Les classements à la con

J'ai franchement du mal à classer Soft Machine dans le prog. Au début c'était un groupe psyché, puis ensuite ils sont allés de plus en plus vers le jazz-rock, qu'ils ont contribué à créer et populariser, jusqu'à devenir insupportables (à partir de Fourth ça devient souvent pénible).

Merci pour "Sea Song", il file toujours autant de frissons ce morceau.

Eric a écrit:

J'ai franchement du mal à classer Soft Machine dans le prog.

Ce n'est qu'une question d'étiquette. J' ai donné mon point de vue là-dessus (p.30). En 1970, on disait que Soft, Floyd, Zappa, comme VdGG faisaient du prog (donc l'anglais "progressive" signifie progressiste/avant-gardiste. La traduction par "progressif" n' a aucun sens!) de même que Genesis (qui tournait avec VdGG, les 2 étant sur le label Charisma/les étiquettes de LP avec le chapelier fou d'Alice) et ELP et Yes. La qualification de prog = pompier/symphonique/virtuose, est venue plus tard (parce que la masse de la daube a occupé plus de terrain que les groupes intéressants).
Quant à Soft, tu sais ce que je pense du vol2. Après, c'est du jazz, même pas du jazz-rock (= Weather Report, McLaughlin, etc.) Moon in june est une face quasi solo de Wyatt .Facelift, une impro. Les 2 autres faces et Fourth et Fifth sont des disques de jazz. Donc, on parle d'une autre musique (même si on a le droit de penser qu'Elton Dean avait un talent énorme et que Hopper a composé de belles choses dans fourth)

Je ne sais pas si j'ai été assez clair. A mon sens Soft ne fait ce qui s'appelle du jazz-rock (avec un guitariste-qui joue-plus-vite-que-McLaughlin) que dans Bundles, 8e album.
Slightly all the time & Out Bloody Rageous (à part les passages à la Terry Riley), comme 4 et 5 sont des disques de jazz (Dean est très bon, très coltranien), de jazz-jazz.
Quant 6 et 7, va savoir...
Le Vol2 est donc le chef d'oeuvre absolu, la substantifique moëlle des talents, ici conciliables, de Wyatt+Hopper+Ratledge. La synthèse, réalisée seulement dans ces à peine plus de 30 minutes. C'est pourquoi ce disque mérite un texte d'un chroniqueur plus talentueux que moi, tu vois à qui je pense. (Je sais, je flatte. Mais je ne peux pas m'en empêcher, je fais ça depuis que je suis tout petit).

Peter Mermoz Steinhauser a écrit:

C'est pourquoi ce disque mérite un texte d'un chroniqueur plus talentueux que moi, tu vois à qui je pense.

Ah oui, Rémi.

beat4less a écrit:

Ah oui, Rémi.

J'ai cité personne (faux-cul, et alors ??).

Bon, histoire de mettre les pendules à l'heure via le foutage de merde :


DE TOUTES FAÇONS LE MEILLEUR DISQUE DE PROG DE TOUS LES TEMPS C'EST THE DECLINE DE NOFX !!!


Ca vous va ? Et me dites pas que c'est pas une musique "progressive" !


La chanson, découpée en deux parties pour tenir sur youtube :

1/ C'est pas la peine de crier si fort
2/ C'est plus du ponque (le monsieur dans la chanson aussi crie très fort, il a même l'air presque un petit peu énervé, on dirait).

C'est du pronque.

Je suis draccord.

Allez les aminches, vous l'avez réclamé, le voici, le grand coming-out de début mai :

"Le top 9 de j'écoute du prog en cachette"

On définira ce qu'est le prog après.


(et envoyez des liens youtube si possible)

Tu veux qu'on se pende ? Vendredi matin c'est déja pas simple, et v'là que t'en remets une couche...

Bon, ma sélection "j'écoute du prog et j'aime ça", je ne mets que des morceaux que j'aime vraiment, et je vais faire dans le classique du classique. Pour les atrocités et les drôleries je verrai ça plus tard...


1. Gong - What Do You Want
Le meilleur groupe de tous les temps est un groupe prog chers amis.

2. Pink Floyd - Echoes
On classe souvent Pink Floyd dans le progressif, pour moi c'est du space blues... mais bon, que serait un classement prog sans eux ?

3. Radiohead - Paranoid Android4
Lyrique, possédant plusieurs mouvements, avec des paroles inspirées de la SF de "1984"... Pour moi c'est du prog.

