Avis aux éclaireurs des salles obscures.

Vus ce soir:

We're four lions: bien.

Rubber: moins bien.

Texte des critiques précédentes: laconique et améliorable.

Ah ouais je me suis tapé la BA de Four Lions pas mal de fois, et pour une fois le résumé fait plutot envie. Ca a l'air drole et con. Et con. Et drole.

Ben moi y'a pas longtemps j'ai vu Faites le mur.
C'était pas mal.
Le réalisateur titré c'est Bansky, la superstar du street art, mais une fois qu'on a vu le film on sait plus trop. En tout cas ça se laisse regarder, c'est plutôt agréable, pas mal de scènes marrantes ou intéressantes. Bon maintenant l'intérêt du grand écran est plutôt limité, dommage étant donné que je vais au cinéma une fois tous les 3 mois. Film typé « cheap » quoi (peut-être devrais-je dire lo-fi ) façon Dig!.

Au passage, un blog sympa pour qui s'intéresse au cinéma, surtout si c'est de façon un peu maniaque (pas mon cas malheureusement, on peut pas tout faire en même temps) : http://lesintrouvables.blogspot.com/, qui catalogue des centaines de films introuvables — ce qui justifie qu'ils soient en téléchargement libre.

Voilà, et puis joyeux noël à tous tant que j'y suis (ahhh tiens ça doit être pour ça qu'y avait personne ce soir )

Un peu rude, tout de même.

Béroalde De Fuzz a écrit:

Un peu rude, tout de même.

le film ou la musique ? le premier me tentait l'an dernier, mais le deuxième m'avait, hum, peu encouragé...

Oh, certes pas la musique, vous savez bien ma tendresse pour le vieux hard rock indéfendable. Mais même en cas d'indifférence ou même d'allergie aux moumoutes permanentées et aux potards à onze, le film garde tout son intérêt, d'autant (et je le regrette) qu'on n'entend pas tellement que ça leurs morceaux.

Alors, d'accord, ce groupe n'est pas piqué des hannetons. Il faut le voir: Anvil avec sa discographie à pochettes nanardes longue comme le bras, leurs grimaces inconcevables et leur vulgarité crasse, les trognes et les louques quasi-impossibles, Anvil est plus Spinal Tap que Spinal Tap, on a parfois peine à en croire ses yeux (plusieurs clins d'œil au mythique faux-rockumentaire, d'ailleurs : ampli à 11 et visite à Stonehenge).

Néanmoins, les situations sont parfois d'une misère humaine tellement sordide qu'on en est presque mal à l'aise, un peu comme devant une émission télé-poubelle du genre "confessions intimes" ou un truc comme ça.
Le problème est que les deux gars sont tellement piteux et peu lucides qu'ils prêteraient trop facilement à la moquerie et au sarcasme. On imagine très bien de cyniques lecteurs des Inkrock se payer leur tronche de métalleux caricaturaux (d'autant que même selon les critères du heavy metal, Slash et les autres auront beau dire, Anvil reste un groupe de seconde division) en regardant ce spectacle consternant. Or, ce n'était en rien l'intention du réalisateur, vrai fan du groupe. D'où malaise.
Heureusement, la plupart du temps, le film atteint son objectif: montrer la face misérable du rock'n'roll, en rendant touchante de conviction la quête et la foi désespérées des personnages. C'est vraiment un gros rockumentaire pour prendre conscience de l'envers du rêve rock'n'roll, et à ce titre il vaut la peine pour tout le monde ici.

Ce qui rend supportable tout ça, je crois, c'est de savoir qu'ils ont pu grâce à ce film reconquérir une audience et une notoriété. (En juin, au Hellfest, je les avais d'ailleurs vu jouer: si leur musique n'était pas inoubliable à part un ou deux tubes, leur enthousiasme de gamins était vraiment émouvant et ils tenaient bien la scène, c'était vraiment fun.)

A la fois irrésistible et éprouvant, donc. S'il est vrai que Tom Waits et d'autres auraient chialé devant This Is Spinal Tap en y voyant représentée mainte vicissitude vécue, alors on ose à peine imaginer leur réaction ici.

bon, ben tu m'as réveillé l'envie, là

Si d'autres personnes l'ont vu, je serais curieux d'avoir leur réaction, pour savoir si je suis le seul à donner un avis tout de même mitigé par un certain malaise.
Les critiques ciné étaient plutôt dithyrambiques dans mes souvenirs; et les métalleux et hardos, forcément, ne pouvaient qu'être émus et conquis d'avance par ces prolétaires du riff. Ce qui m'intéresserait, ce serait de savoir ce qu'en pensent les réfractaires au style, pour qui les efforts du groupe risqueraient de paraître surtout vains et pathétiques, donc.

