Et les livres sans images, alors?

John the revelator a écrit:

"La horde de contre-vent" est un récit épique fantasy génial (à lire pendant un trek en Islande pour bien s'imprégner du décor et la douleur physique des personnages ).

Tu penses que ça peut marcher avec la Norvège aussi?

Guic' the old a écrit:

Après, perso j'en ai jamais vraiment lu beaucoup, mais c'est plus... par déception. Les dystopies on dirait qu'en fait, une fois fixée la dystopie elle - même, tu n'as plus qu'à appliquer un déroulement standard pour contrer ton histoire (simili élu qui se rebelle contre le système en place et qui y arrive - ou pas en trouvant l'amour - ou pas - en chemin. Voilà: 4 scénarios, deux inconnues)
J'exagère, je sais. D'ailleurs, j'ai le maître du haut chateau de K. Dick qui m'attend, après Ulysses. Soit donc dans 2 mois.

c'est clairement ça les dystopies !
après certaines sont mieux que d'autres: des mondes plus intéressants, des personnages principaux plus aboutis

mais il y a toujours cette notion de "cécité" de la société, de dictature "molle", de limite de l'exercice de la liberté (est-ce que la santé, le bonheur sont plus importants que la liberté) ?

ça ne m'empêche pas de beaucoup aimé l'exercice, surtout quand les gens réfléchissent à un monde vraiment terrifiant de normalité et de réalisme tout en ficelant une histoire (d'amour, de destiné) assez bien branlée

le risque étant toujours de faire passer l'univers avant l'histoire

Guic' the old a écrit:

John the revelator a écrit:

"La horde de contre-vent" est un récit épique fantasy génial (à lire pendant un trek en Islande pour bien s'imprégner du décor et la douleur physique des personnages ).

Tu penses que ça peut marcher avec la Norvège aussi?

Oui, encore que j'imagine qu'il y a trop d'arbres en Norvège pour coller vraiment à l'univers du bouquin.

Quelqu'un a-t-il déjà lu Thoreau par ici ? Des conseils d’œuvres ou plutôt de traductions de ses œuvres ?

Sinon, je viens de finir La femme de trente ans du sieur Balzac (avec l'idée un peu conne que ce serait con de le lire à 40 piges.). Même si ce n'est pas mon Balzac préféré, ça reste du Balzac, c'est-à-dire un chef d'oeuvre. Je me tâte, à l'aube d'une retraite forcée de quelques mois, de tenter une nouvelle fois La Recherche, en battant mon record du quatrième tome qui m'a laissé de très mauvais souvenirs de concours. 

Margaret Catcher a écrit:

Quelqu'un a-t-il déjà lu Thoreau par ici ? Des conseils d’œuvres ou plutôt de traductions de ses œuvres ?

Ben, Thoreau c'est surtout Walden, un des monuments de la littérature américaine
à la fois expérience ascétique et manifeste naturaliste (au sens philosphique)
après pour les traductions françaises, je peux pas t'aider

Pour Walden, il faut , en tout, cas éviter la traduction qu’en a fait Fabulet (collection l’Imaginaire je crois.)
 
Peut-etre voir du coté de Gillybœuf , il a traduit une correspondance Emerson-Thoreau , peut-etre en a –t-il traduit d’autres, je ne suis pas sure .

je viens de finir de lire ça qui est tout à fait cool dans le genre SF et plutôt bien écrit ! même école que Philip K Dick ou JG Ballard

en parlant de ce dernier j'ai attaqué ça:

Fini "marguerite et le Maître" de Boulgakov (vous m'aviez intrigué). "Curieux" au regard de ce que je lis habituellement, j'ai du mal à le faire rentrer dans la catégorie SF.

