Et les livres sans images, alors?

Béroalde De Fuzz a écrit:

Mmmh, Wilde n'est pas dupe de son personnage, ça m'avait semblé assez net.

Le Balcon en Forêt, chef-d’œuvre: "Depuis que son train avait passé les faubourgs et les fumées de Charleville, il semblait à l'aspirant Grange que la laideur du monde se dissipait..."

Cela dit, il n'y a pas que le roman du XIXème dans la vie, les amis.
Ici, on a pleuré sur La Chanson de Roland, et on en est bien content       Rythmique puissante, personnages truculents (la palme à l'archevêque Turpin qui n'est pas le dernier pour la bagarre), et somptueuse orchestration des longs thrènes successsifs). Choisir de préférence la traduction de Bédier, à la fois nerveuse et délicieusement surannée.
"Halt sunt li pui e li val tenebrus,
Les roches bises, les destreiz merveillus..."

"Or veit Rolland que mort est sun ami.
Gesir adenz, a  la terre sun vis,
mult dulcement a regreter le prist:
"Sire cumpaign, tant mar fustes hardiz!
Ensemble avum estet e anz e dis;
nem fesis mal ne jo nel te forsfis.
Quant tu es mort, dulur est que jo vif!"
(C'est fou, les fautes d'orthographe, à  l'époque.)

Ça a l'air bath (de base ball).
Pour Wilde, de quel personnage parles-tu ?
Il m'avait semblé que les paradoxes de la préface ressemblaient fort à ceux débités par Lord Henry (peut-être que Wilde a dispersé ses vues dans différents personnages du roman, comme Bloy ou Proust le firent) et que l'hédonisme ne lui était pas étranger.

Hanemone a écrit:

je viens de finir ce pavé
fabuleux
il y a peut-être quelques longueurs m'enfin globalement c'est très prenant
c'est de Ken Kesey (Vol au dessus d'un nid de coucou), une figure de la culture psychédélique....on peut ressentir cet aspect à travers l'écriture qui sollicite plusieurs narrateurs et passe de l'un à l'autre sans arrêt, aussi peut-être via la description sensorielle des éléments naturels...mais le thème lui n'a rien à voir avec ce contexte psyché puisqu'il s'agit en gros d'une guéguerre entre deux frères dans une famille (un clan) de bûcherons au fin fond de l'Oregon
et justement ce mode d'écriture, parfois délirant, appliqué à la description de ces travailleurs, sujet plutôt "réaliste", c'est très réussi

http://www.monsieurtoussaintlouverture.net/Livres/Ken_Kesey/Ken_Kesey_index.html

Il m'attends sur ma pile de bouquins à attaquer depuis quelques temps mais, effectivement, tout le monde en dit le plus grand bien.

Revue expédiée en vitesse de mes lectures de vacances.



Encore un que j'aime beaucoup, je trouve Bolaño assez incroyable pour peu qu'on n'ait rien contre les auteurs qui écrivent sur les clubs littéraires et les poètes ratés.



Très beau et un peu étrange. Un côté magique sans verser dans le complet folklore.



Je n'ai pas tenté le deuxième ordre de lecture, mais en gros : une première partie un peu ardue du fait qu'elle soit bourrée de débats littéraires, de citations et autres, une deuxième partie beaucoup plus digeste. L'ensemble est à la fois lourd et très beau. Bizarre.



En plus d'être particulièrement bien écrit, celui-ci est vraiment drôle. Je n'ai pas le souvenir d'avoir ri en lisant A rebours, peut-être l'ai-je lu trop tôt.



Je n'accroche pas des masses à celui-ci, j'aurais peut-être dû le lire trois ans plus tôt. En tout cas, je commence à avoir un peu de mal avec tous ces types dont la vie, forcément scabreuse, semble justifier leur statut d'écrivain. Pas fini pour l'instant.



Un livre d'ambiance (et ce n'est pas péjoratif). C'est beau et ça se lit la nuit.



Malgré quelques tournures bien trouvées, anecdotique et par moments carrément agaçant.



On m'a vendu un livre incroyable, j'ai été plutôt déçue... Avec, en prime, la désagréable impression d'avoir eu affaire à une femme qui aurait essayé d'écrire "comme un homme" (puisque le héros en est un), c'est-à-dire couillu (forcément), ce qui fait quand même un peu chiqué.



Amour et prosternation éternels.

Foxhole a écrit:

Amour et prosternation éternels.

     

La Planète des Singes (le style est assez ringard mais les idées assez géniales et assez différent du film, content d'avoir enfin fini par le lire)

On va abaisser le niveau : Les piliers de la Terre, Ken Follett

Me suis enfin refait Juliette de Sade. Ben, vaut mieux en garder un bon souvenir. Les scènes les plus délirantes restent les sommets de son œuvre, mais le cul est triste (c'est plus drôle dans Justine), et la philosophie trop donneuse de leçons (c'est plus pertinent dans le Philosophie dans le Boudoir). Et c'est looooong.

S'étire un brin en longueur sans avoir les fulgurances de son prédécesseur (De si jolis chevaux). Pas mal mais pas le meilleur de McCarthy.

