VDGG - la solitude du gardien de phare

A cette heure sombre de la nuit, il ne me reste plus qu’à poser mon casque sur ma tête pour écouter religieusement ce disque. Il est des œuvres qui ne supportent que le lourd silence de l’après-crépuscule sous le regard bienveillant des étoiles. Du fond de la pièce, un arpège délicat de guitare sèche enrobé de flûte soyeuse se noie dans le grondement d’un vent brûlant. Et c’est comme si j’entrais dans un univers parallèle, au centre d’un désert tout d’abord aride mais peu à peu recouvert de marécages luxuriants au milieu desquels j’enfonce jusqu’à mi jambes. Sur un plateau aride, je ne sais plus trop quel sentier emprunter tellement ils sont nombreux ! Certains me paraissent vaguement menaçants, alors je me fie à mon instinct! Me retournant alors après quelques pas hésitants, une vallée s’étend à mon regard ébahi, éclairée d’une lune clignotante et gibbeuse, je perçois le cliquetis des armes d’une armée noire et arachnéenne. Il ne m’est pas possible de rebrousser chemin. Trébuchant je tombe sur les rails luisants d'une voie ferrée abandonnée ceinturée par l'ivraie d'une végétation sauvage et hostile. Une plaintive mélopée à la résonance curieusement métallique me clôt les yeux. Lorsque je les rouvre m’apparaît un océan violet et épileptique puis entre deux vagues monstrueuses et rugissantes, surgit comme un rostre un phare tout blanc! Puis cette clameur qui monte alors des Tréfonds, de plus en plus forte qui vrille mes tympans et m’arrache des sanglots de rage et de délivrance. Un piano mêlé à l’orgue sépulcral pose un point final à mon voyage et je ressurgis dans la réalité,tremblant, le visage couvert de larmes.