4. Soft Machine - Moon In June
L'apogée de la formation en trio avec Hugh Hopper. Aventureux et jazzy

5. Matching Mole - Oh Caroline
Si on cite Soft Machine dans le prog parce qu'il jouaient de jazz avec des instruments rock. Matching Mole, le projet de Wyatt après s'être fait virer du groupe (et avant son accident) est moins connu. Entre 2 trucs jazzy (souvent chiants, faut bien avouer), ils savaient jouer quelques pépites pop comme "Oh Caroline"

6. Can - Spoon
Certains considèrent le kraut comme du prog, Can est un des groupes les plus importants du mouvement

7. Jethro Tull - Bourrée
Reprendre du Bach à la flûte, plus prog que ça, tu meurs.

8. Magma - Mekanik Destruktiv Kommandoh
Un groupe (secte ?) qui se prend beaucoup trop au sérieux, qui invente son propre langage et qui joue un jazz mutant sous inspiration wagnérienne. Les fans parlent de "surpuissance "...

9. Frank Zappa - King Kong
Un morceau tiré d'Uncle Meat, un des albums les plus barrés de la période "audible" de Zappa

Caravan - golf girl
Can - Vitamin C
Colosseum - elegy

voilà quelques morceaux qui me viennent en tête de mémoire

Au fur et à mesure. Pas en état de faire une liste murement réfléchie et ordonnée. Je mettrai des trucs que j'aime et qui me semblent quelque peu méconnus, comme
McDonald & Giles :Turnham Green et Tomorrow's People
East of Eden : Northern Hemisphere
Hatfield & the North : Calyx
Henry Cow & Robert Wyatt : Bad Alchemy + Little Red Riding Hood Hit the Road
Hatfield and the North with Robert Wyatt 1972. Richard & David
Sinclair, Phil Miller and Pip Pyle. Des petits bouts de chansons
Un morceau de Soft Fourth, très jazzy bien sur, mais belle mélodie de Hopper, son aigrelet du saxello de Dean, et Wyatt à son meilleur en tant que batteur : Kings and Queens
Family : Roger Chapman, un grand malade : The Weaver's answer
Voila, 1er jet, avec beaucoup de Why Hat ?

Eric a écrit:

7. Jethro Tull - Bourrée
Reprendre du Bach à la flûte, plus prog que ça, tu meurs.

Immense.
Même un solo de basse.
Et les masques à gaz

Il le fallait, ce top, c'était sûr.

La classe british : imparable.
Robert Fripp meets Patrick McGoohan 1968 - Giles, Giles & Fripp : Why DON'T you just drop in?
Giles, Giles and Fripp -One in a Million et She is loaded
Curiosité : Nippon Crimson : Lark's tongues pt2

La vache, t'envoie du lourd Peter, je sais pas si je vais survivre à ce déluge.

Lark's Tongue In Aspic de King Crimson, j'avais oublié à quel point c'était raide. Ils avaient pas le droit d'écrire des vraies mélodies les mecs ?

Giles, Giles & Fripp ça a l'air pas mal, j'avais jamais osé écouter,ça mérite peut-être un approfondissement

L'album est aussi bon que sa pochette. Fripp ne se prenant pas au sérieux + les excellents Giles brothers. Si Peter Giles avait été retenu à la place de ce balourd de Greg Lake dans KC, ça aurait fait un groupe du calibre de Gong. Sans dec'

Pour moi, le Prog, c'est ça ! Pas "Owner of a lonely heart"...

Donc "Le top 9 de j'écoute du prog, même pas en cachette".
J'aivu que pas mal de monde s'était gratté la tête en cherchant à définir
le prog, et en fait on se rend compte que c'est un sacré bordel (un
peu comme pour le krautrock, non ?). Du coup, je propose des
morceaux qui sont pour la plupart assez "limites", d'autant que les
frontières entre scène de Canterbury, art-rock, Rock In Opposition,
prog-rock, elles sont floues, elles sont très perméables et finalement
y'a un peu tout qui se chevauche. Bref :

Can - Mother Sky (1969) ( c'est en 2 parties pour tenir sur Youtube )
Tant qu'à inclure le krautrock, autant mettre le plus grand morceau à tiroirs, bascules et rallonges de tous les temps (je fais preuve d'une irréprochable objectivité au sujet de Can )

Pink Floyd - Interstellar Overdrive (1966) ( comme pour le Can : coupé en 2 )
Impossible de ne pas évoquer ce groupe... Et surtout cette version live à Londres, très différente de la version album. Comme quoi le krautrock n'est peut-être pas né en Allemagne, finament.

