Vite fait, un petit compte-rendu (soyez indulgents, j'ai pas eu le temps de fignoler):
Arrivée à 18:30 devant la salle, Quai Belu. Charmant endroit. Ty Segall et son groupe sont en train de décharger leur matos. Pas eu le cran d'aller saluer les mecs -étant toujours un peu embarrassé à l'idée de sortir mon anglais scolaire dans ce genre de circonstances... Après avoir ingurgité un kebab glacé (une spécialité locale, certainement...), on rentre dans la "Lune des Pirates". Comme dans mes souvenirs, la salle est petite mais chaleureuse -le genre d'endroit idéal pour pratiquer le Rock 'n' roll. Même si quelques mecs à l'ancienne ont fait le déplacement, le public est plutôt jeune, beau et looké. Apparemment, bon nombre d'entre eux sont venus soutenir ROLLIN' BUNKERS, le groupe local qui, j'imagine, doit susciter émoi et admiration dans les lycées privés du coin.
ROLLIN' BUNKERS donc : Les gars arrivent déguisés en scouts et balancent direct la sauce, sous les vivas et les bravos de jeunes personnes arborant jeans slim et mèches de minets UMP. Pour résumer très grossièrement, on va dire qu'on a faire un une sorte de croisement entre les STRAY CATS du pauvre et JESSE GARON'. Bof. Pas mon truc. D'autant plus que les mecs y vont de leurs petites blagues de potaches et de leurs
private jokes reloues entre chaque morceau... Ceci étant dit, certains riffs sont plutôt sympas et ces gamins tiennent bien la scène. Malheureusement (pour eux), le gratteux/chanteux passe le plus clair de son temps à accorder sa Gretsch, ce qui a eu pour conséquence de totalement niquer la dynamique de leur show et de leur faire perdre un temps considérable. Maheureusement (pour moi), les gaziers mettent un point d'honneur à jouer l'intégralité de leur set-list. Ils abusent d'ailleurs tellement au niveau du
timing qu'ils se font gicler sans ménagement par un gars de la sécu fort peu diplomate. Il leur a coupé le sifflet tout net. Force est de constater que ça a jeté un sacré froid dans la salle... Mais bon, z'auraient du savoir rester à leur place et se contenter de la 1/2 heure qu'il leur était initialement allouée. Non mais...
Arrive ensuite K-HOLES, groupe de New York que je ne connais absolument pas -hormis le fait de savoir que c'était le projet de Jack Hines qui officia chez les BLACK LIPS jusqu'en 2005. J'avais vite fait écouté un titre de leur EP sur Youtube mais bon, sans plus creuser... A la vue de la config', j'avoue un peu tirer la tronche : basse, guitare -jusque là, c'est bonnard-, batterie sans caisse claire (juste 1GC, 2 toms et une cymbale?!? WTF?), maracas, cymbalettes et surtout un putain de saxo (instrument que je hais de tout mon être)! Bref, je m'attends à devoir endurer une purge free jazz/no wave arty pour beauzardeux pédant et j'attrape une suée et des palpitations... Le gratteux commence alors à balancer tranquilou un plan noise et là, la basse vrombit, la batterie s'emballe en mode tribal, la saxophoniste se lance dans une longue complainte glaçante et la blonde vocaliste (
) au magnétisme animal, toute de noir vêtue, entame une puissante incantation sur un ton quasi-menaçant et se déhanche langoureusement. Ouch... Grosse ambiance! Je rentre direct dans le trip et ne redescendrai pas avant la dernière note.
Pour décrire un peu la chose : K-HOLES envoie un mix joliment équilibré entre Post punk, Noise rock et Garage -le groupe alternant morceaux lents et angoissants et pièces plus pêchues (où l'influence Garage se fait un peu plus perceptible). Au final, ça a été une prestation absolument FANTASTIQUE. Une des plus puissantes qu'il m'ait été donnée de voir. Le panard TOTAL. Un nirvana sensoriel. J'ai rarement été autant remué par un groupe. Une partie du public semble d'ailleurs être dans le même état que moi -bon nombre de petites nénettes à mes côtés entrent littéralement en transe -certaines frôlent même la Danse de Saint Guy... Impressionnant -pour ne pas dire flippant. Les zikos, charismatiques mais un tantinet timorés, semblent au départ quelque peu surpris par l'enthousiasme débordant du public (ça pogote même gentiment) mais ne boudent en aucun cas leur bon plaisir. Par contre, l'autre partie de la salle semble être totalement restée hermétique et a préféré s'éclipser pour siroter une mousse ou aller se tirer une tige. Normal. C'est le genre de démarche qui passe ou qui casse. Pas d'entre-deux possible.
Bref, excellente impression. Je suis totalement conquis. Mon seul but dans la vie étant dorénavant de les revoir au plus vite
. Evidemment, à la fin de leur prestation, je me suis jeté sur leur stand comme un crevard. Las! Leur dernier album n'était plus disponible. Pas grave, j'ai chopé leur 1er CD ainsi qu'un badge que la demoiselle qui les accompagnait m'a gentiment offert. Sympa
Ty Segall et ses petits camarades de jeu investissent ensuite les lieux et, après une rapide balance, envoient la dégelée sans faire de manières, alternant "tubes" ("Wave goodbye", "You Make The Sun Fry", "Skin", etc...) et pas mal de morceaux de "Twins" (du moins il me semble). Etant encore tout "émotionné" par K-HOLES, j'ai d'abord du mal à rentrer complètement dans le truc, mais objectivement, le groupe délivre une très très grosse prestation, ultra-énergique, sans fioriture ni pose à la con. 100% efficacité. Exactement ce à quoi je m'attendais donc. C'est d'ailleurs un peu le blem : m'étant enfilé une bonne dizaine de videos de live avant cette date, l'effet de surprise est évidemment totalement absent. Mais bon, il serait malvenu de ma part de cracher dans le Champagne... Mikal Cronin est plutôt beurré, pétant même une corde (ce qui n'aura pas l'air de le perturber plus que ça) mais il assure malgré tout de fort belle manière. Idem pour les deux autres.
Le public est aux anges (pogos, slams, petites se trémoussant au 1er rang, espérant ainsi attirer l'attention du blondinet). Pas grand chose à dire au final, si ce n'est que c'est assez chouette de voir la complicité qui existe entre eux (reprises improvisées, petits sourires, clins de yeux, éclats de lol, etc...). D'une fraîcheur et d'une spontanéité rares. Par contre, j'ai eu la sale impression que le concert avait défilé à vitesse grand V. Ca m'a semblait définitivement bien trop court. Certainement parce que j'ai tout simplement passé un excellent moment (et on sait tous à quel point le temps se fait vite la malle dans ces cas-là). J'imagine qu'il en a été de même pour mon beau-père (grand amateur de Rock 'n' roll) et pour un pote qui ne connaissaient absolument pas le sieur Segall avant : tous deux avaient des étoiles dans les yeux pendant (et après) le show. C'est un signe qui ne trompe pas.
Au final, vraiment ravi d'avoir fait le déplacement et d'en avoir pris plein la face comme je l'espérais. D'ailleurs, si je m'écoutais, je me ferais bien la date de Courtrai le 27/11, d'autant plus que c'est WHITE FENCE qui assure la 1ère partie...