Danny Kroha à la Méca

young-men-dead a écrit:

ratel a écrit:

mouaif, Kroha lui-même a assuré honorablement, mais y'avait du casse-couille dans la salle, et ça aidait pas à rentrer dedans

et évidemment je rigole bien quoiqu'un peu jaune parce qu'un bon ptit 95% du public n'en aurait eu rien à foutre de son set (comme de tous ceux du même genre et du même niveau que je vois ou monte) si c'était pas Dan Kroha des Gories - la public était là pour voir la star, pas pour écouter une bonne version d'un morceau de Dock Boggs ou Frank Stoke, et à vue de nez je parie qu'aucun n'est rentré chez lui en courant après pour découvrir l'original

c'est sûr, il aurait fallu instaurer un test à l'entrée, genre un questionnaire sur le gospel, le blues, etc. et si les gens avaient moins de 18/20 ils n'entraient pas. Danny Kroha aurait pu se trouver un pseudo aussi, histoire qu'on sache pas que c'était lui et qu'on se retrouve à 5-6 au concert...

je crois pas que tu aies capté - j'aime pas vraiment plus quand le public est là pour écouter "du blues" ou "du garage" que pour écouter Machin. j'aime quand ils viennent pour la musique

beat4less a écrit:

Dahu Clipperton a écrit:

En tout cas, ça a l'air de vraiment lui "coûter" quelque chose de se livrer autant à poil devant le public, c'est que je me suis dit dans les premières minutes de son set... ce qui rend sa performance d'autant plus forte et touchante, à mon avis.

T'aurais pas un peu trippé quand même ? ça m'a pas l'air d'être le mec le plus mal à l'aise face à un public (même si ça n'empêche pas d'être sujet au trac)

Tu peux bien me sortir toutes les photos des Demolition Doll Rods que tu veux mais j''ai pas du tout trippé, c'était flagrant (et j'ai pas d'explication plus maline que celle d'Eric, ni plus envie que lui de faire dans la tartouillerie psychologique de comptoir)

Je confirme l'impression de Dahu sur le stress de Kroha (la miss a le même avis, mais est-ce que ça compte hein? ).

Pour prendre la défense du folkeux, j'avais bien un écho/reverb dans l'oreille aussi quand il s'est arrêté la 1ère fois (par contre, le 2nd arrêt où le son était "nu", je me suis demandé ce qu'il entendait vraiment dans les retours... parce qu'à 2 m de lui, on ne percevait rien). À mon avis, c'était un reste d'écho de boucle de ukulélé qui aurait reflété l'éclat de Vénus avec une nappe de synthé

Eric a écrit:

(attention, gros poncif)

c'est plus facile de montrer ses couilles que de mettre son âme à nu

(fin de la guimauve)

C'est assez rare de montrer ses couilles, alors que l'autre cas me semble assez courant - même pas besoin d'aller piocher dans le folk ou blues, la "chanson française" en est gorgé.

beat4less a écrit:

Eric a écrit:

(attention, gros poncif)

c'est plus facile de montrer ses couilles que de mettre son âme à nu

(fin de la guimauve)

C'est assez rare de montrer ses couilles, alors que l'autre cas me semble assez courant - même pas besoin d'aller piocher dans le folk ou blues, la "chanson française" en est gorgé.

tu sous-entend que ceux qui font de la chanson française ont une âme ?

Ah non !
Je propose qu'on s'accorde sur l'idée d'âme couillue, et puis voilà

John the revelator a écrit:

Je confirme l'impression de Dahu sur le stress de Kroha (la miss a le même avis, mais est-ce que ça compte hein? ).

Pour prendre la défense du folkeux, j'avais bien un écho/reverb dans l'oreille aussi quand il s'est arrêté la 1ère fois (par contre, le 2nd arrêt où le son était "nu", je me suis demandé ce qu'il entendait vraiment dans les retours... parce qu'à 2 m de lui, on ne percevait rien). À mon avis, c'était un reste d'écho de boucle de ukulélé qui aurait reflété l'éclat de Vénus avec une nappe de synthé

C'est quoi c'te vacherie pour Audrey ? (à moins que ça n'ait un rapport avec le fait de montrer ses couilles ou pas...)