Zappa & the Mothers of invention – Mother people (1968)
C'est marrant, il n'y a parfois besoin que de 2 minutes et des poussières pour qu'on ait l'impression d'écouter 4 morceaux en 1.

Gong – Mr.Long Shanks / O mother / I am your fantasy (1971)
Forcément.

Spirit – Fresh Garbage (1968)
Un de mes groupes favoris de la fin des 60s. Ce passage jazz en plein milieu, ces breaks et ces mélodies un poil tarabiscotées : c'est pas du prog ? Ce qui est bien avec eux, c'est qu'aussi aventureux et inventifs que soient leurs morceaux, ça se passe presque toujours en 3 minutes. Un peu oubliés, ces gars-là. Y'a quand même l'excellente compile Time circle (68-72) comme copieux cours de rattrapage.

Jean-Claude Vannier – L’enfant au royaume des mouches (1972)
Arrangeur et "co-auteur" de Melody Nelson, Vannier s'est brillamment lâché avec ce disque solo. Je ne vais pas m'étendre, mais : vous diriez que c'est du prog ?

Jan Dukes de Grey – Mice and rats in the loft (1971)
Hé hé hé, du prog-folk ! Pas le plus prog du disque... mais c'est le seul que j'ai trouvé :-/ (en même temps, y'a que 3 morceaux dessus) Pour cet album, ils ont dégotté une prise de courant pour la guitare, et je crois qu'ils ont du aussi la lécher (la prise, hein). Ce morceau reste un bon moment de cramage du bulbe, je préfère ne pas connaître la tronche de leur dealer (et j'irais pas vraiment faire un pique-nique en forêt avec eux)

Art Bears – Rats and monkeys (1979) (le son est pas formidable, j'en suis tout contrit)
Art Bears, c'était Fred Frith, Chris Cutler et Dagmar Krause. Je ne connais que cet album (Winter songs) qui est passablement magnifique. Et cette chanson est bien la plus barge du disque (dire qu'à côté de ça, ils pondaient aussi des perles de folk médiéval comme The hermit...)

Univers Zéro – Central Belgium in the dark (1984)
Tant qu'à faire dans l'obscur, je me sens obligé d'évoquer ce groupe belge inclassable, qui emprunte autant à la musique contemporaine qu'au rock le plus noir et barré. Quoiqu'il en soit, je trouve que ça reste curieusement "immédiat", "accessible" (si on veut bien se laisser embarquer). Je recommande vivement cet album live, Crawling wind (et surtout le splendide Triomphe des mouches). Ceux qui n'ont pas peur peuvent se pencher sur Hérésie (1979), un des disques les plus sombres et angoissants que j'aie jamais écoutés...


Je me suis privé de mettre du Wyatt, vu que Peter a déjà mis une version de la-plus-belle-chanson-du-monde (mais si, vous savez : Sea song). Je sais qu'il y a des morceaux sujets à caution dans la liste, mais c'est fait exprès pour pinailler

Spirit un choix intéressant, un très bon groupe!

Dahu Clipperton a écrit:

Art Bears Je ne connais que cet album (Winter songs) qui est passablement magnifique.

D'accord avec toi, sur Art Bears en général, mais je trouve pour ma part cet album particulièrement âpre. Je lui préfère le précédent Hopes and Fears. Par exemple ce morceau "In two minds" mais, il y a beaucoup mieux sur l'album, hélas pas sur Youtube. Sinon, si tu aimes ces gens-là, j'espère que tu connais Henry Cow "Living in the heart of the beast" part1 et part2 .

Tout ceci me fait penser qu'on a pas encore abordé ici un genre particulièrement savoureux qui n'a pas peur du ridicule : le folk médiéval.

Béro sort de ce corps!

Eric a écrit:

Tout ceci me fait penser qu'on a pas encore abordé ici un genre particulièrement savoureux qui n'a pas peur du ridicule : le folk médiéval.

Ouh la ! que n'ai-je dit ? Quand je parlais de folk médiéval, je voulais surtout évoquer les influences (résurgences ?) médiévales chez pas mal de musiciens du British folk revival... pas de guignols se grimant comme en 1420, et oeuvrant dans le premier degré intégral, le passéisme à tout crin (de cheval).

Quant à Art Bears, c'est chez eux une façon de "reprendre à leur compte" une tradition populaire ancestrale pour évoquer les réalités sociales de leur époque (le propos est un peu orienté très à gauche, quand même). Au passage, la chanson dont je parlais plus haut, une perle de folk médiévisant (c'est mieux ? ) qui précède sur l'album le Rats and monkeys de mon top 9 :