Béroalde De Fuzz a écrit:

Oh, certes pas la musique, vous savez bien ma tendresse pour le vieux hard rock indéfendable. Mais même en cas d'indifférence ou même d'allergie aux moumoutes permanentées et aux potards à onze, le film garde tout son intérêt, d'autant (et je le regrette) qu'on n'entend pas tellement que ça leurs morceaux.

Alors, d'accord, ce groupe n'est pas piqué des hannetons. Il faut le voir: Anvil avec sa discographie à pochettes nanardes longue comme le bras, leurs grimaces inconcevables et leur vulgarité crasse, les trognes et les louques quasi-impossibles, Anvil est plus Spinal Tap que Spinal Tap, on a parfois peine à en croire ses yeux (plusieurs clins d'œil au mythique faux-rockumentaire, d'ailleurs : ampli à 11 et visite à Stonehenge).

Néanmoins, les situations sont parfois d'une misère humaine tellement sordide qu'on en est presque mal à l'aise, un peu comme devant une émission télé-poubelle du genre "confessions intimes" ou un truc comme ça.
Le problème est que les deux gars sont tellement piteux et peu lucides qu'ils prêteraient trop facilement à la moquerie et au sarcasme. On imagine très bien de cyniques lecteurs des Inkrock se payer leur tronche de métalleux caricaturaux (d'autant que même selon les critères du heavy metal, Slash et les autres auront beau dire, Anvil reste un groupe de seconde division) en regardant ce spectacle consternant. Or, ce n'était en rien l'intention du réalisateur, vrai fan du groupe. D'où malaise.
Heureusement, la plupart du temps, le film atteint son objectif: montrer la face misérable du rock'n'roll, en rendant touchante de conviction la quête et la foi désespérées des personnages. C'est vraiment un gros rockumentaire pour prendre conscience de l'envers du rêve rock'n'roll, et à ce titre il vaut la peine pour tout le monde ici.

Ce qui rend supportable tout ça, je crois, c'est de savoir qu'ils ont pu grâce à ce film reconquérir une audience et une notoriété. (En juin, au Hellfest, je les avais d'ailleurs vu jouer: si leur musique n'était pas inoubliable à part un ou deux tubes, leur enthousiasme de gamins était vraiment émouvant et ils tenaient bien la scène, c'était vraiment fun.)

A la fois irrésistible et éprouvant, donc. S'il est vrai que Tom Waits et d'autres auraient chialé devant This Is Spinal Tap en y voyant représentée mainte vicissitude vécue, alors on ose à peine imaginer leur réaction ici.

Je l'ai vu, et j'avais l'impression que c'était quand même pas mal mis en scène...Je ne crie pas au fake mais presque.

Je sais pas ce qu'en a dit les Inrocks, mais ces anvil ont fait la couverture de Technikart qui trouvait le film génial...

J'ai adoré Anvil. Bien sûr il y a de la mise en scène, mais ça on y coupe difficilement, quelque soit le documentaire ou ses intentions. La réalité etant subjective, il s'agit de rendre cette subjectivité.

Je souscrit totalement a ce que dit Bero, j'ai trouvé la sincerité de ces mecs profondemment touchante, quand bien même leur musique ne me parle pas le moins du monde.

J'ai ressenti également ce malaise. La volonté tenace du chanteur/guitariste, tellement à bloc qu'il embarque son pote d'enfance de batteur dans des aventures rocambolesques qui puent la lose des kilomètres à l'avance. Et en même temps, on ne peut que difficilement avoir de la pitié pour des gens se vautrant autant dans le mauvais goût et la vulgarité. Sinon autant avoir de la compassion pour les groupes de baltringues et autres clônes de Jauni, c'est du même niveau.
Ressenti bizarre donc. J'avais l'impression de voir un épisode de Strip Tease. Le réalisateur à sans aucun doute loupé son but.
NB: et je ne suis pas lecteur des inrocks

Je pense pas, c'est une question de tempérament. J'ai enormement de compassion pour les losers et les "baltringues", fussent-t-ils sosies de Johnny. Aussi Anvil m'a retourné. C'est un peu les Don Quichotte du Hard-rock bas-de-plafond. J'adore les Blousons Noirs et les Shaggs, tout comme les mecs d'Anvil, sans moquerie, juste parce que les mecs y croient, quoi qu'on leur dise, et quoiqu'ils valent effectivement. C'est leur attachement a des valeurs a priori vaines qui les rends glorieux.