Alors je sens que l'on va dire, sans doute à juste titre, que je remets de l'huile sur le feu, mais voici ce que je lisais récemment dans un ouvrage d'Alain Decaux dans un chapitre consacré à Jaurès. Cela ne me paraît pas inopportun de parler du grand Jeannot un 1er mai:

"En 1913, Péguy est allé jusqu'à demander pour Jaurès 'une charrette et un roulement de tambour' - rien de moins. En février de la même année, il a écrit: 'Je demande pardon aux lecteurs de prononcer ici le nom de Jaurès. C'est un nom qui est devenu si bassement ordurier'. Il l'appellera encore 'gros bourgeois parvenu, ventru, aux bras de poussah', un 'malhonnête homme', et encore 'un pleutre, un fourbe parmi les fourbes, un grossier maquignon du Midi, un agent du parti allemand, le tambour-major de la capitulation'. Il résume tout cela en décrétant sans ambages que Jaurès est une de nos "hontes nationales'".

On me répondra sans doute que Decaux n'est qu'après tout un historien de télévision grand public et qu'il ne faut surtout pas réduire Péguy, précisément inaccessible aux lecteurs de célèbres académiciens, à ses élans guerriers et haineux, et on aura peut-être raison. Je dis bien peut-être.

blau_up a écrit:

Holala! Que de souvenirs!
Jack Barron, l'un des premiers chocs sf; je n'étais pas vieux à l'époque. Je me demande ce que ça ferait de le relire. Donc, ça tient encore le coup aujourd'hui?
Vermillon Sands, quelle poésie...

Je ne pense pas que Walden soit très compliqué à lire dans le texte. Sinon: "On the duty of civil disobedience", un texte qui affirme les droits de résistance de l'individu face à un Etat esclavagiste et impérialiste. Influence majeure sur Gandhi et Luther King of course, entre autres.

Perso j'avoue un gros faible pour Emerson, l'autre grand transcendantaliste américain, à la fois niétzschéen, mystique, prophétique et romantique. Une esprit rare, qui a nourri des géants comme Whitman, Lawrence ou Melville.

J'ai trouvé Walden dans une nouvelle traduction aux éditions Climats.  J'ai un peu calé au chapitre "Economie" lorsqu'il détaille toutes les dépenses qu'il a réalisées pour construire sa cabane, pour manger etc. Ce n'est pas inintéressant, certes, mais voilà... 
Du coup j'ai fait une petite pause d'une semaine pour me farcir du lourd, du très lourd : "Inferno" de Dan Brown qu'on m'a prêté depuis deux ans en me réclamant un avis et après tout, j'étais curieuse. Bref, maintenant que je l'ai lu, délectons-nous à profiter de cette noble légitimité de pouvoir en dire beaucoup de mal. Tout d'abord, il faut reconnaître au type le talent de ficeler assez correctement une intrigue, surtout au début parce qu'à la moitié du bouquin, qui est fort long, ça devient n'importe quoi. Autre élément qui n'est pas inintéressant, c'est le côté "guide du routard" l'auteur nous balade à Florence, Venise et Istanbul avec des anecdotes historiques et artistiques sur les lieux. Sinon, pour parler plus sérieusement, il y a deux gros problèmes dans ce bouquin : le premier et non des moindres, c'est qu'il est fort mal écrit. Il est bien ficelé mais on a plus l'impression de lire un scénario de film américain à gros budget que de lire une oeuvre littéraire. L'autre gros problème, et celui-ci me semble impardonnable voire très inquiétant, ce sont les idées que ce livre fait passer l'air de rien. Et oui, l'auteur prône le transhumanisme : comment résoudre le problème de la surpopulation mondiale ? un scientifique au QI hors norme et très méchant invente un virus qui va ravager la planète. Le héros va essayer de l'arrêter mais trop tard, le virus est propagé. La fin (désolée pour le suspense...) : En fait, le virus n'était pas si grave, il ne fait que modifier le génome humain en rendant stérile un tiers de la population mondiale qui ne s'en apercevra même pas. Donc, pas grave, ce scientifique très méchant était en réalité très gentil puisqu'il sauve l'humanité sans qu'elle s'en rende compte ! Merveilleux ! 
Je reprends Walden en étant pas peu fière d'avoir perdu une semaine pour avoir le "privilège" de dire que Dan Brown c'est vraiment de la merde.

De la merde que tout le monde lit. Sans doute précisément parce que c'est de la merde...

Tiens faudrait vraiment que je me mette à lire du Péguy, ce qu'en dit Hidalgo me le rend très, très sympathique !

