Et alors, que retiendre?
Qu'Angers, entre schiste et calcaire, vaut bien Austin, surtout entre un verre de Menetou et une tourelle à l'élégance ronsardienne. Son réseau de ruelles médiévales désertées par les spectres de la modernité vaut comme propédeutique adéquat au décollage spatial. Saint Louis avait bon goût en matière de castel familial. La colossale tapisserie de l'Apocalypse est la chose la plus somptueuse qui nous soit tombée sous les yeux depuis longtemps, et eût été idéal équivalent visuel du festival psyché en question.
Mais nous nous égarons, ce qui est la moindre des choses en psyché.
Or donc, en contrebas d'un parking, devant le
Tostaky Studio, derrière Carouf, le cadre du festival est chouette, pas trop grand, pas trop petit. Bon son dans la salle, agréable alternance avec la scène extérieure. Concerts à l'heure, implacablement enchaînés, durée limitée entre trois-quart d'heure et guère plus d'une heure, évitant la lassitude. Sympathique camion-restau le premier soir, dont le jambalaya nous a bien manqué le second soir
Public un peu tristoune, peu chamarré, même pas beaucoup de hipsteurs hamburgeois ni de blogueuses de mode; on note quelques louables tentatives de vestes à frange, la chemise paisley presque timorée, mais l'ambiance était franchement moins surréaliste qu'au Cosmic ou à Binic, pour ne pas parler du Hellfest. On saluera un ou deux danseurs extatiques aux torsions brassées audacieuses.
En somme, pour l'orga, c'est à peu près du tout bon. Rien à signaler au bar sinon qu'heureusement, il ne sert pas que de la kro à l'eau; on a oublié de vérifier la qualité du vin, on est au-dessous de tout
-Décollage-dépucelage à sec avec
Aqua Nebula Oscillator. Messe noire en dégueulis cosmique supra-cérémoniel, vrombissements hawkwindiens entre clochettes et synthés, über-cosmisme incompréhensible et annihilateur où même la guitare n'émergeait pas tout le temps: c'était fameux. Avec leurs robes à paillettes et leur maquillages dorés intégraux (qui seyent fort bien à Adrian Bang, soit dit en passant), il faut dire qu'ils ont tout de suite mis l'ambiance et le niveau assez haut. Brut.
-
Spindrift, ce n'était pas ce que je croyais, nous a servis du surf-métal tex-mex en reprenant "Ghostriders in the sky". Le chanteur sifflote bien. Très bien pour danser une petite bourrée. Il y a de l'écho. Le batteur a l’œil pour mater les arcs-en-ciel. C'était fort drôle et fort déconcertant, mais pas forcément du goût de tout le monde (spa, John?)
-Il me semble avoir entendu un bout de
Christian Bland, je crois que ce n'était nullement contrariant, et même écoutable, mais alors là, aucun souvenir.
-
Orval Carlos Sibelius a lancé la veine pop zarbe Iamthewalruso-barretienne, nous rappelant par là fort opportunément qu'on n'entend pas assez de trombone dans les concerts. Son léché et beau, bonnes compos, étrangeté doucement planante, tout ça est bien prenant. Et pourtant, croyez-moi, ça a fait drôle au Baron de se trouver dans un concert de pop, ça être dépaysant un max. Gardant souvenir des contestations dont le disque avait fait l'objet, je n'ai pas repéré de faiblesse particulière dans le set, ni d'ailleurs identifié le morceau "Superforma" machin... Il faut dire cependant qu'il fait un peu peur, Orval, malgré son prénom de binouze: physiquement, une sorte de Franz Ferdinand qui contreferait les mimiques d'un Charles Trenet sous exta. Sans doute intentionnel, mais dérangeant.
-Et puis il y a eu
Kadavar et ses pilosités, le concert a commencé sur des chapeaux de roues, très fort, plus vite qu'au Hellfest, et ils ont joué "Doomsday Machine", et là ça a été pas mal de violence et de tourné-boulé, et c'est qu'ils n'ont pas arrêté les sagouins, et c'est que les autres dans la fosse non plus, et du coup on s'est dit que le rock'n'roll c'était bien. ÉNORME! La grosse chose de la soirée, sûr. On a ramassé nos morceaux et nos bouts de pieds ou de bras qui étaient tombés par terre, et on est sortis à l'air, anéantis et heureux.
-De
Zombie Zombie, nous avons assisté à trente larges secondes. Deux types à l'avant de la scène tapotaient sur des Macs, ou des batteries électroniques, je ne sais plus quoi. Derrière eux, un saxophoniste encadré par six synthés décoratifs les uns au-dessus des autres, se livrait à des activités incertaines. On les a ainsi laissés à leurs occupations idiosyncrasiques.
-Quant à
Woods... eh bien, c'est joli, certes, mes amis, et c'est respectable éminemment, mais c'est un peu chiant. Le long morceau posté ci-dessus par Eric joué au début étincelle à merveille, mais ensuite on enfile pendant des heures de mignonnes perles harmonieuses acoustiques. Fort bien, mais avec un filet de voix haut perchée linéaire, pas désagréable en soi, dangereusement inrock-compatible, tout ça est quelque peu longuet, et ne nous a pas empêchés d'aller nous coucher.
Au dodo avant
La Femme? Scandale.
La suite au prochain épisode.