Yep, y avait bien un peu de réverb au départ, mais quand ensuite les retours étaient carrément coupés, j'en ai déduit que l'écho avait pour origine l'une des carafes de vin qui étaient montées à l'étage une heure auparavant, ou un reste de synthé de la première partie en effet

Je n'ai malheureusement pas pu rester jusqu'à la fin du concert à la Méca mais je ne regrette pas d'avoir fait l'effort d'y aller. Je comprends et partage un peu tous les avis. Il avait l'air assez stressé aussi à Paris même s'il m'a semblé qu'au fur et à mesure du concert, quand il a vu que le public lui était acquis, ça allait mieux. Il faut dire que, comme l'a remarqué Dahu, la prestation était "forte et touchante" car il s'est vraiment mis à nu, et tout était couilleusement très dépouillé : sonorisation, prestance, voix, jeu de guitare... Il me semble assez attendu et compréhensible d'être venu, avant tout, pour voir "Dan Kroha", ce blanc bec de Détroit avec son lourd passif d'artiste rock garage, reprendre ces vieux titres de Gospel/blues de chanteurs noirs. La démarche de Mr Kroha est plus qu'intéressante en tant qu'artiste de Détroit, ville où le blues et l'immigration noire ont joué un rôle majeur. Ce n'était pas n'importe qui qui avait choisi d’interpréter ces titres !  L'hommage était plus que touchant. Je comprends aussi Ratel qui regrette que cette attention quasi religieuse qui régnait ce soir-là, à la Méca, malgré l'abruti qu'on entend sur la vidéo, ne soit pas plus partagée lors des grandes messes de blues qu'il organise ou auxquelles il participe avec des prêcheurs moins connus mais aussi, voire plus talentueux. De la musique avant toute chose et venir pour le prêtre plutôt que pour les paroles d’Évangile, certes, on peut considérer que ce n'est pas très catholique.  Bref, c'était un très bon concert. Ainsi soit-il   
Une petite vidéo de la reprise de Patton prise avec mon téléphone de m... :

Margaret Catcher a écrit:

Je n'ai malheureusement pas pu rester jusqu'à la fin du concert à la Méca mais je ne regrette pas d'avoir fait l'effort d'y aller. Je comprends et partage un peu tous les avis. Il avait l'air assez stressé aussi à Paris même s'il m'a semblé qu'au fur et à mesure du concert, quand il a vu que le public lui était acquis, ça allait mieux. Il faut dire que, comme l'a remarqué Dahu, la prestation était "forte et touchante" car il s'est vraiment mis à nu, et tout était couilleusement très dépouillé : sonorisation, prestance, voix, jeu de guitare... Il me semble assez attendu et compréhensible d'être venu, avant tout, pour voir "Dan Kroha", ce blanc bec de Détroit avec son lourd passif d'artiste rock garage, reprendre ces vieux titres de Gospel/blues de chanteurs noirs. La démarche de Mr Kroha est plus qu'intéressante en tant qu'artiste de Détroit, ville où le blues et l'immigration noire ont joué un rôle majeur. Ce n'était pas n'importe qui qui avait choisi d’interpréter ces titres !  L'hommage était plus que touchant. Je comprends aussi Ratel qui regrette que cette attention quasi religieuse qui régnait ce soir-là, à la Méca, malgré l'abruti qu'on entend sur la vidéo, ne soit pas plus partagée lors des grandes messes de blues qu'il organise ou auxquelles il participe avec des prêcheurs moins connus mais aussi, voire plus talentueux. De la musique avant toute chose et venir pour le prêtre plutôt que pour les paroles d’Évangile, certes, on peut considérer que ce n'est pas très catholique.  Bref, c'était un très bon concert. Ainsi soit-il   

Amen
(quelle grande sagesse !)

Margaret Catcher a écrit:

Je comprends aussi Ratel qui regrette que cette attention quasi religieuse qui régnait ce soir-là, à la Méca, malgré l'abruti qu'on entend sur la vidéo, ne soit pas plus partagée lors des grandes messes de blues qu'il organise ou auxquelles il participe avec des prêcheurs moins connus mais aussi, voire plus talentueux.

Nan, c'est pas ça qui m'énerve.