Béroalde De Fuzz a écrit:

blau_up a écrit:

Holala! Que de souvenirs!
Jack Barron, l'un des premiers chocs sf; je n'étais pas vieux à l'époque. Je me demande ce que ça ferait de le relire. Donc, ça tient encore le coup aujourd'hui?
Vermillon Sands, quelle poésie...

C'est assez cool Jack Barron ! plutôt bien écrit et tout à fait dans l'esprit de ce que j'ai envie de lire en ce moment (SF "new wave" un peu barrée , plutôt bien écrite avec des éléments de contreculture etc. dans la mouvance Philip K Dick/ JG Ballard), j'essaie de creuser dans la collection "Ailleurs et Demain" de Gérard Klein, mon objectif étant de lire les auteurs français (Jeury et Curval en particulier que je me suis procuré, mais dans des éditions poches bien vilaine faute d'avoir trouvé des versions irisées ultra classe d'Ailleurs et Demain pour le moment)

Vermillon Sands c'est magnifique, je me suis régalé, c'est beaucoup plus léger (et aisé à lire) que Crash, j'adore les deux mais il est assez facile d'aimer l'un sans aimer l'autre tant ils sont différents !
J'ai été happé et je le recommanderai même à des gens qui ont du mal avec la SF (y compris la SF d'anticipation et/ou dystopique qui a mes faveurs), j'ai trouvé l'écriture alerte et élégante.

Là je viens d'entamer un recueil de nouvelles de Klein par curiosité:

le première n'était pas terrible, les autres sont plus intéressantes
l'intéressé avait 21 ans à l'époque de la publication (à la fin des années 50)

Ca existe une bonne bio sur Barrett ?
Celle-ci semble avoir les faveurs de plein de gens, quelqu'un la connaît ?

Hihihi

MC5 m'a tuer a écrit:

Ca existe une bonne bio sur Barrett ?
Celle-ci semble avoir les faveurs de plein de gens, quelqu'un la connaît ?

Lost In The Woods, de Julian Palacios est très bien

sinon je viens d'acheter ça :



A Séance at Syd’s - An Anthology of Modern Acid-Folk-Haunt-Psych-Prog-Space-Kraut-Radiophonic-Rock Etcetera Quotes is a collection of quotes and commentary from more than eighty bands, musicians, artists and record label heads, representatives of the sprawling mass of musical notions that have made the current decade so unexpectedly enthralling.

Includes an Introduction by Nik Turner (Hawkwind etc); a brand new Tale from the Black Meadow by Chris Lambert; cover art by Gregory Curvey (the Luck of Eden Hall); almost 100 illustrations; and featuring in-depth and illuminating interviews with....

Black Tempest, Sproatly Smith, Palace of Swords, Beaulieu Porch, The Rowan Amber Mill, Mooch, The Owl Service, Lost Harbours, The Blue Giant Zeta Puppies, Sendelica, The Sunchymes, Alison O'Donnell, Midwich Youth Club, Reverb Worship, Us And Them, Chonyid, Angeline Morrison, King Penguin, Comus, The Bordellos, Crayola Lectern, Army of Mice, Chris Lambert, Sky Picnic, Dodson & Fogg, Crystal Jacqueline, The Chemistry Set, United Bible Studies, Diana Collier, Drew Mulholland/Mount Vernon Arts Lab, the Striped Bananas, Crow Call, Emily Jones, Francois Sky, the Nomen, Gordon Raphael, Head South by Weaving, the Luck of Eden Hall, Amanda Votta, The Hare And The Moon, Icarus Peel, Octopus Syng, Schizo Fun Addict, Grandpa Egg, Eschatone Records, Jefferson Hamer, Ghost Box, The Familiars, Beautify Junkyards, Mega Dodo, Stay, Judy Dyble, Fruits de Mer Records, the Past Tense, The Soulless Party, the Thanes, Tir Na Nog, the Child of a Creek, Astralasia, the Gathering Grey, Mark & the Clouds, Marrs Bonfire, Black Psychiatric Orchestra, The Loons, Mikey Georgeson, Mordecai Smyth, La Meccanica Sonora, Bevis Frond, Paolo Sala, Sand Snowman, the Seventh Ring of Saturn and Will Z.

