Lectures Rock 'n roll pertinentes

je te recommande ça

et le 2eme volume ensuite si tu en veux encore (aussi inégal mais pour les bons moments ça vaut le coup)

je suis très fan des 3 disques de Bangs (1 45 et 2 LPs) même s'ils n'ont pas bonne réputation.

Le deuxième est celui que j'ai lu, le premier est bien? C'est sa bio, c'est ça?

MC5 m'a tuer a écrit:

le premier est bien? C'est sa bio, c'est ça?

oui

A quoi ça sert de lire sa bio? (c'était la question sous-jacente, en fait )

ah sinon j'ai lu le Que Sais-Je sur le blues. Il est écrit par Gérard Herzhaft dont on a déjà parlé et dont, je crois, l'encyclopédie du blues avait été chroniqué sur planetgong. Bah voilà, du coup le que sais-je c'est très bien quand tu ne te sens pas de taille à attaquer une encyclopédie
Vraiment très bien, clair et concis, il progresse par genre et chronologiquement : delta blues, texas blues, etc. Pour chaque bluesman, il donne les "titres phares" et à la fin t'as une sorte de discographie "de base" du blues, solide et pas trop longue (et garantie sans Clapton), ce qui est sympa également.

et il est en lecture gratuite sur cairn.info ("feuilletage en ligne") : http://www.cairn.info/le-blues--9782130570837.htm

ZigZagWanderer a écrit:

et il est en lecture gratuite sur cairn.info ("feuilletage en ligne") : http://www.cairn.info/le-blues--9782130570837.htm

oui enfin juste l'intro

Ah, moi j'ai "feuilletage en ligne" pour tous les chapitres. Peut-être est-ce parce que je suis à la bu (je vois en haut que je suis identifié comme "Visiteur, Université Paris-Sorbonne - Paris 4"). Dommâge.

ZigZagWanderer a écrit:

Ah, moi j'ai "feuilletage en ligne" pour tous les chapitres. Peut-être est-ce parce que je suis à la bu (je vois en haut que je suis identifié comme "Visiteur, Université Paris-Sorbonne - Paris 4"). Dommâge.

sans doute. en tout cas c'est un bon Que Sais-je

personnellement j'ai adoré les deux recueils de Lester Bangs!
je crois que mon passage préféré reste l'article qui parle des Troggs

dans un genre un peu similaire je pense que Hunter S Thompson ça sa défend bien même s'il ne parle pas de musique

blau_up a écrit:

personnellement j'ai adoré les deux recueils de Lester Bangs!
je crois que mon passage préféré reste l'article qui parle des Troggs

dans un genre un peu similaire je pense que Hunter S Thompson ça sa défend bien même s'il ne parle pas de musique

Marrant, c'est justement cet article (avec les premiers) qui m'a rebuté (même s'il a ses qualités). La comparaison avec Thompson n'est pas usurpée (ni, parfois, avec Hank) et Bangs se rattache assez largement au gonzo. On nous le vend comme ça d'ailleurs. J'aurais tendance à mettre Hunter un poil au dessus, parce qu'il a pondu des choses plus longues. Nul doute que Bangs, mort jeune, aurait pu rivaliser. Au moins en terme de longueur.

Marrant, comme Blau, ce sont les premiers articles que je trouve les plus ultimes, sur les Troggs, les Count Five... Quand il fait du bavardage existentialiste fendard, quoi. Puis, Bangs est surtout fantastique pour dézinguer toutes les mythologies grotesques du rock comme aliénation de masse (idolatrie et vedettariat infantiles, fausse conscience contestataire - cf.le MC5 -, narcissisme régressif...)
Qu'on se rappelle son magistral démolissage en règle du discours intello-nombrilliste de Richard Hell.
En ce sens, il est le véritable promoteur de la pensée Neanderthal-Punk: belle justesse de ton, pour son époque dominée par le progressisme pop.

Moi ce qui me frappe chez Bangs, passé le style et la quête d'une esthétique rock qu'on aime ou non, c'est qu'on oublie son goût pour se placer en élément extérieur et essayer de piger un truc, avoisinant presque certaines sciences humaines. Il a une conscience de ses propres biais qu’apprécierait n'importe quel sociologue et qui manque à l’immense majorité des critiques musicaux (et dans une moindre mesure à beaucoup de critiques d'arts "plus sérieux"). Je pense surtout à ses longs articles "reportages" (la tournée des Clash, la Jamaïque), qui se perdent parfois un peu en méandres inutiles, mais cherchent vraiment à comprendre le schmilblick auquel il est confronté.