J'ai jamais trop pu rentrer dans McCarthy, grand écrivain sans doute, mais trop faulknérien pour moi. Qui est assez barge pour se dire "tiens, je me taperais bien Sanctuary" au milieu du mois d'août? Courageux de s'etre attaqué à ça.

Léa, bah oui, Fante, on y revient toujours. Quand j'étais au lycée je me les étais enfilés en série ("Demande à la poussière", "L'orgie", "Le vin de la jeunesse"). Ca fait même partie des premiers trucs que j'ai lus en anglais: "Dreams from Bunker Hill", qu'il a dicté à sa femme car devenu aveugle. J'étais à fond dans Kerouac à l'époque aussi et Steinbeck (j'avais mis une longue citation d'une chanson de Springsteen sur "The ghost of Tom Joad" dans un devoir d'allemand rien que pour emmerder la prof qui nous faisait chier avec ses familles turques qui cherchent un logement). Fante résiste mieux au temps et à la relecture parce que plus ancré dans le réel, plus brut. Kerouac a un côté pseudo-rimbaldien avec des trucs célestes partout et des envolées à partir de rien qui finissent par lasser.

Sinon je suis surpris par ta déception par rapport à Echenoz, que je considère comme l'un des meilleurs écrivains actuels. Il faut que tu en essaies d'autres, peut-être plus divertissants, mieux construits, comme "Les grandes blondes" ou "Je m'en vais", que j'ai adorés.

Mes perles estivales: Iain Levison ("A working stiff's manifesto" et "Since the layoffs"), un mec qui parle avec justesse et humour de l'injustice sociale, Graig Davidson et ses histoires qui sentent la sueur (une d'elles a inspiré "De rouille et d'os") et Jonathan Dee (j'avais déjà lu l'excellent "The privilieges",shortlisté pour le Pulitzer). Je me suis fait un petit Julian Barnes, toujours bon ("The sense of an ending", réflexion drôle et mélancolique sur l'inachevé, ce qui aurait pu advenir, les vies qu'on n'a pas vécues) et puis "The murder of Roger Ackroyd", je me souvenais plus du twist final, magistral.

Chez les Français un bon polar de JP Amette, "Le lac d'or", "Pour en finir avec Eddy Bellegueule" d'Edouard Louis (une curiosité mais bon le côté chronique misérabiliste d'une famille du Nord avec le père alcoolo et la mère tapedur, c'est peut-être authentique mais bon on se croirait chez les Dardenne quoi) et puis c'est tout je crois.

Kerouac ça me saoule très vite pour les raisons que tu évoques (j'ai jamais fini Sur La Route). McCarthy j'ai encore rien lu. J'ai The Road chez moi que j'ai acheté parce que le film m'a scotché, toujours pas attaqué !

j'aime bien ce topic il y a plein de conseils avisés, surtout que je prends plus trop le temps de lire des vrais livres

En ce moment je lis Les Cadets de Ernst von Salomon... Bon, c'est pas mal, mais pas indispensable.
D'ailleurs je le lis par défaut, faute d'avoir trouvé ce que je cherchais dans la bibliothèque paternelle.

Frankystooge a écrit:

McCarthy j'ai encore rien lu. J'ai The Road chez moi que j'ai acheté parce que le film m'a scotché, toujours pas attaqué !

Peut être l'un de ses meilleurs (du moins plus accessible que d'autres).

Herr Lehmann de S. Regener, histoire de lire autre chose que des romans liés de près ou de loin à la 2nde guerre mondiale.

Je reviens sur ce que j'ai dit à propos du von Salomon, c'est pas mal finalement Les cadets, j'ai eu du mal à rentrer dedans à cause de la traduction qui m'a l'air un peu pourrie, et il faut dire que ce n'est pas de la grande littérature. Ça ne manque pas d'humour, par moments on dirait un peu du John Fante justement, avec un mélange de Harry Potter (ça se passe dans une sorte de pension). C'est, plutôt qu'un récit, plusieurs anecdotes, parfois des nouvelles, qui n'ont pas toujours de corrélations entre elles si ce n'est le cadre et le narrateur à la première personne (l'auteur lui-même).

Frankystooge a écrit:

Kerouac ça me saoule très vite pour les raisons que tu évoques (j'ai jamais fini Sur La Route)

pas réussi à le finir non plus
après j'en avais lu deux de suite juste avant (dont Clochards Célestes que je trouve bien plus digeste et recommandable) et il y a peut être eu l'effet de redondance

je n'ai pas été très productif question lecture en août

cependant j'ai lu ça



Anaconda d'Horacio Quiroga
un recueil de nouvelles fantastiques et morbides
toujours aussi fan de l'intéressé après cette deuxième lecture
proche parfois du conte, sans cependant être moralisateur ni édulcoré

là je traine sur ça

je me remets aux classiques du fantastique (j'ai aussi prévu Maupassant pour bientôt !)
les histoires sont géniales, en revanche je trouve cela parfois redondant au niveau de l'écriture (ça se traine pas mal), du coup je le lis assez lentement

blau_up a écrit:

je me remets aux classiques du fantastique

en voilà une bonne décision

pour ma part là je lis Mémoires d'un bison, premier tome de l'autobiographie d'Oscar Zeta Acosta, avocat mexicain militant contre les discriminations dans le sud des États-Unis, compère d'Hunter S. Thompson qui dans la préface écrivait :

