THE FUCK KNIGHTS + SUDDEN DEATH OF STARS ¤ 7/11 ¤ La Mécanique Ondulatoire

C'était un très bon concert ! Je publie ici un compte-rendu fort humble,
qui devrait bientôt paraître dans la Revue Française des Études de Garage Punk Moderne (fondée par Gabriel Mellotron en 1874).


Les Sudden Death of Stars ont fait un excellent concert, plein
d'harmonie, de maitrise et de gracieuses références - on a entendu
Spacemen 3, Byrds, Pretty Things, Velvet Undeground -, alternant entre
un psychédélisme voluptueux et néanmoins énergique et des morceaux pop
très bien balancés. Tous les musiciens étaient au poil, même Antoine
Spadassin, dépêché illico à la basse, et un sitariste plein de bontés a
enchanté le public, déjà bien enchanté par ailleurs ; plusieurs
personnes n'ayant pas hésité à ramener des tapis indiens pour
s'agenouiller au premier rang, l'ambiance était solidement cadrée ; à la
fin du set, certains se sont même mis à pleurer sans retenue,
visiblement ivres de bonheur. On doit cependant rapporter, dans notre
souci d'objectivité absolue, que messieurs les frontmen ne suggéraient
guère le même enthousiasme que leur musique - "euh... bon... allez... on
va en faire une dernière..." marmonne-t-on au public, qui s'effondre en
spasmes incantatoires, psalmodiant des prières secrètes pour faire se
prolonger le concert.


The Fuck Knights sont a peu près à l'opposée, visiblement abreuvée par
une surabondance de vie. D'abord abasourdi par le grondement des
cuivres, la salle entre vite en communion avec les gesticulations
apostoliques du groupe ; les sinistres perspectives de punk-fusion-jazz
laissent place à une espèce de Fun House joué frénétiquement. Les
basses, trop fortes, font rigolamment tanguer la scène de la méca...
C'est un véritable tapage ! Et bientôt Gommardesquede...! Le niveau
éthylique général atteint des proportions admirables. Les musiciens
échangent leurs instruments¹. Le groupe se lance dans une
session continue de reprises rigoureusement sélectionnées (Dirty Water,
Susie-Q, Gloria, TV Eye...) et le public envahit un par un la scène.
L'on voit certains membres de ce forum, parmi les plus illustres (et que
les naïfs ont pu un jour imaginer comme de sobres notables de la Pop),
s'adonner aux danses absolues inédites devant la public qui se piétinent
dans la joie. Une succession de "stage-diving", tous ratés, colore le
sol de sang. Le concert s'achève dans le bousculement le plus complet,
plusieurs personnes se battant pour l'accès aux marchands de vinyles.


C'est donc, on le comprendra, bien échaudé que le public ressort de la
salle. Et nous assistons alors à une scène peu commune... Un
attroupement de "Pierrots de la nuit" et de "voisins mécontents", en
tout une petite dizaine, se pressent autour du public... C'est
incroyable ! Voilà que la populace juridisante sort en même temps que
leurs doux médiateurs ! Ils glapissent insolemment...! Mais leurs cris
méchants se taisent rapidement ; certains, déjà commencent à les
asperger de bières, de nombreux jets de kebab sont enregistrés ; puis,
ils sont bousculés, saisis, emportés par la foule ! disséminés, écartés !
Des bandes éparses les emmènent, les trainent dans les boulevards, et
leurs hurlements d'épouvante se perdent dans la nuit...


Les derniers membres du publics devisent encore quelques temps - les
conversations, semble-t-il, portent sur la polysémie du verbe
"connaître" - avant de se disperser avec fureur.


1 - Sans le vouloir, le nouveau bassiste balance un coup de manche dans la
tête du batteur, qui tente aussitôt de riposter avec ses baguettes,
heureusement le chanteur anciennement guitariste parvient à maitriser la
situation, dans ce qui nous semble un exemple typique de régulation de
la violence par l'échange symbolique de boissons