Oui, le passage sur Richard Hell est très bon. D'accord avec ce qu'a dit Ziggy sinon. Et plus on avance, plus Bangs appréhende les limites de sa position (notamment sur son côté groupie de Reed) et se fait amer. De facto, Bangs est au delà de la critique musicale pure. Son papier sur les Clash est éclairant. S'il les aime, c'est parce qu'ils sont en adéquation avec leur musique dans leur mode de vie. A l'opposé des pédales émaciées à la Led Zep !

Tout à fait d'accord avec Béro et Ziggy, il devient réellement fascinant quand il "se fait moraliste du rock 'n' roll", comme le dit ma quatrième de couv'.

Puisqu'on est sur le sujet, je voulais justement savoir si parmi les grands critiques, d'autres faisaient dans le même registre (plusieurs semaines que la question me démange).

Est-ce que des types comme Garnier ou Parringaux(d?) s'en rapprochent?

MC5 m'a tuer a écrit:

Tout à fait d'accord avec Béro et Ziggy, il devient réellement fascinant quand il "se fait moraliste du rock 'n' roll", comme le dit ma quatrième de couv'.

Puisqu'on est sur le sujet, je voulais justement savoir si parmi les grands critiques, d'autres faisaient dans le même registre (plusieurs semaines que la question me démange).

Est-ce que des types comme Garnier ou Parringaux(d?) s'en rapprochent?

J'ai vraiment apprécié Garnier à son apogée, mais il n'a pas la même importance.

Je trouve Greil Marcus très pénible mais il a ses fans.

Greg Shaw était un véritable pionnier même si son style n'est pas aussi spectaculaire. Les 2 anthologies de Bomp sont des must à lire pour les fans de garage qui lisent l'anglais.

Marcus est assez insupportable dans d'a pédanterie et ses prétentions intello inutiles, mais il essaye souvent d'aller plus loin que les autres, c'est tout de même un mérite.

Nick Toshes est aussi fantastique même s'il se limite (il me semble) au lointain passé.

Laurent Bigot a écrit:

Nick Toshes est aussi fantastique même s'il se limite (il me semble) au lointain passé.

j'adore Nick Toshes !

j'en profite pour dire tout le bien que je pense de cet ouvrage :

vu le titre ça surprendra personne, vu mon amour de la musique californienne. Pour moi une réelle bible.


Waiting for the Sun
Barney Hoskyns

Dans la guerre froide – la révolte et son double Rock, soul, reggae et autres musiques
“Mon intention profonde avec "Waiting for the Sun", c’est une étude de l’interaction typiquement californienne entre la lumière et l’obscurité, ou entre le bien et le mal.”
La démarche de Barney Hoskyns est originale : raconter non pas l’histoire d’un groupe ou d’un style, mais celle de la scène musicale d’une ville. Des années 40 à l’an 2000, Los Angeles a été un formidable creuset musical : du "cool jazz” de Chet Baker et Miles Davis au rap “West coast” de Ice Cube, en passant par les inventions du rock le plus déjanté des Doors ou des Byrds. Los Angeles est la ville des paradoxes : entre sublime et ridicule, stars adulées puis déchues, où les figures de la folie destructrice et de la rage du ghetto côtoient les poètes les plus intimistes. Ce gigantesque panorama de la musique californienne, très documenté et riche d’anecdotes drôles, scabreuses ou tragiques se lit comme un roman passionnant, riche et implacable, dont la ville est le personnage principal, et dont Hoskyns dévoile l’envers : combien de coups reçus par Brian Wilson pour un hymne au surf, combien de mois d’isolement pour une ode aux California Girls, quel degré de paranoïa pour une célébration des Good Vibrations ?
Traduit de l'anglais par Héloise Esquié et François Delmas.

Oui j'approuve Franky, l'approche est originale, casse gueule même mais ça fonctionne, et le bouquin est passionnant

Laurent Bigot a écrit:

Nick Toshes est aussi fantastique même s'il se limite (il me semble) au lointain passé.