Ce qui me saoûle (même si j'en use et abuse, à force forcée, chaque fois que je gratte un texte de promo), c'est la domination de la légitimité (du musicien, du genre, de la salle...) sur le contenu dans les choix musicaux. Quand les questions comme "avec qui il a joué ? il est blanc ou noir ? il est né où ? il a une collection de disques rares ? il est passé à la télé ?" l'emportent sur "il joue quoi ?" comme déterminants de la venue au concert, de l'achat du disque, de l'attention prêtée à la musique, et, le plus grave évidemment, du jugement porté. Du hipster au top 50, le monstre, l'ennemi, il est là.

Si ce monstre est une hydre, redéployant une tête jusque dans le plus petit concert de bar, c'est, bien sûr, parce qu'il a une dimension fonctionelle efficace, une valeur indicielle potentielle (ce sans quoi j'irais vomir chaque fois que je gratte un des blurbs mentionnés ci-dessus). En effet, on peut (doit ?) se dire "Dan Kroha est un musicien éclectique, audacieux, intense, sur le fond de son oeuvre passée je fais le pari que son projet actuel vaut le déplacement, et une écoute attentive."

Mais, en l'occurrence (d'où mon commentaire sur courir chez soi pour écouter les originaux), son projet actuel consiste en reprises extrêmement fidèles (très compétentes, mais presque banales) de classiques blues (à la différence des relectures postmodernes de Delaney Davidson, par exemple, pour lesquelles l'adhésion peut éventuellement être indifférente au goût pour les originaux et les reprises classiques). Un usage strictement indicielle de la légitimité de Kroha déboucherait ou bien sur la sortie de la salle au troisième morceau ("ben nan, pas pour moi") ou bien sur un raid sur les disques de Frank Stokes et les concerts de country blues rugueux dès le lendemain ("waaah, trop cool les trucs qu'il m'a fait découvrir").

Et je maintiens fermement mon impression que pour une très grande partie de la salle, ce n'est et ne sera pas le cas. Le public était majoritairement là pour écouter la légitimité de Kroha, pas sa musique. Hélas, car elle en valait la peine.

ratel a écrit:

Un usage strictement indicielle de la légitimité de Kroha

Pas compris... Sans ironie, ça veut dire quoi ?

Sinon moi ça me pète les couilles (    ) cette hiérarchisation du plaisir...
Je comprends que tout ne se vaut pas etc. mais on peut quand même laisser les gens apprécier comme ils l'entendent.

Sinon j'étais en milieu/fond de salle, avec un brouhaha pas possible, et j'ai aimé.
Faut pas déconner, c'est un live de musique populaire, si ya trop de bruit au goût du mec qui est sur scène c'est qu'il n'arrive pas à capter l'attention. Hors ce mec ne s'est pas plaint, il avait même l'air plutôt content d'échanger, bref ne refaisons pas l'histoire.
Et si un spectateur ne s'entend pas avec son voisin, c'est son problème, il s'en occupe ou s'en accommode ou bouge...

De toute façon un live à la Méca c'est souvent à moitié rempli de gens qui sont là pour passer une bonne soirée, pas spécialement pour écouter un concert religieusement. J'y inclus le gentil organisateur...

Et comme certains commentaires donnent l'impression d'un truc très solennel et chiant je précise que moi j'ai vu un rocker qui chantait du vieux blues en solo. C'est sûrement plus que ça mais ça m'a suffit. Et c'était quand même bien rock'n'roll !

(Edit : de mémoire fragile, ya qu'une fois où j'ai trouvé le comportement d'un mec dommageable en concert : il chantait la marseillaise et 7 Nation Army à tue-tête lors d'un concert des Warlocks (psych donc..)
On n'en est pas là...)

beat4less a écrit:

ratel a écrit:

Un usage strictement indicielle de la légitimité de Kroha

Pas compris... Sans ironie, ça veut dire quoi ?

utiliser la réputation de Kroha comme un indice que la musique a de bonnes chances d'être bonne plutôt que de lui accorder une valeur intrinsèque. ie : "je vais écouter la musique de Kroha passk'il en fait souvent de la bonne" plutôt que "je vais écouter Kroha, passkeu si c'est Kroha c'est bon, même s'il pête dans son bain"

beat4less a écrit:

Sinon moi ça me pète les couilles (    ) cette hiérarchisation du plaisir...
Je comprends que tout ne se vaut pas etc. mais on peut quand même laisser les gens apprécier comme ils l'entendent.

