wah mon dieu, par quel bout jleu prend... non exhaustif, hein, f'rai ça une aut' fois (ptet), et de mémoire. bon, hop, on met son chapeau pédant
galette de référence, quelle surprise, signée David Evans (également l'auteur des articles académiques de référence) pour Testament
28 pistes en version CD (le vinyl de 1971 doit être dur à pister), liner notes brèves et pointues. les collines du nord du Mississippi en 70 s'y taillent la part du lion, donc Otha Turner, Napoleon Strickland et un tout jeune R.L. Boyd, pour les connaisseurs, mais aussi quelques pistes enregistrées par Lomax dans la même région en 42 de l'incontournable Sid Hemphill (grand-père de Jessie Mae, elle-même joueuse de tambour) & co, et des enregistrements 1970 par Evans & Mitchell en Georgie des gars "découverts" par George Mitchell. surtout, couvre non seulement le fifre & tambours proprement dit, mais aussi des genres annexes fournissant le contexte indispensable à sa compréhension, par les mêmes interprètes ou des associés proches : percussions corporelles + battements de pieds dansés, flûtes de pan, et les versions domestiques / gamins du fifre & tambour comme siffler en tapant sur une bassine -
ce qui nous fournit ZE indispensable piste de curiosité pour snober dans les concours de one-upmanship blues, Fred McDowell jouant de la poubelle pour accompagner Napoleon Strickland au fifre
pour achever de contextualiser la chose dans le contexte Nord Mississippi, on se réfèrera à l'essentiel
14 pistes seulement (CD = LP), mais anthologisant l'ensemble des formes musicales de cette région, berceuse, comptine et string band inclus, avec 65 pages de notes et photos d'Evans extrêmement riches. allez, chtite photo :
critique sévèrement élogieuse de haut niveau par Fred McCormick
dernier élément pour comprendre cette fois en quoi le fife & drums est le contexte du blues, la version de "Sitting on the top of the world" (une base du répertoire fife & drums) en guitare / batterie sur
(Burnside reconnaissait lui-même qu'il était un joueur de fifre raté, c'était sa première aspiration musicale)
puisqu'on parlait de siffloter en tapant sur une bassine, mentionnons au passage le Bongo Joe cher au baron
(CD; réédition du LP par Mississippi :
)
dont le lien avec le fifre et tambours arrache les oreilles de quiconque a entendu Compton Jones sur l'un des sus-cités, mais n'est mentionné par personne, à croire que votre humble serviteur est un génie ignoré. pffffuit. je vous épargne mes développements sur l'application aux buskers des analogies dégagées par Evans entre onestring / guitare et sifflement-bassine / fifre & tambours, entre autres
des enregistrements par Mitchell en Géorgie et en Mississippi du nord se retrouvent sur de nombreuses anthologies, dont sur Arhoolie et Big Legal Mess (Fat Possum), nous n'entrerons pas dans les détails; Strickland et Turner ont aussi été enregistré par d'autres folkloristes ou aficionados dans les années 80, notament par Axel Küstner pour l'excellente série "Living Country Blues" sur L&R (rééd Bellaphon)
par contre, seul Bengt Olsson à ma connaissance a documenté le 3e et dernier foyer de survivance (lui aussi éteint depuis) du fifre et tambours, dans le Tennessee (non loin du Mississippi du nord). je n'en connais qu'une seule piste publiée, sur :
- demandez à Fox, y'en a peut-être une autre sur ce foutu vinyl récent de ses enregistrements que j'ai pô, mais j'en doute. celle que j'ai, plus une autre, figuraient sur ce LP Flyright :
- on espère que Birdman, qui possède les droits des Bengt Olsson, en sortira d'autres.
restons avec Birdman pour changer d'univers, du folklore / académique au fusion / "commercial"
Otha Turner, avec le revival Deep Blues des 90s, devint une légende pour connaisseurs snobs, mais aussi, grâce à sa personnalité de tout ce qui en est rapporté extrêmement chaleureuse et hospitalière, une référence voire un mentor pour une multitude de jeunes (ou moins jeunes)
- Spoiler:
Maureen Tucker et Otha Turner, pendant un workshop / master class
des Kropotkins auprès de ce dernier
musiciens et fans
l'un de ceux-ci, Luther Dickinson, étant le digne fils de son père, va donc enregistrer et produire deux albums de Turner & family, sur Birdman :
- pas mauvais, mais moins puristes, voire parfois un peu douteux dans les jams avec la slide électrique de Dickinson et, pour le deuxième, les jams world fusion avec d'estimables mais franchement touristes égarés joueurs de kora & djembé (entre autres) africains - tout le monde, Turner compris, semble s'être bien amusé, mais moi je m'emmerde un peu.
tout bon snob, à choisir, optera donc plutôt dans les prods Dickinson pour l'EP Sugar Ditch / Shangri-La
juste Turner, sa fille Bernice déjà enregistrée par Mitchell 20 ans plus tôt, un de ses petits-fils, et RL Boyd
Dickinson incorporera aussi du fife & drums, directement ou en sample, dans différents albums des North Mississippi All Stars, et en faira figurer les batteurs (après la mort de Turner) dans la Hill Country Review de l'agréable
... comme papa avait aidé Tav Falco à le faire plus de 15 ans avant au début des Panther Burns
cependant, des rockers de Memphis, celle qui s'impregnera le plus de ce style, auprès de Jessie Mae Hemphill notamment, est bien sûr Lorette Velvette, qui, en plus d'en apporter l'influence et la technique aux Kropotkins
(bien que ce soit son vieux complice Ron Franklin qui y tienne le fifre)
et de jouer la Loa du sexe au côté d'Otha Turner, Loa des carrefours, dans
(dont une longue séquence est un pique-nique nocturne, "documentaire", chez le vieux maître), enregistrera une superbe piste pur fife & drums avec le Loa du métal du dit-film, Mick Collins, pour son
Wayne County Ramblin voit aussi gambader à travers quelques plans la toute jeune arrière-petite-fille d'Otha, choisie par lui pour reprendre le flambeau, Sharde Thomas, dont j'ai attendu longtemps, et finalement oublié dans les tréfonds de la wishlist, le disque
beaucoup de choses intéressantes, et un excellent petit film d'Evans & Ferris sur Othar Turner, chez Folkstreams