Tosches a fait dans l'étude esthétique et l'analyse pure, aussi bien que les envolées romanesques... Mais finalement sans la transversalité qui est me semble t il ce qu'on évoquait chez Bangs. Mais à part ça, Country et Blackface sont sans doute deux des meilleurs ouvrage d'histoire de la musique. Hellfire, plus littéraire, n'est pas loin derrière. Finalement, la recherche d'une esthétique dans Unsung Heroes of Rock and Roll qui en fait son ouvrage le plus connu me semble être presque anecdotique dans ses travaux. Suffit de lire Le Roi des Juifs pour piger que son génie est dans l'accumulation factuelle visant à dégager une perspective, plus que dans la définition d'un point de vue propre (ce qui serait l'apanage de Nik Cohn, et dans une moindre mesure, Bangs... Ou Ungmuth, plus près de nous.) Malgres ses piques de malade littéraire, c'est à mon sens l'un des seuls vrais objectivistes de la critique rock.

Pour me contredire, on peut se référer au papier gonzo qu'il a comis sur Paranoid, qui ferait passer Bangs pour un gentil instituteur bien dans sa peau.

A young girl's voice. She is dressed in a nun's habit. The boy turns and faces her. She proffers a chalice of cervical exudate and he drinks from it. She gets down on her knees and elbows, como peros, and tosses the nun's hem above her posterior. On each naked buttock is the scrawled sign of Ashirikas; "Fuck me, Rolf." The boy whips out a 10" personal vibrator, adorned in waterproof acrylics with the image of the Nazarene. He intones the words "nuk Khensu tenten nebu" and approaches her intendant fundament...impletion...across the room the fresh corpse of an illegitimate hippie baby is dis-impaled from the ceremonial sword of Baph-omet. The myrrh is extinguished with the collected saliva of priests listening to tales of carnal abuse in warm, dark confessionals. The Shadaic numinae are chalked over with the mirrored sign of Ariael, the eleven rubies returned to the vessel of Dione. A dark, handsome youth with the physique of a Dionysos — eyes, though, glazed and cold — grasps the two-foot stem of an imported El-Douhab hookah by its hilt and shoves its tip, sans mouthpiece, into the dry, collapsed rectum of the dead hippie baby, pushes until thin rivulets of blood ooze from the nostrils and lips of the infant. The hookah's stem-tip surfaces and the suck-piece is restored. Those in the room gather about. One youth wears a mosaic-inlaid Aztec skull mask, ornamented with the symbols of Gnostic adoration. He fills the hookah bowl with black opium tars and a dash of Asthmador powders...in the corner of the room, clutching a smuggled police photo of Sharon Tate with her hacked-off tit crammed up her snatch, a lone boy masturbates slowly, moaning "tempora mutantur et nos muta-mur in illis."

No "flower children" they, the sinister emanation of a generation who only yesterday, it seems, were set on changing a world in the shadow of nuclear holocaust and overpopulation into a utopia of peace and love. They drop the knee of fealty before the Antichrist. They shoot "M" and they engage in group sex. No act is too depraved, no thought too bizarre as they plunge deeper and deeper into the realm of perversion, into the ultimate "trip" of their own self-fashioned Hell. Orgies, incest, drugs, homosexuality, necrophilia, public nose-picking, Satanism, even living sacrifice.

And this is their music. Although you may not enjoy its "message," although you may not enjoy a lead singer (Kip Treavor), who sounds like Keith Relf whining about the tampons stuck up his nostrils, you owe it to yourself as a person concerned with contemporary society or merely with the artistic underground of the youth movement in general to be aware of the "heavy" sounds of bubble-gum Satanism and if you see them live sometimes they undress a hippie girl.

Quelqu'un connait ? ça vaut le coup ?

Bon, je m'y attaquerai après avopir fini ma lecture actuelle (dans un mois), mais ça s'annonce très très bien (merci Béro):



(N'oublions pas de citer la première phrase de la quatrième de couv' - tout un programme :Voilà trente ans qu'il chante ; maintenant, il parle.)

J'en profite aussi pour présenter ce truc, dégotté pour une bouchée de pain chez Mona Lisait - en même temps qui ça intéresse un bouquin pareil, mais j'ai pas pu résister:



Le journal de Courtney Love. Pour comparer avec celui de Cobain, faire des recoupements, tout ça.
Si, si.