancière veule débordant sous ses kilos, douaniers confits dans leur petite autorité, vieillards grabataires stupides, rebouteux dément... La population s'auto-reproduit, baigne dans sa bêtise crasse, ne se nourrit que de lentilles (la seule plante qui pousse dans la vallée et de laquelle toute la nourriture est extraite : de la farine à l'alcool) tout en subissant le rythme des saisons car quand il ne pleut pas en permanence, il gèle à pierre fendre.

Plus l'on avance dans le roman, plus on assiste à la plongée aux enfers du personnage principal. D'abord rejeté car étranger, on finira par lui prodiguer une fonction "scientifique", source de toujours plus de brimades et de blessures. Siméon, toujours optimiste, veut en faire son sacerdoce ; ce qui ne l'empêchera pas de tomber toujours plus bas. Pons (sans livrer de références au réel) signe un bouquin proprement hallucinant. Si le style n'est pas dément, il arrive sans forcer à rendre le dégoût et l'horreur de nombreuses scènes palpables (même avec un simple œuf). Sa vision de l'humanité et de la vie restent très pessimistes (notamment la toute fin). Un conte philosophique cauchemardesque parfois drolatique à lire de toute urgence.

j'en ai lu un tiers pour l'instant, c'est glauque mais passionnant.

Mouahaha. Bien plus frôle que dans mes souvenirs.

Hey ! Béro ! On causait SF qui voit la fin du monde par le petit bout de la lorgnette et bavarde autour, j'y pense du coup : as tu lu l'Ultime Alliance, de Pierre Billon ? La fin de l'humanité vue depuis un sanatorium suisse, sous l'inspiration Thomas Mann.

Nope, mais je note.

J'en suis aux deux tiers, ça déchire. Un des bouquins préférés de mon pere, qui est plutot une bonne référence en littérature de genre.
Ca cause de science, de psychanalyse, d'amour, de dieu, d'humanisme, de l'age, et de bien des choses. Riche, dense, fort bien écrit si l'on passe sur quelques digression internes au personage qui semblent un peu vieillote (mais c'est sans doute une manière de se réclamer d'une certaine littérature du XXeme siècle).

Pétard.
Il le fôôôôô.

Je lis "Cherokee" de Jean Echenoz, dont j'ai peut-être déjà parlé. Un des meilleurs écrivains français actuels, au style imparable, au ton joliment distancié, à l'humour subtil, aux intrigues foutraques: un maître de la tournure de phrase, sans clinquant ni gros sabots.

ZiGGy a écrit:

SF fin du monde

Sans présager de vos goûts littéraires, j'ose avancer un bouquin qui, par son ton et ses thématiques, pourrait vous intéresser. Il s'agit de "Sécheresse" de J.G Ballard. La fin du monde s'y déroule (on se doute via le titre de laquelle des manières), certes de façon terrifiante, mais avec de grands moments de poésie et de plénitude. D'ailleurs, Ballard plus que de la SF ou du fantastique, c'est de la (grande) littérature tout court.

Omsk a écrit:

D'ailleurs, Ballard plus que de la SF ou du fantastique, c'est de la (grande) littérature tout court.

Oui, trois fois oui.
C'est rageant, mais je ne me souviens pas si j'ai lu un seul de sa série de variations sur la fin du monde: Sécheresse, Le Vent de Nulle part, puis çui sur le déluge aquatique (chais plus le titre), ni même le plus fameux, La Forêt de Cristal, apocalypse d'une onirique beauté d'un monde tout entier cristallisé.
Je me rappelle avoir été happé, dans sa période catastrophiste-moderniste par IGH et L'île de Béton. Impressionnante lecture de quelques pages des extrémistes Crash et Foire aux Atrocités.
Fascination totale : Vermillons Sands et ses sociétés d'artistes oisifs et décadents aux visions surréalistes (les tableaux aux pigments autonomes, les maisons de corail qui se métamorphosent au gré des émotions des habitants...)
Bonne tenue de son dernier roman Que notre règne arrive, sur les contradictions de la modernité ( révoltes de ligues identitaires contre un centre commercial tentaculaire).