Allez, on a laissé passer deux jours, on peut maintenant en parler sereinement.
D'abord, comme l'écrivait Boris l'an dernier : "g
lobalement un festival très cool, détendu du gland et à une échelle qui me convient parfaitement (2000 personnes par soirée, réparties sur 3 scènes). Son de Smac, donc assez parfait, rien à dire." C'était encore d'actualité cette année, son excellent et ambiance bon enfant, avec de gros efforts de la part des organisateurs pour proposer des animations et créer une communauté au sein du festoche. On note toutefois une grosse proportion de jeunes gens beaux et bien sapés, mon pote et moi nous sentions comme des intrus avec nos tronches de cake et nos chaussures trouées.En ce qui concerne les concerts, les orgas se sont finalement bien démerdés pour que les rockers puissent voir quasi tous les concerts de rock et les amateurs d'electro tous les concerts d'electro - sans que les deux publics en se croisent et se foutent sur la gueule, en plus, chapeau. Très très peu de déceptions et énormément d'excellents concerts : c'était super !
Vendredi :- Morgan Delt : c'était bien, ça lançait agréablement le festival, pas très nerveux mais bien fichu.
- Swans : on y est resté trois minutes, sûrement à tort, mais on était un peu bourrés à ce moment-là, et la vue d'un type tout de cuir vêtu derrière quinze claviers et un xylophone géant m'a intimidé.
- Mikal Cronin : son groupe était moins marrant que celui d'il y a deux ans (finies les envolées hair metal débiles à la guitare
), plus pro, mais efficace. Il a joué assez peu de morceaux du troisième album, qui passaient bien mieux sans la prod pas belle mais faisaient un peu retomber le soufflé quand même. Un très bon concert malgré tout, Cronin est classe.
- Kevin Morby : puisqu'on parle de classe... Je craignais de me faire un peu chier (le folk sur scène, Binic m'a vacciné), j'ai pris une belle beigne. Grosse présence scénique et groupe sympathique, c'était finalement loin d'être scolaire et souvent très beau.
- Gaz Coombes : le seul concert décevant du festival. Un peu à côté de la plaque, trop d'affectation, un groupe de musiciens de studio pas très passionnant et surtout les chansons de son dernier album sont un peu chiantes. La salle s'est vidée très vite, pas d'ambiance du tout (j'ai applaudi et gueulé très fort comme un con pour essayer de masquer le silence), ça m'a fait mal au coeur.
- Les Oh Sees : ben écoutez, c'était peut-être pas aussi bon qu'avant mais ça m'a pas choqué !
Clairement ça fait pas dans la dentelle, m'enfin bon, y a guère que les poppeux pour déplorer ce genre de choses.
Samedi :- Aquaserge : de l'AGSA pur et dur (j'ai beaucoup pensé à Gong), c'est élaboré mais pas sérieux, plein de moments de bravitude, c'était cool ! Seul regret : z'ont pas pu finir leur set - les orgas étaient de manière générale un poil trop pointilleux sur le temps.
- Twerps : fantastique. Comme pour Morby, je pensais pas que cette musique serait passionnante en live, en fait le groupe est très drôle et touchant, j'ai adoré.
- Giant Sand : un biker avec la voix de Lou Reed qui chante du Tom Waits et des hymnes alt country, je découvrais et j'ai bien aimé - pas dingue mais sympa. La danseuse sans soutif a laissé
tous les garçons de la salle avec la mâchoire pendante, les filles ont dû avoir bien pitié de nous.
- Ariel Pink : j'en attendais plutôt rien mais j'espérais une bonne surprise, ben c'était pourri. Une belle bande de poseurs (Pink qui boit une petite gorgée de sa Heineken toutes les 30 secondes, wouah ce clodo lol), un son brouillon et inaudible - c'est dommage parce qu'on distingue bien trois/quatre mélodies qui valent le coup, mais elles sont gâchées par tout le reste.