Bon. Je ressens le besoin de souiller vos âmes :

Spoiler:

pour ceux qui lisent l'anglais, je recommande ce super roman très noir sur les milieux des comic's US début 50s. même si comme moi on s'intéresse peu au comic's, c'est brillant et juste malsain comme il faut.

Je suis toujours dans le journal de Léon Bloy, ce qui est une source immense de consolation pour mon esprit et de rafraîchissement pour mon âme affligés continuellement par la bêtise contemporaine et blablabla.

Je me souviens d'un petit contentieux qu'il y avait eu ici à propos de Bloy commentant la mort de Jaurès de manière choquante, paraît-il, je n'en suis pas encore là, mais dans Le Pèlerin de l'Absolu (sixième volume du journal), son commentaire de la mort de Bonnot vaut le détour :

Citation :

L’événement qui remplit toutes les feuilles et toutes les cervelles, c’est la capture et la mort de l’anarchiste Bonnot, chef d’une bande qui terrifiait Paris et la province depuis des semaines : vols, cambriolages, assassinats. En remontant jusqu’à Ravachol, je peux dire que je n’ai rien vu de plus ignoble, de plus totalement immonde en fait de panique et d’effervescence bourgeoise.
Le misérable s’était réfugié dans une bicoque, à Choisy-le-Roi. Une multitude armée a fait le siège de cette forteresse défendue par un seul homme qui s’est battu jusqu’à la fin, quoique blessé, et qu’on n’a pu réduire qu’avec une bombe de dynamite posée par un héros (!) qui a opéré en se couvrant d’une charrette à foin et cuirassé de matelas.
Les journaux ne parlent que d’héroïsme. Tout le monde a été héroïque, excepté Bonnot. La population entière, au mépris des lois ou règlements de police, avait pris les armes et tiraillait en s’abritant. Quand on a pu arriver jusqu’à lui, Bonnot agonisant se défendait encore et il a fallu l’achever.
Glorieuse victoire de dix mille contre un. Le pays est dans l’allégresse et plusieurs salauds seront décorés.
Heureusement Dieu ne juge pas comme les hommes. Les bourgeois infâmes et tremblant pour leurs tripes qui ont pris part à la chasse, en amateurs, étaient pour la plupart, j’aime à le croire, de ces honorables propriétaires qui vivent et s’engraissent de l’abstinence ou de la famine des pauvres, chacun d’eux ayant à rendre compte, quand il crèvera, du désespoir ou de la mort d’un grand nombre d’indigents. Protégés par toutes les lois, leur infamie est sans aucun risque. Sans Dieu, comme Bonnot, ils ont l’hypocrisie et l’argent qui manquèrent à ce malheureux. J’avoue que toute ma sympathie est acquise au désespéré donnant sa vie pour leur faire peur et je pense que Dieu les jugera plus durement.
Cette brillante affaire avait nécessairement excité la curiosité la plus généreuse. Ayant duré plusieurs heures, des autos sans nombre avaient eu le temps d’arriver de Paris, amenant de nobles spectateurs impatients de voir et de savourer l’extermination d’un pauvre diable. Le comble de l’infamie a été la présence, dans les autos, d’une autre armée de photographes accourus, comme il convient, pour donner aux journaux tous les aspects désirables de la bataille.

Yves Guillotines a écrit:

Je me souviens d'un petit contentieux qu'il y avait eu ici à propos de Bloy commentant la mort de Jaurès de manière choquante,

Tu confonds avec Péguy.



Si tu aimes les hommages posthumes assassins et fendards, ne manque pas les pages que Léon Daudet consacre aux funérailles de Hugo dans ses Mémoires (indispensable anthologie: Souvenirs littéraires, chez Grasset.)

Yves Guillotine: a écrit:

Citation :

Glorieuse victoire de dix mille contre un. Le pays est dans l’allégresse et plusieurs salauds seront décorés.
Heureusement Dieu ne juge pas comme les hommes.

Quel homme, ce Bloy.
Si on le lisait plus souvent au cathé, on n'en serait pas là.