Tiens, je c/c le texte un peu plus long que je viens de faire pour un autre forum :
Hier c'était l'ouverture de Jazz à la Villette, avec Marc Ribot, Meshell Ndegeocello et Mark Anthony Thompson pour "a night of improv".
Pour ouvrir, c'était le duo rhodes / batterie des Black Diamond Heavies. Je suis curieux de savoir qui a choisi de les programmer ici, la violence répétitive de leur garage rock façon heavy Tom Waits n'est pas très jazz, et d'ailleurs personne dans le public ne semblait connaitre. Par contre, la réaction a été étonnement positive, les gens écoutaient poliment, puis applaudissaient chaudement, de plus en plus enthousiasmés à chaque morceau. Le concert lui même était super, le son génial (depuis le premier rang, où on prend l'ampli dans la gueule, pas la sono) suffit à accrocher quelqu'un comme moi. Un fender rhodes, sept pédales d'effet (big muff, cry baby, de la bonne compagnie) et des vagues d'orgue démente qui défoncent la cage thoracique. Le groupe me branche moyennement sur album (faut que le genre se répète vite) mais je pense que ça peut se voir de nombreuses fois en live sans lassitude.
Bon vient en suite la nuit d'impro. Marc Ribot (guitare, ex pote à John Lurie et Tom Waits), Meshell (basse jazz/funk) et Marc Anthony Johnson (chant, Chocolat Genius Inc) étaient également accompagné de claviers (piano, moog, pas trop de synthés) et batterie (un jeune capable de grooves assez complexes), et tout ce petit monde montait ensemble sur scène pour la première fois. C'était donc très inégale, avec des moments de creux ou le clavier meublait, quelques passages purement bruitistes de Ribot qui n'allaient nul par, des blancs durant la recherche d'une partition, ce genre de flottement caractéristique du jam... Mais dans les moments d'inspiration, de plus en plus régulier à mesure que le concert avançait, c'était vraiment génial. Des gros groove plutôt basique et par dessus Ribot qui frappe sa jaguar à toute vitesse, parfois dans des versions free-rock de vieux morceaux connus. J'ai pris une claque quand Johnson, à la voix soul superbe, s'est mit à hurler le TV Eye des Stooges, vite suivi par le riff à la guitare. On a même eu droit à quelques vers de Search & Destroy un peu plus tard, ou encore à une version épurée et violente de Break on through des Doors. Une soirée jazz assez surprenante, donc.
Conclusion, si jamais ces gens là continuent à jouer ensemble, en conservant ces bases rock, je serai attentif à ce qu'ils peuvent faire ; et surtout, je vais de ce pas aller écouter Chocolat Genius Inc, parce que Thompson a une super présence scénique et un beau brin de voix.
edit : Quant à la raison de la présence des BDH en ouverture, ma théorie est que Marc Ribot les a fait venir, dans la mesure où il a joué avec les Black Keys, il y a des chances qu'il connaisse tout ce petit monde...