- Wand : héritiers de Segall, donc, z'avaient l'air bien baisés. Déjà le batteur fait 1m30 et ressemble à un élève de CP schizophrène, sauf qu'il a des tatouages de killer et qu'il tape comme un bourrin. Le claviériste/guitariste mexicain à qui il manque un bout d'oreille avait l'air complètement à l'ouest : il a passé le concert à dévisager le public la bouche ouverte (à un moment il s'est rongé les ongles avec un air penseur pendant qu'il jouait, première fois que je voyais ça
). Même topo pour le bassiste qui restait cinq minutes sans bouger à fixer le plafond. Malgré la drogue, donc, très bon concert, plein de bonnes chansons pop/glam dans un enrobage heavy, et un chanteur assez charismatique.
- The Divine Comedy : il était minuit, la soirée se terminait pour nous, nous étions un peu raides et c'était beau : les filles faisaient du hula hoop, les garçons paradaient à leurs côtés, les amoureux s'enlaçaient tendrement et Neil Hammond a enchanté son monde avec ses ballades mccartneyiennes, un accordéon et des arpèges délicats. Je ne connaissais le groupe que de nom, je suis maintenant curieux d'aller écouter leurs disques (même si je suis pas certain d'y retrouver les mêmes émotions). Enorme classe, je m'attendais pas
du tout à ça.
- Grand Blanc : on y a fait un tour avant de rentrer, le temps d'une chanson et de quelques lazzi. Groupe à minettes qui mélange Shaka Ponk, Fauve et Woodkid : infâme.
Dimanche :Meilleure journée en terme d'ambiance : moins d'indie et d'electro, plus de punk (un peu naze) et de metal + syndrome du dernier jour de festival. Public un peu plus marrant, donc (ou alors c'était l'acool).
- Sleaford Mods : on n'y est pas restés longtemps (Weedeater oblige), c'était marrant : postillons en pagaille, danses minimalistes et un dj qui avait le mérite de ne pas se prendre pour David Guetta ("j'appuie sur une touche de mon ordi et je bouge comme un gogol pendant trois minutes", way to go
). Le son sur ce concert était pas top, alors on n'entendait pas très bien les paroles déjà difficiles à comprendre à la base, du coup c'était quand même un peu raté.
- Weedeater :
le groupe de metal du festival. Ca faisait du bien de pogoter un peu après toutes ces festivités indie (un peu tout seul, faut bien le dire - les hipsters ne pogotent pas sur du metal : ils tapent du pied), des bons gros bourrins qui ont rendu inutiles tous les groupes "stoner" qui sont passés après (même Drenge, ternes).
- The Soft Moon : pas vus, je ne voulais pas assister à un suicide collectif.
- Foxygen : excellent, les mecs sont dans un trip Rock 'n' Roll Circus à fond (ce que tout le monde n'a pas compris visiblement - on a entendu des "c'est tellement pas sincère" affligés de la part d'un stagiaire des Inrocks), avec danseuses sexy, fausses engueulades, bouteilles de whiskey ingurgitées cul sec, etc. Faut être d'humeur mais j'ai trouvé ça très marrant. Show complet, Sam France était survolté et les musiciens assuraient. Un des meilleurs concerts du festival.
- 21h50, déjà plus grand chose d'intéressant. Alors on a bu comme des trous, si bien que quand il a fallu voir les Allah-Las, je me suis barré au bout de deux minutes tellement je trouvais ça chiant. L'occasion de rencontrer des gens, tous sympa (on s'est fait payer un nombre de verres incalculable), et de finir je sais pas trop comment sur la scène d'un karaoké qui m'a vu commettre une reprise metal d'Evanescence et faire des choeurs doo-wop sur
Anarchy in the UK. Ultime conseil pour ceux qui voudraient y aller l'an prochain : on peut dormir derrière le parking, y a un champ et personne n'est venu embêter ceux qui s'y sont posés - pas la peine de faire deux heures de marche pour aller au camping situé à l'autre bout de la ville, quoi.
(Pour notre part on s'est posés dans un aérodrome à 10 minutes du site, et on a passé nos journées vautrés sous un olivier en buvant des bières : pépouzes
.)