vi mais toi t'es un gars doux, tolérant et pas râleur, beat (même si on peut toujours compter sur toi quand on veut se faire une chtite polémique  ) . moi chuis un vieux con sans patience envers les collectionneurs d'autographes

beat4less a écrit:

Sinon j'étais en milieu/fond de salle, avec un brouhaha pas possible, et j'ai aimé.
Faut pas déconner, c'est un live de musique populaire, si ya trop de bruit au goût du mec qui est sur scène c'est qu'il n'arrive pas à capter l'attention. Hors ce mec ne s'est pas plaint, il avait même l'air plutôt content d'échanger, bref ne refaisons pas l'histoire.
Et si un spectateur ne s'entend pas avec son voisin, c'est son problème, il s'en occupe ou s'en accommode ou bouge...

De toute façon un live à la Méca c'est souvent à moitié rempli de gens qui sont là pour passer une bonne soirée, pas spécialement pour écouter un concert religieusement. J'y inclus le gentil organisateur...

(Edit : de mémoire fragile, ya qu'une fois où j'ai trouvé le comportement d'un mec dommageable en concert : il chantait la marseillaise et 7 Nation Army à tue-tête lors d'un concert des Warlocks (psych donc..)
On n'en est pas là...)

chuis un vieux con irritable, en plus, par exemple les deux zouaves qui ont passé 4 morceaux à chercher une belette en en causant à pleine voix "Hey Mélanie ! - Elle est où ? - Là regarde, le rang devant. - Hein ? - Nan nan, deux rangs devant. - Mais nan c'est pas elle. - Tu crois ? Attends. Hey, Melanie !" m'ont un bon peu broyé les arpions.

beat4less a écrit:

Et comme certains commentaires donnent l'impression d'un truc très solennel et chiant je précise que moi j'ai vu un rocker qui chantait du vieux blues en solo. C'est sûrement plus que ça mais ça m'a suffit. Et c'était quand même bien rock'n'roll !

ben encore heureux   - mais y'avait clairement une dimension didactique de sa part 
et quand je l'ai croisé avant de partir et lui ai posé une question sur un des morceaux de son set, il avait l'air aussi surpris que content, donnait pas l'impression que beaucoup des autres fans qui lui vrombissaient autour lui avaient parlé de son set du jour plutôt que d'un autre de ses groupes passés ou actuels

Ouais m'enfin comme l'a dis Béro rien de nouveau sous le soleil, tu joues un peu les vierges effarouchées, ou le snob faussement choqué de l'inculture du public. Parce que bon, la grande nouvelle de la « légitimité »... en pratique on est tous très au courant hein. (Et ne serait-ce que ton vocabulaire montre que t'as même eu vent des théories associées...)
Après hein, je comprends que ça agace quand même, lorsqu'on y consacre tant d'énergie et d'idéalisme.

ZigZagWanderer a écrit:

Ouais m'enfin comme l'a dis Béro rien de nouveau sous le soleil, tu joues un peu les vierges effarouchées, ou le snob faussement choqué de l'inculture du public. Parce que bon, la grande nouvelle de la « légitimité »... en pratique on est tous très au courant hein. (Et ne serait-ce que ton vocabulaire montre que t'as même eu vent des théories associées...)
Après hein, je comprends que ça agace quand même, lorsqu'on y consacre tant d'énergie et d'idéalisme.

à quelles "théories associées" penses-tu ? passkeu cette problematisation de la légitimité n'a que très peu à voir avec la légitimité bourdieusienne, même dans des reconceptualisations récentes comme celles de Lahire ou de Glevarec - elle s'applique entre autres à des phénomènes sociaux d'une échelle différente

sinon suis pô idéaliste, merci   (ni énergique, d'ailleurs ). snob, hmmmmm
et même si ce genre de truc n'a rien de nouveau, ça me fait autant chier aujourd'hui que quand je prenais mes abonnements à l'opéra en soir de semaine y'a trente ans pour éviter les notables endimanchés qui se faisaient leur petite escale culturelle légitime pendant leur week-end de shopping parisien - Pavarotti, Kroha, même combat

Je dis bien « eu vent », quelles théories en particulier je n'en sais rien, sans doute de très nombreuses