Enfin perso pas de malaise en regardant, plutôt de l'émotion tout à fait sincère. Enfin j'appartient probablement à la grande tribu des losers, ça aide

Peter Fonda, publicitaire désabusé, cynique et superficiel, qui se donne un mal fou pour tenter de ressembler à notre Beat4less, se paye un bad trip: déambulations sur la plage en chemise romantique et poses Robert-Plant entre une blonde et une brune parmi les Nazgûls et les gnomes verts, flashes paranoïaques dans une penderie; à chaque fois qu'il débouche une bouteille de lait, on s'attend à voir surgir un pseudopode cthulhuesque.
Cool, Corman, non content de filmer à toutes berzingues plein de pochettes de disques psyché, peut recycler ses décors gothiques hammeriens, où l'on croise des Inquisiteurs fantasmatiques à qui la robe de bure sied presque aussi bien qu'à Peter Cushing. Sur fond de free-jazz et d'acid-rock, on apprend à la fin que chaque individu n'est qu'une parcelle de l'amour cosmique et que grande est la culpabilité et douloureux le plongeon dans les abîmes de la conscience. Boârf, pour ce prix-là je préfère me fader les oeuvres complètes d'Ignace de Loyola.
Jolies couleurs bariolées à la Mario Bava, cependant.

Jamais vu ce film mais j'ai la BO qui est plutôt cool pour se relaxer

Je suis sur le point de télécharger ce film, je suis persuadé que je vais bien me marrer

Béroalde De Fuzz a écrit:

Peter Fonda, publicitaire désabusé, cynique et superficiel, qui se donne un mal fou pour tenter de ressembler à notre Beat4less, se paye un bad trip: déambulations sur la plage en chemise romantique et poses Robert-Plant entre une blonde et une brune parmi les Nazgûls et les gnomes verts, flashes paranoïaques dans une penderie; à chaque fois qu'il débouche une bouteille de lait, on s'attend à voir surgir un pseudopode cthulhuesque.
Cool, Corman, non content de filmer à toutes berzingues plein de pochettes de disques psyché, peut recycler ses décors gothiques hammeriens, où l'on croise des Inquisiteurs fantasmatiques à qui la robe de bure sied presque aussi bien qu'à Peter Cushing. Sur fond de free-jazz et d'acid-rock, on apprend à la fin que chaque individu n'est qu'une parcelle de l'amour cosmique et que grande est la culpabilité et douloureux le plongeon dans les abîmes de la conscience. Boârf, pour ce prix-là je préfère me fader les oeuvres complètes d'Ignace de Loyola.
Jolies couleurs bariolées à la Mario Bava, cependant.

Oui pas terrible celui-là (je crois que je l'ai chroniqué sur PlanetGong, faudrait que je remette le nez dans les archives). Le seul truc remarquable à ce film, c'est que le scénario est signé Jack Nicholson (ce qu iexplique beaucoup de choses)

Dans le même genre, Psych Out est meilleur

Béroalde De Fuzz a écrit:

Boârf, pour ce prix-là je préfère me fader les oeuvres complètes d'Ignace de Loyola.

Chiche !

Je profite des propos sur "The Story of ANVIL" pour rebondir sur une œuvre encore plus fondamentale.

Si vous avez trouvé Anvil "rude", que dire de "Hardtimes Killin' floor blues". En comparaison de ce qu'était Jeffrey Lee Pierce dans les nineties, les zozos hardeux du film de Sacha Gervasi sont des modèles de réussite sociale.

Jeffrey Lee Pierce, l'immortel interprète de "Mother of Heart", "Crab Dance", "For The Love of Ivy", "Love and Desperation" ou encore "The Lie", -pour citer au pif dans un répertoire dément- le génie punk-blues qui justifierai à lui tout seul et en une poignée de disque toutes les horreurs synthétiques des années 80. Jeffrey Lee Pierce, dont on apprends ici que ses "amis" (disons plutôt ses fréquentations de bistrot) le surnomment "le cadavre pourrissant de Marlon Brando".

Pour ceux qui trouve "Anvil!" trop mis en scène. Pas de risque ici. Uniquement un témoignage brut, sec comme un coup de trique, sans montage, sans mise en scène ostentatoire, sans musique ajoutée. La vérité nue, crue, clinique et laide.

Si vous n'arrivez pas à avoir de pitié pour les losers qui se replient sur eux-même et se complaisent dans le gâchis, si vous trouvez que Steve "Lips" Kudlow est un abruti qui gâche sa vie pour des rêves idiots, ne jetez même pas un coup d'œil à ÇA. Ce n'est même pas le crépuscule d'une idole, c'est la déchéance d'un demi-dieu, qui narre ses pathétiques mésaventures sentimentales a sa maman, qui chante "In the port of amsterdam" au fond d'un bistrot dans l'indifférence général et les regards condescendants.

Jeffrey Lee Pierce en exil, poupon bouffi et adolescent solitaire à la fois, loser ultime du rock'n'roll, en train d'exhiber son katana a tout bout de champs, d'expliquer au cinéaste comment ingérer une dose de morphine en avalant 10 doses normales de médicament, ou se faisant expliquer par un Nick Cave de passage qu'il "faut vraiment que tu te ressaisisse, mec". Trop tard, visiblement.