« Oscar n’était pas vraiment passionné par les combats de rue, mais pour ce qui était des rixes dans les bars, c’était un furieux. L’association d’un Mexicain de cent dix kilos et de plusieurs doses de LSD constitue une menace mortelle pour ceux qui s’en approchent – mais quand le Mexicain en question se révèle être en fait un avocat chicano enragé, que rien ni personne n’effraye et qui a de facto la conviction qu’il va mourir à trente-trois ans (comme le Christ), alors là, vous avez affaire à un sacré cocktail. D’autant plus si l’enfoiré a déjà trente-trois ans et demi, qu’il a la tête bourrée d’acides Sandoz, qu’il porte un .357 Magnum à la ceinture, qu’il est suivi dans ses moindres déplacements par un garde du corps chicano armé d’une hachette, et qu’il a l’étonnante habitude de dégueuler des geysers de sang rouge sur votre perron toutes les trente à quarante minutes, ou à chaque fois que son ulcère malin ne supporte plus l’afflux de tequila pure. »

ça me plaît bien pour le moment
c'est publié chez la jeune et prometteuse maison Tusitala (http://www.editions-tusitala.org/)

Il est dispo en poche il me semble

ah oui exact !
mais pas la suite on dirait (La révolte des cafards) qui est sortie y a pas longtemps chez le même éditeur

Je vais p-e essayer, merci pour la découverte.

John the revelator a écrit:

Je vais p-e essayer, merci pour la découverte.

Fini Mémoires d'un bison. la description de S. Thompson faite en préface ne correspond pas vraiment au contenu de ce 1er tome (pas de colt, pas de garde du corps...), on s'attarde surtout sur sa jeunesse et la période de quête identitaire suite à sa démission... Ce sera p-e valable sur les tomes suivants?

Plaisir régressif, je termine actuellement American Gods de N. Gailman (2001): un super-roman de SF où les anciens dieux (nordiques notamment) et quelques personnages folkloriques partent en guerre contre les dieux de la société américaine moderne. C'est excellent. (N. Gailman est aussi auteur de comics et de BD)

John the revelator a écrit:

Plaisir régressif, je termine actuellement American Gods de N. Gailman (2001): un super-roman de SF où les anciens dieux (nordiques notamment) et quelques personnages folkloriques partent en guerre contre les dieux de la société américaine moderne. C'est excellent.  (N. Gailman est aussi auteur de comics et de BD)

Je n'ai lu que celui-ci de Gaiman, mais excellent est le moins que l'on puisse dire. Que valent ses autres bouquins ?

sicr a écrit:

John the revelator a écrit:

Plaisir régressif, je termine actuellement American Gods de N. Gailman (2001): un super-roman de SF où les anciens dieux (nordiques notamment) et quelques personnages folkloriques partent en guerre contre les dieux de la société américaine moderne. C'est excellent.  (N. Gailman est aussi auteur de comics et de BD)

Je n'ai lu que celui-ci de Gaiman, mais excellent est le moins que l'on puisse dire. Que valent ses autres bouquins ?

Je te dirais ça bientôt, je crois que je vais continuer dans ma lancée

John the revelator a écrit:

Fini Mémoires d'un bison. la description de S. Thompson faite en préface ne correspond pas vraiment au contenu de ce 1er tome (pas de colt, pas de garde du corps...), on s'attarde surtout sur sa jeunesse et la période de quête identitaire suite à sa démission... Ce sera p-e valable sur les tomes suivants?

Fini aussi
Oui la préface ne correspond pas trop au déroulé du tome 1 mais donne une bonne idée de "l'ampleur du personnage" quand même
Le 2 porte plus sur son engagement politique apparemment


Là je débute :



"11 novembre 2008 au petit matin. 150 policiers investissent Tarnac, un village de Corrèze. Ils sont venus arrêter Julien Coupat et ses amis, suspectés d’avoir saboté quatre lignes TGV. Les interpellations, pilotées depuis le ministère de l’Intérieur, se font sous l’oeil des caméras. L’instant est décisif : il s’agit de prouver à l’opinion publique l’efficacité de la DCRI, le "FBI à la française" voulu par Nicolas Sarkozy. C’est un ordre venu d’en haut et le début d’un terrible fiasco."

Je suis très emballée pour le moment. C'est bien écrit et bien foutu. Le journaliste mêle interviews des membres du "groupe", de magistrats, de hauts fonctionnaires, de policiers etc. Il retranscrit en l'état des procès verbaux, des comptes rendus de filature. Et il se remet aussi en question en tant que journaliste impliqué "émotionnellement" dans l'affaire puisque sensible aux idées en jeu.

Les compte rendus hyper détaillés des RG qui se déguisent en touristes sur le terrain c'est assez drôle à lire