Et les livres sans images, alors?

Béroalde De Fuzz a écrit:

Yves Guillotines a écrit:

Je me souviens d'un petit contentieux qu'il y avait eu ici à propos de Bloy commentant la mort de Jaurès de manière choquante,

Tu confonds avec Péguy.



Si tu aimes les hommages posthumes assassins et fendards, ne manque pas les pages que Léon Daudet consacre aux funérailles de Hugo dans ses Mémoires (indispensable anthologie: Souvenirs littéraires, chez Grasset.)

Je crois me souvenir qu'il y avait aussi eu Bloy dans la polémique, je fouillerai dans les archives du topic.
Mon père doit avoir le livre de Daudet dont tu parles, je le lui emprunterai (comme je lui emprunté le Journal de Bloy d'ailleurs). Bloy n'a pas raté Zola, question hommage posthume ! 

bien barré

Quelqu'un a déjà lu ces livres d'Yves Adrien ? Est-ce qu'ils sont bien ? (est-ce que les écrits d'Yves Adrien sont bien, de manière générale ?)

 

Ses livres dévoilent-ils un personnage aussi satisfait et abruti que cet extrait le laisse suggérer ?

http://www.premiere.fr/Bandes-annonces/Video/Des-jeunes-gens-modernes-Ext-4

Allez, je sors de ma réserve studieuse pour répondre à ces questions essentielles:

D'Yves Adrien, l'indispensable, c'est son article "Je chante le rock électrique". Fondateur, quintessentiel et sismique; la première redécouverte des nuggets 60's en France. Mélange de punk, de théologie idiosyncrasique et de surrréalisme, qui détonne sans difficulté dans le milieu peu lettré des rockeurs. Grosse influence pour de nombreux blancs-becs chroniqueurs de compiles psyché.
Sa rubrique "Trash" quelque chose, une page dans les Rock& Folk du milieu des années 70 est tout aussi valable, une oasis garage-punk psyché-rimbaldienne. En gros, l'équivalent culturel français de Lester Bangs, pour la déconstruction et la réélaboration littéraire des codes de la critique rock.

Attention: produit type de la contre-culture française des années 70, science-fiction New Thing (Harlan Ellison, Ballard, Brian Aldiss...), atmosphère Actuel ou  Metal Hurlant, post-68, situationnistes et surréalisme, toute une époque; mieux vaut connaître.

Növövision, très marqué par son époque discö-synth, c'est-à-dire très très daté, a ses fulgurances. Je l'ai lu il y a trop longtemps pour en dire quelque chose de précis, mais sans doute peut-on encore s'y intéresser, ne serait-ce qu'à titre exotique et documentaire, pour se replonger dans l'atmosphère d'une époque. Dépaysant. (Intéressant aussi de constater à quel point l'univers rock a été complice de l'anti-humanisme contemporain, a flirté avec les fascinations post-humanistes, et n'a pas peu contribué à accentuer le chaos culturel dans l'esprit des dernières générations.)

2001 Apocalypse rock, même selon mes critères personnels fort tolérants pour l'abscons et l'hermétisme, m'avait paru pour le moins fumeux, et quelque peu complaisant, remâchant de singuliers souvenirs et de lointaines obsessions. Saluons tout de même en Adrien l'un des rarissimes critiques rock au point sur les nuances cultuelles du judaïsme à l'époque de Jésus: esséniens, saducéens, pharisiens, il maîtrise tout ça, chapeau.

Quant à l'auto-satisfaction du personnage, disons que passer des décennies dans la pose du Poète Maudit et Tourmenté peut laisser quelques séquelles. Mon critique rock préféré malgré tout.

 merci !
(j'avoue je suis fier de l'avoir sorti de sa réserve studieuse)

Et donc, pour les comme moi qui l'auraient jamais lu : Je chante le rock électrique

Béroalde De Fuzz a écrit:

En gros, l'équivalent culturel français de Lester Bangs, .

j'ai lu son texte mais Adrien était-il un novateur comme Bangs ou était-il influencé par lui?

Sûrement influencé, si j'ai bien compris ils l'étaient tous. "Je chante le rock électrique" c'est 1973, et un gars comme Garnier connaissait déjà Bangs à cette époque, on peut donc imaginer qu'Adrien aussi.
(Adrien, Garnier, Paringaux, Manoeuvre... Quelle époque, tout de même...  )

Cela dit, Ungemuth estime que leur écriture est différente : "Je n’aimais pas Yves Adrien. Ce qu’il fait, c’est en fait de la prose. Et la prose sur le rock and roll, ça ne m’intéresse pas du tout, hein. C’est beaucoup trop sérieux. Mais j’aime l’homme, le passeur, l’aiguilleur, le magicien. Quand j’ai découvert Lester Bangs, c’était ce que j’avais cherché toute ma vie. Le type était drôle, méchant, écrivait bien ; il écrivait de la musique…"

(pas claire d'ailleurs cette distinction - j'imagine que par "prose" il entend "prose poétique"...)

MC5 m'a tuer a écrit:

(Adrien, Garnier, Paringaux, Manoeuvre... Quelle époque, tout de même...  )

..)

tu as un intrus dans ta liste et ce n'est pas Paringaux que je ne crois pas connaître.

Paringaux c'est un gars qui désignait le Diddley Beat ainsi : "le son d'un éléphant qui lime une éléphante". 
Rédac chef historique de R&F, sinon, sacrée plume. J'ai relu des R&F du début des 70s y a quelques mois et il y allait à la hache - l'un de ceux qui, en matière de rock 'n' roll, voyaient plus de subversion dans le fun que dans l'esprit de sérieux, ce qui était, si j'en crois la rubrique courrier des lecteurs encombrée de longues remontrances envers "Paringaux qui n'est pas assez de gauche ce social-traître, laissez-nous faire du free-jazz révolutionnaire et nous ne voulons plus entendre parler de ces mongoliens de Stooges merci", loin d'être évident pour l'époque.

MC5 m'a tuer a écrit:

Paringaux c'est un gars qui désignait le Diddley Beat ainsi : "le son d'un éléphant qui lime une éléphante". 
Rédac chef historique de R&F, sinon, sacrée plume. J'ai relu des R&F du début des 70s y a quelques mois et il y allait à la hache - l'un de ceux qui, en matière de rock 'n' roll, voyaient plus de subversion dans le fun que dans l'esprit de sérieux, ce qui était, si j'en crois la rubrique courrier des lecteurs encombrée de longues remontrances envers "Paringaux qui n'est pas assez de gauche ce social-traître, laissez-nous faire du free-jazz révolutionnaire et nous ne voulons plus entendre parler de ces mongoliens de Stooges merci", loin d'être évident pour l'époque.

j'ai vu qu'il y a un bouquin

http://www.amazon.fr/Its-only-rocknroll-autres-bricoles/dp/2360540416/ref=asap_bc?ie=UTF8

il est comment?

MC5 m'a tuer a écrit:

(pas claire d'ailleurs cette distinction - j'imagine que par "prose" il entend "prose poétique"...)

En effet, pas clair. Je pense plutôt qu'il entend "prose" comme synonyme de "discours savant", il abomine les mecs comme Greil Marcus qui font du rock, simple artefact divertissant, l'objet de considérations culturelles avec esprit de sérieux. Il y a surtout plus d'humilité réelle chez Bangs, qui sait qu'au fond, tous ces bavardages n'ont pas grande importance, tandis qu'Adrien a vite fait de se prendre au jeu de sa posture de prophète.

Quant à Paringaux, je ne l'avais pas beaucoup, mais si en effet dans le Rock&Folk de l'époque il anticipait l'esprit garage-punk, il était en effet très fort. Loin d'être évident pour l'époque, oui.

Tiens, « je chante le rock électrique » je l'ai cité cette année dans un compte rendu de La culture du pauvre (vo : The Uses of literacy), de Richard Hoggart — en note de bas de page, mais quand même... ils parlent exactement de la même chose mais avec des points de vue radicalement opposés. Hoggart verrait plutôt dans « la culture du juke-box » l'exemple par excellence d'une culture populaire anglaise bousillée par les productions de masse américaines (il écrit ça milieu 1950). Je l'ai pas sous la main mais il y va pas de main morte sur les types qui traînent dans les milk bars : des gros nazes, des ratés qui savent même pas draguer, etc. Très bien ce livre, d'ailleurs  

(J'avais écrit ça pour un type qui va apparemment travailler sur le punk. C'est marrant parce qu'il a l'air persuadé que c'est un truc de populo. Pas osé lui dire que va falloir être plus nuancé que ça — parce que s'il fallait trancher, aujourd'hui ça serait plutôt dans l'autre sens, en tout cas à Paris ça ne fait guère de doute.)

Et présentement je feuillette une anthologie, que j'avais acheté il y a longtemps :

"Préface par Pierre Lescure", ça claque putain.

Je connaissais pas le type, du coup pas lu la préface, mais il a l'air sympa effectivement

L'est bien sinon ce bouquin ?

Je viens de terminer l'excellent journal de Léon Bloy, et j'enchaîne sur un Jacques Perret hilarant :

Ben c'est le problème, j'imagine, avec ce genre de format : y'a des trucs très bien et pis d'autres quand même très anecdotiques. Je pense que tu peux trancher selon que t'aimes ou pas lire des textes un peu longs, fouillés et soignés sur des types dont t'as a priori rien à foutre (Michael Jackson, des groupes de hard rock à la con...)

je viens de me procurer ça (un magazine hors norme sur le x):



http://fr.ulule.com/distorsion-x/

le 2ème est en préparation

Il m'avait fait de l'oeil ce magazine, c'est fait par les gens de Metaluna il me semble (magazine que je n'ai jamais lu mais qui avait l'air hautement recommandable).

Tu me diras ce que vaut le contenu.
C'est toujours trouvable ?

je l'ai acheté chez blind spot. effectivement, une partie  de l'équipe est la même que metaluna

Metaluna (le magazine, pas le fanzine) était franchement imbuvable.

Après m'être farci un ouvrage de théologie, l'Infaillibilité de Antoine Blanc de Saint-Bonnet, j'attaque l'Oblat de Huysmans dernier livre de sa tétralogie de la conversion.

En ce qui concerne l'Infaillibilité, je ne recommande pas ce type de lecture pour l'été, le soleil, le bruit des vagues et le chant des cigales rendent plus difficile la concentration nécessaire à la lecture de ce genre de livre. Mais ça peut être une façon assez originale de faire pénitence. Ce livre m'a pourri tout le mois de juillet, mais je l'ai néanmoins trouvé extrêmement intéressant et édifiant. Et il faut savoir que Blanc de Saint-Bonnet (qui malheureusement ne s'appelait pas Robert) était très estimé de Barbey d'Aurevilly, et de Bloy, par ricochet.



Ce qui est rigolo c'est que l'Oblat qui contient une centaine de pages de plus va m'occuper trois jours à tout casser.

Robert de Saint-Bonnet cela aurait eu en effet une sacrée gueule !

Dommage qu'il n'a pas été nommé pair de France !